Diable

Le diable est l'esprit ou le principe du mal selon les religions abrahamiques. Dans la tradition chrétienne, c'est un ange déchu.



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Démon de la Bible - Satanisme - Religion

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Représentation du diable selon Dante Alighieri

Le diable (latin : diabolus, du grec Διάβολος signifiant "jeté à travers" ou "expulsé") est l'esprit ou le principe du mal selon les religions abrahamiques. Dans la tradition chrétienne, c'est un ange déchu. Au contraire de une croyance populaire, provenant surtout du manichéisme, il n'est pas l'opposé de Dieu, comme le dit Priscillien, car comme ange, il est et reste une des créatures de Dieu. Il représente la personnification du mal, personnification qui apparaît au VIe siècle av. J. -C. . Son aspect fluctue entre l'homme et l'animal réel ou imaginaire (ours[1], bouc, dragon, rapace, etc. ), le plus fréquemment aux traits hideux et repoussants.

Étymologie

Le mot diable provient du grec ancien διάβολος (diábolos) (issu du verbe διαβάλλω «diabállô») qui veut dire «calomniateur».

Personnification du principe du bien

Il semble que la notion de division de puissance en une force du bien et une du mal soit assez récente dans l'histoire des croyances. Dans les cultes plus primitifs, le bien et le mal sont tous deux issus de la même déité, puisque celle-ci était reconnue comme contenant tout ce qui existe. La même déité était par conséquent à la fois capable de bien et de mal. Un exemple en est donné par la déesse à tête de lionne de l'Égypte antique Sekhmet qui détruisit l'humanité (sur ordre de ) mais était aussi vénérée pour son pouvoir de protection et de meurtre, ou encore Seth qui usurpa le trône à Osiris mais qui permettait aussi au soleil de se lever chaque matin en combattant Apophis. On peut aussi citer Loki, dieu scandinave qui tua vicieusement Balder, mais qui sauva le domaine des dieux Æsirs de la géante Skadi.

Dans les monothéismes primitifs, chaque clan ou tribu possédait son dieu avec tous ces attributs, cause du bien et du mal qui arrive aux hommes. Le polythéisme est reconnu, dans cette argumentation, comme un rapprochement des divers clans, chacun possédant sa propre divinité. L'union du dieu mâle et d'un die femelle reflète l'union réussie et égalitaire de deux clans. Quand qu'au cours du rapprochement de deux clans une divinité en remplace une autre pacifiquement, elle est alors décrite comme ayant été génèrée par l'ancien dieu : elle est le fils ou la fille de ce dieu alors déchu et dont le culte devient secondaire.
Enfin, et c'est là que l'origine du principe du mal personnifié pourrait résider, quand un clan est belliqueusement conquis, la déité du clan se voit attribuer l'ensemble des principes mauvais et était reconnue par les conquérants comme la source de tout le mal et , donc, devenait source de peur et de joie. Un exemple de cette théorie est donné par l'évolution du culte de Seth (Setekh) dans l'Égrecque antique au profit de celui d'Horus. Pour les peuples de Basse Égypte, Seth était un dieu malfaisant, rôle occupé par Horus (et Osiris) en Haute Égypte. Lors de l'unification de la haute et de la basse Égypte, Horus et Seth devinrent, tout d'abord, frères, et furent vénérés comme un dieu bifide Hâpy, puis, le temps aidant, Seth fut reconnu comme inférieur à Horus pour finalement personnifier la source de tout mal, le Satan de l'ancienne Égypte. Seth fut souvent représenté comme un serpent noir, un porc noir ou encore par un homme aux cheveux roux (les mots rouges et désert - la haute Égypte où Seth était vénéré est désertique - sont particulièrement proches l'un de l'autre en hiéroglyphique égyptien).

Origines

Azazel

La plupart des religions précédant le christianisme intègrent un ou plusieurs dieux incarnant le mal. Au contraire de la vision chrétienne cependant, ces divinités ont le plus souvent un double visage et parallèlement à leur dimension malveillante, sont l'objet d'un culte pour leurs aspects positifs. Elles ne sont en outre souvent la cause que d'une des facettes du mal et de ses manifestations.

L'existence d'une entité représentant la personnification du mal sous tous ses aspects et combinant les fonctions de maître de l'inframonde, destructeur du cosmos et responsable des pires aspects de l'humanité semble être apparue avec le christianisme. L'élaboration de cette figure originale emprunte néanmoins aux religions pratiquées au Moyen-Orient ainsi qu'aux influences desquelles les auteurs de la Bible furent soumis.

Mésopotamie

La religion mésopotamienne est l'une des premières à représenter l'univers comme le champ de bataille de l'affrontement cosmique entre le bien et le mal. L'épopée de Gilgamesh, le plus ancien texte connu, marque déjà la première apparition d'un personnage diabolique dans la figure de Huwawa. Ce géant monstrueux garde la forêt de cèdres dans laquelle Gilgamesh veut couper le bois qui manque à son peuple. Gilgamesh occit le monstre mais n'en retire aucune gloire et se voit au contraire puni par Enlil, seigneur du ciel et roi des dieux. Huwawa au-delà de ses aspects terrifiants («son rugissement est comme celui d'une tempête, sa bouche est le feu et son souffle est la mort») représente en effet une force naturelle au caractère sacré.

Perse

Égypte

Anubis, le seigneur de la nécropole

Le panthéon égyptien apporte deux divinités dont la contribution à ce qui va devenir le diable est significative. D'une part Anubis, qui règne sur le royaume des morts et porte des attributs qu'on retrouvera chez le démon chrétien : le caractère mi-homme, mi-bête ou la queue. D'autre part, Seth, dont l'une des formes est un serpent et qui pourrait avoir donné sa couleur rouge à Satan. On peut aussi considérer que cette même forme de Seth a été reprise par le christianisme pour en faire le serpent qui a tenté Eve et l'a conduite vers le péché.

Canaan

Le personnage de la religion cananéenne qui influencera le plus le démon chrétien est sans conteste Baal, dieu de la fertilité et fils du dieu El. La vision péjorative et négative que la Bible offre de Baal est certainement le reflet de l'opinion des juifs sur ce dieu d'une religion païenne mais il semble que pour ses adorateurs, Baal ait eu la dimension d'un sauveur dans son combat contre Mot, dieu de la mort et de la stérilité.

Grèce

Si la Grèce antique est le berceau de la raison, les philosophes grecs ont cependant eu une influence particulièrement relative sur la vision anthropomorphique que leurs contemporains, dans l'ensemble des strates de la société, avaient des dieux et expliquaient toujours par des travers particulièrement humains les vicissitudes de leur existence.

Haut-relief du dieu Pan (certainement un télamon), connu sous le nom de «satyre della Valle», découverte près du théâtre de Pompée, certainement de la fin de l'époque hellénistique

La mythologie grecque a profondément marqué la représentation du démon du Nouveau Testament, surtout à travers Hermès (le messager des dieux est en effet aussi le dieu des voleurs et celui qui mène les morts dans l'inframonde) mais en particulier son fils, Pan. Ce dernier transmettra en effet au diable cinq de ses traits de caractère les plus reconnaissables : les sabots, les cornes, le bouc, les pattes velues et l'odeur pestilentielle. Satan héritera en outre de sa dimension de personnification de l'érotisme. Surtout, sous l'influence d'Augustin d'Hippone qui voit dans la recherche effrénée de l'érotisme un obstacle à la vie de l'âme, les artistes se tourneront vers Pan comme source d'inspiration pour la représentation d'un démon qui en faisant paraître les séductions terrestres comme des absolus, détourne de la vie spirituelle.

Si la distinction entre le bien et le mal est quelquefois diffuse, de nombreuses déités présentant deux facettes, l'une bienveillante et l'autre malveillante, Hésiode affirme néanmoins que les mauvaises actions sont punies par les dieux qui confient aux Érinyes la tâche de tourmenter ceux qui vont contre les lois du cosmos. C'est avec Platon qu'apparaît une distinction plus claire entre l'aspiration au monde des idées et la tentation de céder aux besoins matériels (une opposition inspirée surtout par le combat de Zeus et Dionysos contre les Titans).

Rome

Apparition dans la Torah

Le dieu des Juifs est d'essence moniste, tout autant adoré pour sa bonté que redouté pour sa colère ; il est omnipotent et semble ne laisser aucune place à la concurrence. À l'opposé des croyances de leurs voisins, le peuple d'Israël ne cherche pas à imputer à des déités externes les événements qu'il ne peut comprendre mais considère plutôt qu'il est le responsable de son propre destin. Tout ce qui survient de mal est la conséquence de ses errances et du non respect de son alliance avec Yahvé qui le punit en conséquence. Je forme la lumière et je crée les ténèbres, je fais le bonheur et je crée le malheur : c'est moi, le Seigneur, qui fais tout cela :Es 45.7 Cette vision, si elle semble correspondre à la mentalité d'un peuple tribal en guerre perpétuelle pour conquérir un territoire semble moins pertinente après que les Juifs aient vaincus leurs adversaires et commencé à se sédentariser. Les questions d'organisation sociale et de morale émergent alors et les livres des prophètes, rédigés à cette époque, font apparaître une préoccupation privilégiée pour les questions du bien et du mal. En marge de la théologie officielle, les croyances populaires subsistent et sont évoquées à de nombreuses reprises dans le deutéronome[2]. Reproduisant des schémas déjà existant dans d'autres religions, une cour céleste commence à voir le jour, peuplée de messagers/serviteurs qui endosseront la responsabilité des calamités qui aurait autrement échu à Yahweh. Le monisme de principe est respecté mais on s'oriente de plus en plus vers un dualisme de facto. Si ces anges (malak Yahweh) ont originellement un rôle neutre et peuvent même apparaître comme la manifestation du dieu sous une forme visible par l'homme, ils prennent progressivement leur indépendance.

Le Psaume 82, préfigurant la descente aux enfers de Satan, indique : Dieu s'est dressé dans l'assemblée divine, au milieu des dieux, il juge : [... ]Je le déclare, vous êtes des dieux, vous êtes tous des fils du Très-Haut, néenmoins vous mourrez comme les hommes, vous tomberez tout comme les princes.

Le livre de Job

La notion d'assemblée divine connaît un développement spécifique suite à l'exil et la réduction en esclavage à Babylone au VIe siècle av. J. -C. . Cette épreuve amène les Juifs à s'interroger sur leur statut de peuple élu. Certains aménagements semblent nécessaires pour que le dogme puisse répondre à l'incompréhension des Juifs qui peinent à accepter leurs propres péchés comme seule justification des fléaux qui s'abattent sur eux. Les auteurs bibliques sont par conséquent amenés à élaborer une théodicée dont on retrouve la trace essentiellement dans le Livre de Job. Ce passage marque en effet la première apparition explicite de Satan.

Littéralement «adversaire» ou quelqu'un qui s'oppose, le personnage apparaît plusieurs fois dans l'Ancien Testament et peut-être traduit de différentes manières selon le contexte ; le Livre de Job est néanmoins la première apparition nominative, explicite (on ne parle plus de "serpent" par exemple) de ce dernier. Il y a apparaît comme un tourmenteur de l'humanité, personnifiée pour l'occasion par Job, un tourmenteur que Dieu ne laisse agir que dans les limites de ce que l'humanité peut supporter et pour rendre volontaire son choix de Dieu. En effet, Satan, soutient à Yavhé que la fidélité de Job n'est que le résultat des bontés qui lui ont été accordées et que si sa foi était mise à l'épreuve, sa loyauté ne durerait pas. Satan se voit par conséquent accorder par Dieu la liberté de faire le mal dans l'unique but de tester la sincérité de la foi de Job.

Alors le Seigneur dit à l'Adversaire : «Soit! Il est en ton pouvoir ; respecte uniquement sa vie» :Jb2.6 La majeure partie du texte du Livre de Job est constitué par le dialogue avec ses quatre amis au cours duquel Job exprime la détresse de l'humanité face à une adversité qu'elle ne parvient pas à s'expliquer. Cependant, malgré l'ensemble des épreuves, Job ne renie pas son dieu : Sorti nu du ventre de ma mère, nu j'y retournerai. Le Seigneur a donné, le Seigneur a enlevé : Que le nom du Seigneur soit béni : Jb 1.21

Ce texte est essentiel dans la compréhension du personnage de Satan dans la tradition judéo-chrétienne. Si ce dernier n'a pas le statut d'égal de Dieu, il y est nominativement mis en scène avec une autonomie qui sera ensuite reprise et développée par la littérature apocryphe. Le Livre d'Hénoch surtout décrit la corruption des anges gardiens, séduits par les «filles de la terre»[3]. Cette littérature établit par conséquent un lien entre le démon et la sexualité, ainsi qu'avec les femmes qui sera beaucoup repris et augmenté au moyen-âge, quoique ces passages ne soient pas inclus dans le canon de l'Ancien Testament.

Le diable et la chrétienté

Détail d'un vitrail de la Sainte Chapelle

Le diable assume particulièrement rapidement une fonction qui dépasse le cadre théologique pour prendre une dimension politique. Les premières communautés chrétiennes doivent en effet lutter pour survivre ainsi qu'à l'instar du pouvoir romain qui leur prête les mœurs les plus choquantes, elles sont particulièrement tôt amenées à utiliser la figure du démon pour discréditer leurs adversaires. Le processus de diabolisation naît par conséquent presque avec le christianisme. L'Empire romain, premier persécuteur est par conséquent naturellement le premier à se voir qualifier de légion du démon. La pratique se généralise progressivement pour s'étendre au sein même de l'Église à tous ceux dont la vision ne coïncide pas avec celle qu'on souhaite promouvoir. Tandis que le canon de la Bible n'est pas encore fixé et que les apôtres et leurs successeurs débattent toujours de la nature de l'enseignement du christ, l'accusation d'hérésie est fréquente et sous-entend une inspiration démoniaque ; les errements des autres chrétiens ne pouvant s'expliquer que par l'intervention du «prince des menteurs». Ainsi les gnostiques, puis les bogomils et les cathares seront accusés de pratiquer des rites sataniques. Ces trois courants proposent une vision dualiste du christianisme dans laquelle le diable occupe une position clef dans la mesure où il est reconnu comme le créateur et le maître du monde matériel dans lequel l'humanité se débat.

Tête de diable sculptée (abbaye de Sénanque)

Le personnage du diable devient par conséquent rapidement un ciment de la chrétienté et une figure familière des croyants. Sa nature et ses pouvoirs sont toujours cependant mal définis et si les théologiens débattent de ces questions, la masse des croyants conserve une vision particulièrement naïve du démon. Le Malin est le plus souvent vu comme une figure humaine dégénérée plus que comme un monstre surnaturel, et les contes populaires qui le mettent en scène font de lui un adversaire sans grand pouvoirs et facilement trompé. Ses représentations sont d'ailleurs quasi inexistantes avant le VIe siècle et ne deviennent vraiment courantes et accessibles qu'avec les églises romanes dont la statuaire et les vitraux donnent corps au démon.

Tandis que la chrétienté cherche à s'étendre au-delà des frontières de l'ancien empire romain et est confrontée à de nombreuses et diverses croyances païennes, l'assimilation des divinités locales malfaisantes au diable sert à rendre la foi chrétienne compréhensible et acceptable. La notion de terrible puissance malveillante est plus aisée à comprendre que celle de péché originel, qui n'est que sa conséquence et qui est aussi retenue par les théologiens.

Plus tard, tandis que l'Islam prend de l'ampleur et couvre jusqu'en Europe, la menace prend naturellement les traits du démon. Les préparatifs de ces expéditions donnent lieu d'autre part à des persécutions populaires contre les Juifs (diabolisés par la vindicte populaire car ils refusent de payer l'impôt levé particulièrement pour la Croisade) ce qui suscite les protestations du Pape. [4]

Pentagramme extrait de La Clef de la Magie Noire de Stanislas de Guaita (1897).

Le Nouveau Testament et l'avènement du Prince des Ténèbres

L'illustration du Codex Gigas (XIIIe siècle) qui lui vaut le surnom de «bible du démon».

À l'époque de la rédaction du Nouveau Testament, le canon de la Bible n'est pas fixé et la littérature apocryphe est beaucoup répandue. Il n'est par conséquent pas surprenant qu'on retrouve une influence de celle-ci dans les Évangiles et on considère généralement que ces écrits forment une passerelle entre la vision du diable tel qu'il est présenté dans l'Ancien Testament et celle qui se dessine dans les premiers textes chrétiens. Une autre influence prépondérante est celle de Platon dont la distinction entre le corps (associé à la tentation, au péché et par conséquent au démon) et l'esprit (l'âme, à l'origine de la vertu salvatrice) forme l'une des caractéristiques différentives les plus marquantes de la vision du bien et du mal dans les Évangiles.

Les apôtres semblent en outre convaincus de l'imminence de l'avènement du Royaume de Dieu et placent par conséquent un accent spécifique sur la purification de l'âme dans cette perspective. Surtout pour Paul, Satan apparaît dans ce contexte comme l'adversaire de l'humanité au sens de l'Ancien Testament, une approche qu'on retrouve en particulier dans ses épîtres :

«Pour nous, frères, après avoir été quelque temps scindés de vous, de corps mais non de cœur, nous avons eu d'autant plus ardemment le vif désir de vous voir.
Aussi voulions-nous aller vers vous, du moins moi Paul, une et même deux fois; mais Satan nous en a empêchés.»

 :Paul Thessaloniciens 2.17-18

Les évangiles synoptiques, dont les historiens estiment qu'ils furent écrits plus tardivement, font quant à eux une place prédominante à l'affrontement entre Jésus et le démon. Des premières confrontations dans le désert jusqu'à la bataille finale sur le mont Calvaire, ils se présentent comme le récit d'une bataille entre le bien et le mal, positionnés par conséquent presque sur un pied d'égalité. Jésus mène bataille pour le bien en exorcisant le démon, illustrant ainsi une représentation du monde terrestre aux mains de forces démoniaques responsables de tout le mal. C'est certainement dans Jean que ce dualisme est le plus marqué.

«Vous avez pour père le diable, et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement, et il ne se tient pas dans la vérité, parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Quand il profère le mensonge, il parle de son propre fonds; car il est menteur et le père du mensonge.»

 :Jean 8.44

Le Nouveau Testament entretient cependant l'ambiguïté à propos de l'origine du mal, les propos de Jésus faisant régulièrement état du libre arbitre de l'homme qui doit prouver sa vertu en choisissant de renoncer au péché pour gagner sa place au paradis.

Apocalypse

Saint Augustin et le diable, Michæl Pacher (env. 1471)

Le livre des révélations, aussi attribué à Jean expose la vision la plus saisissante du diable, et on y trouve l'unique récit d'un affrontement cosmique de la Bible (chapitre 12). Le démon y prend l'aspect du monstre le plus effrayant :

«Un autre signe parut toujours dans le ciel; et voici, c'était un grand dragon rouge, ayant sept têtes et dix cornes, et sur ses têtes sept diadèmes. Sa queue entraînait le tiers des étoiles du ciel, et les jetait sur la terre.»
Apocalypse 12.3

Le récit se poursuit avec le combat entre le diable et ses démons d'une part et les anges commandés par Michel d'autre part. Chose unique dans le Nouveau Testament, concentrant d'autre part son attention sur l'aspect tentateur du démon et son rôle de corrupteur de la nature humaine, le monstre de l'apocalypse est responsable des catastrophes naturelles, à l'instar des déités pré-judaïques. La bête est vaincue, enchaînée en enfer pour mille ans :

«Il saisit le dragon, le serpent ancien, qui est le diable et Satan, et il le lia pour mille ans.

Il le jeta dans l'abîme, ferma et scella l'entrée au-dessus de lui, afin qu'il ne séduisît plus les nations, jusqu'à ce que les mille ans fussent accomplis. Après cela, il faut qu'il soit délié pour légèrement de temps.
[... ]Lorsque les mille ans seront accomplis, Satan sera relâché de sa prison.
Et il sortira pour séduire les nations qui sont aux quatre coins de la terre[…]

Et le diable, qui les séduisait, fut jeté dans l'étang de feu et de soufre, où sont la bête et le faux prophète. Et ils seront tourmentés jour et nuit, aux siècles des siècles.»
Apocalypse 20.2-10

Vision moderne

Affiche de propagande diabolisant Trotski

L'Église catholique contemporaine et le diable

Le diable et l'opinion publique

Le diable et la psychanalyse

Au début du XXe siècle, Sigmund Freud apporte un nouvel éclairage à la figure du diable et tente la première approche scientifique des cas de "possession". En étudiant dans Une névrose démoniaque au XVIIe siècle un cas de supposée possession démoniaque en pleine chasse aux sorcières, il suggère que les accusations portées expriment en fait le refoulement des pulsions sexuelles que la morale de l'époque réprouve spécifiquement. Freud a dit : "Le diable n'est pas autre chose que l'incarnation des pulsions anales érotiques refoulées"

Cette interprétation s'inscrit dans le cadre de la théorie qu'il développe selon laquelle les névroses trouvent leur origine dans des désirs sexuels inassouvis.

Selon Freud, le diable représente en fait une figure patriarcale et incarne la peur et la défiance vis-à-vis du père, alors que Dieu en représente l'affection et l'influence protectrice.

«Il y a là un processus psychique qui nous est bien connu, la décomposition d'une représentation impliquant opposition et ambivalence en deux contraires violemment contrastés (…). Le père serait donc le modèle primitif et individuel autant de Dieu que du Diable»

Dans ce cadre, la religion est vue comme une création psychique permettant à l'individu d'accepter le monde qui l'entoure mais aussi sa propre condition mortelle. Le démon est intégré à l'individu comme faisant partie de son inconscient, luttant à son insu contre sa propre volonté.

Jung conteste cette conception en affirmant la consubstantialité du bien et du mal, aussi indissociables que la lumière et l'ombre. Dieu et le diable ne se diminuent par conséquent pas à des métaphores mais forment des mythes.

Visions théologiques

D'un point de vue théologique, le diable est reconnu comme un ange révolté contre Dieu, déchu et précipité en enfer (sur terre), qui pousse les humains à faire le mal. Si certaines traditions considèrent que le mal vient aussi de Dieu, et que le diable n'est qu'un de ses aspects ou de ses agents, la majorité lui donnent une dimension autonome. Dans ce cas, selon certains, Dieu laisse dans une certaine mesure le champ libre au diable, tout en conservant la possibilité de le réenchaîner, tandis que pour les Manichéens la lutte entre ces deux forces ne peut être arbitrée que par l'Homme.

La tradition judéo-chrétienne

La tradition judéo-chrétienne le présente comme la personne du mal, une personne vivante et non un symbole ou un principe. Esprit, on ne décrit pas son corps mais on parle abondamment de ce qui le caractérise : il est celui qui s'oppose à Dieu pour toujours.

Pour les Judéo-chrétiens, Dieu est Amour, Justice, le Chemin, la Vérité et la Vie. Le Diable est par conséquent nommé le "Séducteur", "le Malin", "le Menteur", car étant opposé à la Vérité, à la Lumière (Dieu) il ne peut attirer à lui que par des manœuvres, des tromperies. On l'appelle aussi "l'Homicide", car il s'oppose à la Vie (Jésus) ; "le Diviseur" car seul l'Amour peut unir : de même que l'ombre est l'absence de lumière, le mal n'est que l'absence de bien. On ne peut construire sur le mensonge et le Diable sera par conséquent vaincu à la fin des temps.

La tradition judéo-chrétienne fait de Satan une créature de Dieu qui a refusé d'entrer dans la Lumière mais a au contraire voulu ériger son existence à part, comme l'égal de Dieu. Ce faisant, il s'est coupé de Dieu c'est-à-dire de tout Amour, Justice, Chemin, Vérité et Vie. Le Diable étant un esprit, son intelligence est particulièrement élevée et son péché est par conséquent inexcusable car il savait ce qu'il faisait contrairement aux humains qui sont trompés, aveuglés par lui.

La tradition musulmane

Dans la tradition musulmane, le diable est nommé «Šayṭān» (arabe : ?????) dont le nom propre est Iblis. Quand Allah (Dieu) créa le premier homme appelé «Adam», Il demanda à l'ensemble des anges de se prosterner devant lui, mais Iblis (Satan) qui était un djinn proche de Dieu [5] refusa [6], prétendant que lui qui a été créé de feu ne se prosternerait pas devant un être créé d'argile. [7] Il s'est par conséquent enflé d'orgueil et c'est ainsi de par son arrogance et le refus d'obéir à Dieu qu'il fut maudit. Iblis, dans son orgueil demanda alors à Dieu par défiance de lui accorder un délai (le laisser vivre jusqu'à la fin du monde) pour égarer les hommes (qu'il hait) du droit chemin. Allah lui accorda ce délai, pour contribuer lui aussi à l'égarement des hommes. [8]

Sourate VII versets 12-15 [9]

«12 - Dieu dit :

«Qu'est-ce qui t'empêche de te prosterner,
quand je te l'ordonne ?»

Il dit :
«Je suis meilleur que lui.
Tu m'as créé de feu
et tu l'as créé d'argile»

13 - «Descends d'ici !
Tu n'as pas à te montrer orgueilleux en ce lieu.
Sors !
Tu es au nombre de ceux qui sont méprisés !»

14 - Il dit :
«Accorde-moi un délai
jusqu'au Jour où ils seront ressuscités».

15 - Dieu dit :

«Oui, ce délai t'est accordé».»


Adam et sa femme furent positionnés au paradis ; Allah leur accorda de jouir de tout ce qui s'y trouvait, seul un arbre leur était défendu. Iblis les induisit en erreur, en leur faisant croire qu'Allah leur interdisait l'arbre en question car manger de ce dernier les transformerait en anges (créatures de lumière). Le couple céda à la tentation et Allah les fit descendre sur Terre. [10]

Dans la religion islamique, précisément comme dans le christianisme et le judaïsme, la responsabilité de la chute n'est pas attribuée à Ève seule. Il est simplement dit que le Démon les tenta. [11]

Lorsque le mot «satan» est utilisé comme nom propre, il s'agit du chef des démons, Iblis. Iblis fait partie des jinns, créatures de feu qui ont, comme les hommes en islam, le libre-arbitre. Tandis que les anges sont des créatures de l'ordre de la lumière, les djinns seraient des créatures de l'ordre du feu antérieures à la création d'Adam.

«Sourate XV-27 : Quant aux Djinns,

nous les avions créés, jusque là,

du feu de la fournaise ardente.»

Iblis s'est enflé d'orgueil et il déteste les humains. Il a des enfants (des djinns) qui sont des démons à son service, ils ne peuvent vivre tout autant que lui. Iblis et ses acolytes n'ont de cesse d'égarer les hommes depuis la nuit des temps par l'ensemble des moyens imaginables ; Iblis circonvient les humains en leur présentant le Mal sous des apparences trompeuses, il les jette dans l'aberration et suscite l'ensemble des formes de mécréances. [12]

Autres traditions

Aspect et noms

La représentation la plus classique est celle d'un personnage rouge (vert dans l'iconographie plus ancienne) associé aux flammes, avec une tête humaine et des cornes, un trident, des membres inférieurs d'un bouc et une longue queue. On le retrouve aussi sous plusieurs noms :

On utilise aussi l'interjection «Diantre !», euphémisme de diable.

Représentation dans les arts

Notes et références

  1. L'Ours. Histoire d'un roi déchu, Michel Pastoureau, Éditions du Seuil, janvier 2007 – ISBN 978-2-02-021542-8. [réf.  incomplète]
  2. le serpent (Genese), Belial (Samuel), Azazel (Lévitique)
  3. c'est la version présentée dans le texte éthiopien, un autre texte plus récent nommé le livre d'Hénoch slave, présente l'ambition de défier Dieu en se plaçant sur un pied d'égalité comme l'origine de la chute de Lucifer
  4. Johannes Œsterreicher, Racisme, antisémitisme, antichritianisme, Cerf, 1940, p 61-62 "Nous avons entendu parler de la situation déplorable des Juifs contre lesquels quelques princes spirituels et temporels et d'autres seigneurs puissants en vos pays et évêchés imaginent toutes sortes de prétextes, pour les attaquer, de les piller et de les dépouiller de leurs biens d'une manière injuste. Bien que l'Ecriture Sainte leur dise :"Tu ne tueras pas" et leur interdise de toucher au cours de la Pâque à quelque chose de mort, on leur impute le crime de communier, ce jour-là, avec le cœur d'un enfant tué, et on fait comme si la loi le leur prescrivait, tandis que cet acte serait clairement contraire à la Loi... Se prévalant de cette intervention mais aussi largement d'autres, on les assaille et on les dépouille de tous leurs biens, sans accusation, sans aveu et sans preuve, au contraire de la justice, on les jette dans les geôles, on les opprime, et on condamne énormément d'entre eux à une mort honteuse, de sorte que sous ces princes et seigneurs, ils se trouvent dans une situation pire que leurs ancêtres sous les Pharaons d'Egypte, et qu'ils sont contraints à quitter les villes et les lieux où leurs pères habitaient déjà depuis des temps immémoriaux. Craignant ainsi leur destruction... ils se sont adressés au Saint-Siège... Et Nous ordonnons de rétablir l'état antérieur et de ne plus les importuner à l'avenir d'une façon ou d'une autre. "
  5. Louis Gardet, L'Islam - Religion et communauté, Éditions Desclée De Brouwer, 1970, page 89 à 93
  6. Sourates II-34, XX-116, XVII-61, etc.
  7. Sourate VII-12, 13
  8. Sourate VII versets 14, 15
  9. Le Coran, Sourate VII versets 12-15, Bibliothèque de la Pléiade - Éditions Gallimard, 1967
  10. Sourate II-36
  11. Sourate VII-20
  12. Sourate XV-26 à 40

Voir aussi

Liens externes

Bibliographie

Recherche sur Amazone (livres) :




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