Lucifer

Lucifer est un nom propre qui veut dire "Porteur de lumière". A l'origine, il fait partie des noms que les Romains donnaient à l'«étoile du matin», c'est à dire la planète Vénus.



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Définitions :

  • Pour les chrétiens, Lucifer était un grand ange qui se serait rebellé contre Dieu se considérant comme son égal et aurait été chassé du ... (source : pagesperso-orange)
Statue de Lucifer dans la cathédrale St-Paul de Liège

Lucifer est un nom propre qui veut dire "Porteur de lumière" (étymologie latine : Lux «lumière» – Fero «porter»). A l'origine, il fait partie des noms que les Romains donnaient à l'«étoile du matin», c'est à dire la planète Vénus (qui était nommée Vesper lorsqu'elle devenait «étoile du soir»). C'est aussi un personnage des mythologies romaine et grecque, dieu de lumière et de connaissance.

Dans la Vulgate, le nom Lucifer est utilisé pour traduire le «porteur de lumière» du Livre d'Isaïe, un roi de Babylone raillé pour sa volonté de s'élever au-dessus de sa condition d'homme et de dépasser Dieu. Associé à l'orgueil, le nom est progressivement devenu un des noms du Diable, que la tradition chrétienne ultérieure au Livre d'Hénoch présente comme un puissant archange déchu à l'origine des temps pour avoir défié Dieu et ayant entraîné les autres anges rebelles dans sa chute. Non mentionné dans le texte biblique, Lucifer est alors assimilé au Satan des Livres de Job et de Zacharie et au personnage que l'Apocalypse selon Saint Jean sert à désigner sous les noms de «Grand dragon» et d'«Antique serpent».

Dans le folklore occidental, le symbolisme associé à Lucifer est ambigu : c'est une figure prométhéenne, symbole du dépassement de soi, mais par la même d'un symbole du mal car contredisant l'idéal d'une soumission à Dieu.

Dans la mythologie romaine

Lucifer vient du latin lux, lucis : lumière, et ferre : porter.

Chez les Romains, le dieu Lucifer, Phosphoros chez les Grecs, personnifiait la connaissance, et sa représentation mêlait des attributs d'Hermès et d'Apollon.

Lucifer, celui qui apporte la clarté, les "lumières", la connaissance et la révolte, a une parenté avec le titan Prométhée, qui, dans la mythologie grecque, a désobéi à Zeus et donné le feu aux hommes.

William Smith's Smaller Classical Dictionary note que Lucifer (Latin) et Phosphoros (Grec) sont deux épithètes données à la planète Vénus dans l'Antiquité, parmi d'autres désignations comme Hesperus, Vesperugo, Vesper, Noctifer et Nocturnus lorsqu'elle apparaît dans le ciel du soir plutôt que celui du matin, elle introduit alors l'obscurité plutôt que la lumière du jour.

La planète Vénus est le troisième objet le plus brillant du ciel avec une magnitude apparente de -4, 6, après le Soleil (-26, 73) et la Lune (-12, 6). Comme Vénus est sur une orbite plus petite que celle de la Terre, elle ne semble jamais loin du soleil. D'où son nom d'étoile du matin lorsqu'elle précède de peu le lever du Soleil.

La Lune et Vénus au-dessus de l'observatoire du Paranal au Chili

Il apparaît surtout à la fin du deuxième chant de l'Énéide de Virgile comme porteur de l'aurore au lendemain de la chute de Troie :

«Iamque iugis summæ surgebat Lucifer Idæ ducebatque diem, Danaique obsessa tenebant limina portarum, nec spes opis ulla dabatur.»

«Déjà sur les crêtes du haut Ida se levait Lucifer, amenant le jour avec lui ; les Danæns tenaient assiégées les portes de la ville, et aucun espoir de secours ne restait.» [1].

Lucifer est aussi employé dans la mythologie romaine pour désigner plusieurs déesses de la lumière comme Artémis, Aurore et Hécate.

Origine et évolutions dans le christianisme

La chute de Lucifer, illustration de Gustave Doré pour Le Paradis perdu de John Milton

Le «Porteur de Lumière» apparaît seulement dans le Livre d'Isaïe (14.12) Il s'agit du roi de Babylone, dont on chante la complainte (Esaie 14.4)  : «Tu commenceras ce chant sur le roi de Babylone, et tu diras : Comment a fini le tyran, comment a fini l'oppression?»

HYLL vient de la racine HLL («briller»). Les auteurs Brown, Driver et Briggs, mais aussi Kœhler et Baumgartner le traduisent en shining one («celle qui brille»), qu'ils traduisent par «étoile du matin»[2].

Dans la Septante, on lit ὁ ἑωσφόρος ὁ πρωὶ ἀνατέλλων, qui veut dire «le porteur d'aurore, celui qui se lève le matin».

C'est saint Jérôme qui utilise le terme «Lucifer» pour traduire l'hébreu HYLL (HYLYL dans l'un des manuscrits de la mer Morte) dans la Vulgate

Ostervald traduit le passage ainsi (Esaie 14.12)  : «Comment es-tu tombé du ciel, astre brillant (Lucifer), fils de l'aurore ? Comment as-tu été abattu à terre, toi qui foulais les nations ?»

Le nom Lucifer a par conséquent comme origine une erreur d'interprétation du texte, on parle alors du roi de Babylone, puissance terrestre qui veut s'élever plus haut que Dieu. [3] et non pas d'un ange qui serait tombé du ciel[4].

D'ailleurs dans la Bible, Satan n'est jamais identifié à Lucifer et est consideré comme une entité différente.

Le Messie, une autre étoile du matin ?

Transposé dans la tradition du christianisme, Lucifer est le nom attribué dans les premiers temps du christianisme à Jésus[5].

Dans le Nouveau Testament, il y a une mention de φωσφόρος, «porteur de lumière», en 2 Pierre 1.19, qui a une consonance positive.

Dans l'Apocalypse 22.16, Jésus se décrit comme ὁ ἀστὴρ ὁ λαμπρὸς ὁ πρωϊνός, «l'étoile du matin».


On peut trouver un écho de cet usage dans l'Exultet, le chant liturgique par lequel l'Église catholique, durant la veillée pascale du Samedi saint, proclame l'irruption de la lumière dans les ténèbres, symbolisée par celle du cierge pascal qui vient d'être allumé :

Qu'il brûle toujours lorsque se lèvera l'astre du matin,

celui qui ne connaît pas de couchant,

le Christ ton Fils ressuscité qui, revenu des enfers,

répand sur les hommes sa lumière et sa paix.

Flammas eius lucifer matutinus inveniat :

ille, inquam, lucifer, qui nescit occasum,

Christus Filius tuus qui, regressus ab inferis,

humano generi serenus illuxit.


Comme le «lion», terme qui peut autant s'appliquer au Messie qu'à Satan, l'étoile du matin est une parabole qui peut s'appliquer différemment.

Dans le Coran, la sourate 86 Al Tariq parle aussi de l'étoile du matin, et pourrait évoquer le Messie[6], Al Tariq signifiant à la fois l'étoile du matin et celui qui vient dans la nuit[7].

Assimilation à Satan

C'est le livre d'Hénoch, apocryphe du IIe siècle, qui crée le mythe des anges déchus[8].

Ce n'est qu'au Moyen Âge que le nom de Lucifer désignera le plus grand et le plus brillant de l'ensemble des anges. Mais ce dernier, selon ce que rapporte la Bible au sujet de la chute des anges rebelles, fut poussé par son orgueil à se rebeller contre Dieu, car il voulait régner à la place de son créateur. Il devint alors, selon la tradition biblique : Satan, le «Tentateur», le «Menteur», le «Diviseur» (diable) ou encore l'«Adversaire»[9], roi des «démons» — qui sont les anges qui, avec lui, se sont révoltés et ont chuté — et ennemi de Dieu et de l'humanité.

Autres interprétations

Esotérisme

Il existe plusieurs visions métaphysiques de la figure de Lucifer (qui est le «porteur de la lumière», métaphoriquement «de la connaissance» et par conséquent «de l'hybris»)  : il peut être assimilé à Satan (qui est l'«adversaire», l'antithèse de Dieu) par certains tandis que d'autres l'en distinguent.

Pour les premiers en effet, Lucifer reste un être créé par Dieu et par conséquent ne peut en aucun cas être son opposé. Il ne peut par conséquent, dans cette optique, être assimilé à la figure de Satan. Il est alors plutôt opposé à Michaël, chef des anges fidèles à Dieu.

Pour quelques uns de ceux qui partagent cette vision, c'est par une mauvaise interprétation de Isaïe 14.12 que Lucifer a été relié a Satan. Ce passage de la Bible parle effectivement de la chute de Lucifer et d'un «adversaire», et deux interprétations sont envisageables à partir de là : soit le texte fait référence au roi qui règnait sur Babylone à l'époque, soit à Samaël qui descendit en Enfer (non déchu, il descendit par choix). Il est en outre à plusieurs reprises désigné, et par Jésus lui même, «le Seigneur de la Terre».

Le Représentant de l'humanité, selon Rudolf Steiner, lutte entre Lucifer et Ahriman pour les équilibrer

Lucifer symbolise l'Est et l'air, détenteur de la connaissance et incarnation de la sagesse de la conscience. Luciférisme et satanisme ne sont pas à confondre, ils sont complètement opposés.


Dans l'anthroposophie de Rudolf Steiner, Lucifer est l'une des deux entités, avec Ahriman, qui s'opposent à l'évolution de l'humanité. Il cherche à ce que les hommes fuient la terre et leurs responsabilités.

En alchimie

L'alchimie assimile Lucifer au diable, non sous la forme populaire et maléfique, mais au contraire sous sa forme rédemptrice : il représente la Pierre brute, matière d'origine de l'œuvre, qui, sous son aspect vil et repoussant, n'en demeure pas moins le pilier de toute l'Œuvre, car recelant en son sein la lumière à suivre, l'étoile que suivirent les mages pour parvenir à l'enfant philosophal.

Interprétation roumaine

En roumain, Luceafăr représente la planète Vénus (et Lucifer veut dire diable). Les paysans l'associent aussi à un certain nombre d'étoiles. Il y a également une allusion au géant Hypérion. Fréquemment le Luceafăr anime les démons, mais il ne représente pas le mal absolu ou le diable (Dracul en roumain).

Son origine étymologique vient du verbe luci et de l'adjectif luciu. Ce verbe ne se traduit pas en français, mais on peut en faire l'approximation par la traduction «lustre», comme dans l'expression «cet objet a retrouvé son lustre d'antan».

En langue courante, on dit cependant qu'un objet est lucios quand il est assez poli pour réfléchir la lumière ambiante. Au contraire, «l'éclat du soleil» se dit strălucirea soarelui et , généralement, strălucire veut dire «brillance». Cependant la lune et le luceafăr ne font que luci, car ils émettent moins de lumière. stră provient du latin extra et est un élément de composition qui marque, en roumain, l'origine éloignée et l'ancienneté.

À ne pas confondre avec le verbe lumina qui veut dire «illuminer», «éclairer» ou «faire en sorte que la lumière se répande», par exemple en ouvrant la fenêtre comme dans s-a luminat camera qui veut dire «la chambre s'est éclaircie/illuminée».

En roumain, plusieurs astres ont un nom qui débute par Luceafărul : Luceafărul-de-Dimineaţă (Vénus du Matin), Luceafărul-de-Seară (Vénus du Soir), Luceafărul-cel-Mare-de-Miezul-Nopţii (l'étoile Véga de la constellation de la Lyre, de nuit), etc.

Mihai Eminescu a rédigé un poème avec ce nom qui est parmi les plus célèbres de ses œuvres. Une jeune femme, Catalina, tombe amoureuse de Luceafărul, étoile qui va se métamorphoser en prince pour la visiter dans ses songes. Initialement jugé d'une beauté "d'ange", trop froide puis d'une beauté de démon "trop brulante" par Catalina, il affirme alors son désir de devenir humain, cédant "pour une heure d'amour" son immortalité. Remontant le temps jusqu'au principe créateur de toute chose, il demande au démiurge de le délivrer de son statut d'immortel, mais ce dernier refuse. Luceafărul retournant alors sur terre trouve Catalina dans les bras d'un serviteur de sa maison : Catalin, et déçu, invective la jeune femme avant d'affirmer son indifférence.

Voir aussi

Thèmes à pertinence réduite

Bibliographie

Jean d'Ormesson : "Dieu, sa vie, son œuvre" (Gallimard, NRF, 1981). Un point de vue intéressant sur Lucifer et une "explication" romanesque à sa Chute.

Notes et références

  1. Virgile, Énéide II :800-802
  2. (en) Doug Kutilek, Notes on “Lucifer” (Isaiah 14 :12, KJV)
  3. Esaie 14.13 : Tu disais en ton cœur : Je monterai aux cieux, j'élèverai mon trône par-dessus les étoiles de Dieu; je siègerai sur la montagne de l'assemblée, aux régions lointaines de l'Aquilon
  4. réf.  à confirmer : Lucifer - where did the word come from and what is its true meaning?
  5. Laurent Vissière, Le Diable - Mon nom est légion, Historia
  6. Christ et le Coran
  7. English Translation and Commentary of Chapter 86 of the Holy Quran (by Maulana Muhammad Ali)
  8. L'invention du mythe des «anges rebelles», CG Dubois, L'Esprit du Temps, 2007/1 - n° 19 - pages 31 à 50
  9. La Sainte Bible Par J. N. DARBY, livre de job 1 :6, en note de bas de page concernant le nom SATAN, on peut voir "litt.  :le Satan, c. à d. l'adversaire. "

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La version présentée ici à été extraite depuis cette source le 09/04/2010.
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