Relique

Les reliques, sont les restes matériels qu'a ou qu'aurait laissés derrière lui un saint personnage en mourant : soit des parties de son corps, soit d'autres objets qu'il a, pour les croyants, sanctifiés par son contact.



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Définitions :

  • Les restes de quelque chose; Ce qui reste d'une personne après sa mort, soit le corps entier, soit une partie du corps, soit même ce qui lui a... (source : fr.wiktionary)
  • reliques - Reste, ce qui reste du corps d'un saint, d'un objet qui a été à son usage, qui a servi à son supplice. || Reliquaire : coffret précieux dans lequel on conserve et on vénère les reliques. (source : ceremoniaire)

Les reliques (du latin reliquiæ, «restes»), sont les restes matériels qu'a ou qu'aurait laissés derrière lui un saint personnage en mourant : soit des parties de son corps, soit d'autres objets qu'il a, pour les croyants, sanctifiés par son contact. La conservation et la vénération de ces restes sont une pratique en vigueur dans plusieurs religions. Il en découle des croyances et des pratiques religieuses variées, mais également de vifs débats.

Les grandes religions face à la vénération des reliques

Les pèlerins Danta and Hemamala, qui apportèrent au Sri Lanka une dent du Bouddha Sakyamuni, cachée dans les cheveux d'Hemamala (fresque du monastère de Kelaniya Vihara attribuée à Solius Mendis), XVIIIe siècle.

Aussi bien au sein du bouddhisme que du christianisme et de l'islam, la vénération des reliques crée spontanément plusieurs clivages. Certains croyants accordent à ces objets une vénération naïve qui peut occasionnellementconfiner à la superstition, ou alors à la pensée magique la plus archaïque. Les autres croyants se divisent eux-mêmes en trois groupes. Les premiers encouragent ce culte tout simplement par cupidité, vu que la possession de telles reliques peut génèrer des revenus non négligeables[1]. Les seconds le tolèrent, ou alors l'encouragent, dans la pensée qu'il faut garder prise sur la religiosité populaire en essayant de la canaliser vers des formes de vie religieuse plus évoluées[2]. Enfin un troisième groupe considère qu'il faut combattre la superstition sans complaisance, et sans hésiter à détruire les objets de la vénération populaire[3].

Il est évident que la relique remplit une fonction et que son existence répond à un besoin profond ou à une tendance de fond de la vie religieuse, puisque ce phénomène se manifeste spontanément au sein de sociétés particulièrement diverses, même antireligieuses. Ainsi par exemple même le communisme athée soviétique conservait précieusement au Kremlin le corps momifié de Lénine dans un reliquaire de verre particulièrement comparable à celui de sainte Bernadette Soubirous, et on s'y rendait en pèlerinage de l'ensemble des coins de l'ex-Union soviétique.

À qui servent par conséquent les reliques ? Plusieurs réponses sont envisageables selon le point de vue où on se place : théologique, psychologique, ethnologique ou sociologique. Chaque religion développe à ce sujet des arguments proprement théologiques, qui le plus souvent font débat (quelquefois de manière particulièrement animée, jusqu'à la destruction des objets reconnus).

Les grandes reliques comme palladium

L'esprit moderne, qui considère la religion comme une affaire personnelle, a tendance à comprendre le phénomène du seul point de vue de la psychologie et de la religiosité individuelle. Or cet aspect des choses n'est pas premier dans l'histoire des religions. L'existence des reliques répond en premier lieu à un besoin collectif d'identité et de sécurité.

Dans la tradition gréco-romaine le palladium est une statue de Pallas-Athéna tombée du ciel et récupérée par le fondateur mythique de la cité de Troie. Elle rendait imprenable la cité qui le détenait, Athéna étant la déesse des citadelles. Selon la tradition grecque, le palladium avait été dérobé par Ulysse et Diomède pour s'assurer de l'issue de la guerre. Selon la tradition romaine, il est emporté par Énée en Italie et sera positionné plus tard dans le temple de Vesta, à Rome.

Par suite on nomme palladium tout objet symbolique et sacré dont la possession et le culte soudent le groupe d'un point de vue religieux, et le préservent des menaces extérieures. Corrélativement toute menace sur l'objet devient une menace pour le groupe. Ainsi pour les reliques de saint Marc à Venise : elles ne sont pas uniquement l'emblème de la cité, saint Marc est aussi le saint patron, c'est-à-dire le protecteur de l'État.

Les reliques majeures et officielles de la cité ou de l'État sont sollicitées en cas de crise majeure, épidémie ou guerre. Ainsi en 911, les Normands qui ravageaient impunément toute la France du Nord échouèrent devant les murs de Chartres, derrière lesquels le clergé du lieu portait en procession la sainte tunique de la Vierge Marie. De même à Thessalonique, où on conservait les reliques du saint martyr Démétrius : aux dires du chroniqueur local Jean Caminiatès, «ce sauveur de la patrie l'avait soustraite à maint péril, lui avait offert la victoire et , plein de compassion, avait fréquemment empêché qu'elle ne connaisse la guerre»[4].

À titre prophylactique, on vénère régulièrement les reliques par des fêtes à date fixe, le plus souvent par des processions, comme la Perahera de Kandy, au Sri Lanka, où une dent de Bouddha est promenée dans les rues de la ville sur un éléphant. [5] Ainsi par exemple à Étampes, actuellement en Essonne, comme dans tant d'autres villes européennes, du XIe siècle jusqu'à la Révolution française on promenait dans la ville, en présence de l'ensemble des autorités constituées, la châsse de trois saints martyrs d'Aquilée du IIIe siècle nommés, là comme ailleurs, les «Corps Saints»[6].

Article détaillé : Procession (cortège) .

Le sort des reliques est lié symboliquement à celui du groupe qui les révère. Ainsi, à Naples, si, lors de la fête annuelle et de l'ostension des reliques de saint Janvier, le sang de ce martyr conservé dans une ampoule ne se liquéfie pas, toute une partie de la population redoute une catastrophe dans l'année, tremblement de terre ou épidémie. Toute menace sur les reliques majeures est d'autre part reconnue comme une menace sur le groupe social ou sur le corps politique. Ainsi la disparition provisoire d'un poil de la barbe de Mahomet au sanctuaire de Srinagar plongea en 1963 le Cachemire dans le chaos. La destruction récente par une attaque terroriste du dôme de la mosquée de Samarra en Irak, où sont censées se trouver les reliques de l'imam Ali, visait le cœur de l'identité chiite.

Les reliques comme talisman

L'individu tout autant que le groupe ressent un besoin profond de maîtriser son destin et les menaces qu'il sent confusément peser sur lui. Chez presque l'ensemble des peuples on constate le besoin multiforme de détenir et de manipuler des objets pourvus de pouvoirs magiques, qu'on nomme, avec des distinguos qui fluctuent selon les auteurs, amulettes, talismans, fétiches ou grigris, ou alors porte-bonheur. Ces talismans occasionnellementétaient partiellement composés de restes humains. Les grandes religions ont progressivement converti ces usages.

Au Tibet, les pèlerins rapportaient chez eux entre autres des lambeaux de vêtements qui avaient été portés par le Bandchan de Djachi-Loumbo. [7]

En Gaule mérovingienne, les guerriers francs gagnés au christianisme faisaient grand usage de talismans chrétiens, os de saints ou poussière de leur tombeau, cette dernière quelquefois ingérée par les malades.

Au XIXe siècle et toujours dans toute la première moitié du XXe siècle, le clergé catholique faisait une grande diffusion d'images pieuses où étaient collés un ou deux millimètres carrés d'une étoffe ayant touché les ossements d'un saint.

Vénération des reliques dans le bouddhisme

Reliques du Bouddha Sakyamuni provenant du stupa de Kanishka à Peshawar, au Pakistan, et actuellement conservée à Mandalay, Birmanie.

Le bouddhisme, du Japon au Tibet, et de la Birmanie au Sri Lanka, pratique le culte des reliques.

La tradition bouddhique rapporte que la mort de Bouddha fut suivie d'une guerre connue sous le nom de «Guerre des Reliques». Son enjeu était la possession des reliques échappées du bûcher funéraire de Bouddha. C'est d'ailleurs l'un des thèmes de l'iconographie bouddhique traditionnelle[8].

Un élément respectant les traditions de l'architecture bouddhiste, le stûpa trouve aussi son origine dans le culte des reliques du Bouddha, dont les premiers furent conçus pour les abriter.

Au Sri Lanka, à Kandy, le Temple de la Dent passe pour abriter une molaire du Bouddha Sakyamuni. Édouard Charton a raconté en 1842 l'histoire surprenante de cette dent qui est un vrai personnage de roman[9].

On conserve aussi des dents du Bouddha en Chine au Temple de Ling Guang, à Taïwan au monastère de Fo Guang Shan, en Corée du Sud, au temple Tongdosa, près de Yangsan, et au Japon dans le sanctuaire Shari-Den du temple d'Engakuji à Kamakura.

Vénération des reliques dans l'Antiquité préchrétienne

À Athènes, on rendait aux restes supposés d'Œdipe et de Thésée des honneurs qu'il est complexe de distinguer d'un culte. Le corps supposé de Thésée avait été triomphalement rapporté à Athènes par Cimon en 475 avant Jésus-Christ après la conquête de Skyros.

À Epidaure on rendait un culte à la dépouille d'Esculape.

En Macédoine on vénérait de même les restes de Perdiccas Ier.

Vénération des reliques dans le judaïsme ancien

Dans le Temple de Jérusalem était conservée, du moins jusqu'au sac de cette ville par Nabuchodonosor, l'Arche d'alliance dont la construction avait été demandée par Dieu lui-même (Exode XXV), qui incarnait la présence et la faveur de Dieu (Premier livre de Samuel IV, 3), et que Salomon avait positionnée dans le Saint des saints (Premier livre des Rois VIII). Selon certains textes scripturaires[10], cette arche n'aurait contenu que les deux Tables de la Loi écrites par Dieu lui-même; mais l'auteur inconnu de la Lettre aux Hébreux, juif du premier siècle, nous informe des croyances juives de son temps[11], selon lesquelles l'Arche (alors disparue) avait aussi contenu un vase d'or plein de Manne, mais aussi la Verge d'Aaron qui avait refleuri[12].

D'après le Livre des Nombres, chapitre 21, Moïse avait confectionné sur l'ordre de Dieu en airain un «serpent» (en hébreu nahash), que devaient regarder ceux qui avait été mordus par un serpent. Après la construction du Temple de Jérusalem, on y révéra quelque temps cette relique des temps mosaïques, car, selon le Deuxième livre des rois, le roi Ézéchias, grand réformateur du judaïsme, le mit en pièces. En effet «les enfants d'Israël avaient jusqu'alors brûlé des parfums devant lui : on l'appelait Nehoushtan». (XVIII, 4)

Le prophète Elisée, successeur de son maître Élie, récupère son manteau, grâce auquel il renouvelle ses miracles (Deuxième livre des rois, II, 16).

Vénération des reliques dans le christianisme

Aux origines du christianisme, le culte des reliques a deux sources particulièrement différentes. Il est de plus profondément influencé par des pratiques et des traditions en premier lieu gréco-romaines, puis celtiques et germaniques.

Origines premières du culte chrétien des reliques

Gravure de Jan Luyken : Résurrection d'un mort qui avait touché les reliques du prophète Elisée (1770).

Le premier aspect est la croyance presque universellement répandue que les pouvoirs des thaumaturges se continuent dans les objets qui sont ou ont été en contact avec eux, et particulièrement dans leurs ossements et dans leurs vêtements. On le voit déjà dans l'Ancien Testament quand un homme jeté en terre reprend vie après avoir touché les ossements d'Elisée (Deuxième livre des rois XIII, 21) [13]. Du vivant même de Jésus le contact de ses vêtements suffit à guérir : «Or une femme, atteinte d'un flux de sang depuis douze ans et que personne n'avait pu guérir s'approcha par derrière et toucha la frange de son manteau ; ainsi qu'à l'instant même son flux de sang fut guéri» (Évangile selon Luc, VIII, 43-44)  ; et aussi du vivant de ses disciples tels que Paul, à la génération suivante : «Dieu opérait par les mains de Paul des miracles peu banals, à tel point qu'il suffisait d'appliquer sur les malades des mouchoirs ou des linges qui avaient touché son corps : alors les maladies les quittaient et les esprits mauvais s'en allaient» (Actes des Apôtres XIX, 11-12).

Le deuxième aspect est le culte rendu au Christ sur la tombe de ceux qui avaient préféré mourir que de le renier, et qu'on nomme pour cela les martyrs (en grec : «témoins»). Cette vénération des restes des martyrs est attestée dès la seconde moitié du second siècle par le texte du martyre de Polycarpe. Comme on pense d'une part que le corps des martyrs a été habité par le Saint-Esprit, et d'autre part qu'il est nommé à ressusciter corporellement au Jour du Jugement dernier, on considère qu'il est profitable de prier, puis de se faire enterrer à proximité de ces corps privilégiés pour tirer parti de la communion des saints. C'est l'origine première des basiliques construites le plus souvent sur d'anciennes zones funéraires, à la périphérie des villes antiques.

Influences gréco-romaines puis barbares

Deux facteurs facilitants d'origine différente interviennent ensuite, le premier dans le monde gréco-romain, le second dans le monde barbare germanique.

Le monde gréco-romain connaissait déjà une certaine forme de tourisme mi-religieux mi-culturel dont le réseau des sanctuaires chrétiens ne sera qu'une continuation, et de même pour la tradition des cabinets de curiosité. On le voit par exemple à une période de transition, à l'époque de saint Jérôme, qui signale en Palestine simultanément des lieux de mémoire païens et chrétiens.

D'un autre côté, le monde barbare celtique et germanique faisait grand usage de talismans qui seront progressivement remplacés, au cours de la période mérovingienne, par les reliques. Ainsi par exemple la célèbre phrase de saint Remi, évêque de Reims, à Clovis lors de son baptême, longtemps rendue à tort par «Courbe la tête, fier Sicambre» («Depone colla Sicamber») doit en fait se traduire par «Enlève tes colliers», c'est-à-dire «tes talismans». Cependant ces talismans ne seront pas purement et simplement supprimés. Ils seront dans un premier temps, et pendant une longue période, uniquement remplacés par des talismans chrétiens fréquemment d'origine particulièrement douteuse. Ainsi par exemple la Chanson de Roland, au milieu du XIe siècle, rapporte que Durandal, l'épée de Roland (personnage du VIIIe siècle), épée qui ne doit en particulier pas tomber aux mains des infidèles, contient dans son pommeau d'or  : «une dent de saint Pierre, du sang de saint Basile, et des cheveux de monseigneur saint Denis, et du vêtement de sainte Marie» (laisse 173).

Dent de sainte Apollonia (cathédrale de Porto, Portugal).

Pratiques cultuelles et justifications théologiques

L'usage majeur des reliques dans la tradition cultuelle orthodoxe et catholique est leur utilisation presque obligatoire lors de la consécration d'un autel, sur la base d'un texte scripturaire particulièrement précis, Apocalypse VI, 9 : «Je vis sous l'autel les âmes de ceux qui furent égorgés pour la Parole de Dieu et le témoignage (martyre) qu'ils avaient donné».

La théologie orthodoxe et catholique insiste sur le fait que le culte rendu aux saints en présence de leurs reliques est un culte de dulie et qu'il ne doit en aucun cas dériver en latrie ou adoration, réservée à Dieu seul.

Les théologiens catholiques précisent toujours que le culte voué aux reliques est un «culte relatif», c'est-à-dire qu'il doit s'adresser non pas à la chose, mais à la personne qui lui est relative. A titre d'exemple, le culte rendu à la colonne de la flagellation est un culte de latrie relatif (parce qu'on adore l'homme-dieu qui a été attaché à cet objet pour y être fouetté), alors que le culte rendu aux ossements de sainte Thérèse est uniquement un culte de dulie relatif (parce qu'il s'adresse non aux os eux-mêmes mais à la personne de la sainte, qu'il faut révérer sans l'adorer).

Plus concrètement d'autre part, comme on attribue à la relique des propriétés surnaturelles, on l'insère à certaines époques au moins dans trois sortes d'objets : dans les regalia, comme les sceptres et les couronnes ; dans le pommeau de l'épée des chevaliers, comme la mythique Durandal dont on a déjà parlé; et enfin, plus normalement, dans des reliquaires et des châsses fréquemment richement décorés, qui sont conçues pour la vénération des fidèles dans les lieux de culte.

Il est aussi d'usage tout au long du Moyen-Âge de prêter serment en étendant la main sur des reliques, dans la pensée que le saint sur les restes duquel on prête serment ne manquera pas de se venger des parjures qui l'auraient pris à témoin. Helgaud, ami et biographe du roi Robert II le Pieux, le roi de l'an Mil, raconte que pour éviter tout blasphème compromettant l'honneur des saintes reliques le roi avait trouvé un pieux subterfuge : il faisait prêter serment aux puissants sur un reliquaire vide, à leur insu ; quant aux humbles, il leur faisait prêter serment sur un œuf de griffon de sa collection, talisman profane qui était probablement un œuf d'autruche[14].

Il est toujours bien d'autres usages des reliques dans la tradition catholique, par exemple, la diffusion à grande échelle de fragments d'étoffes ayant été en contact avec tel ou tel saint ou avec ses ossements (ainsi dès avant les canonisations de Thérèse de Lisieux ou de Bernadette Soubirous). On en espère des miracles qui augmenteront la gloire du saint, ou alors accélèreront sa canonisation.

Des procédures d'authentification et de certification sont nécessaires, concernant des objets quelquefois de petite taille qu'on peut aisément contrefaire et qui peuvent se perdre au cours des âges. Deux principes ont été en concurrence au Moyen Âge. Le premier est d'origine populaire : c'est la pouvoir de susciter des guérisons miraculeuses ou d'autres prodiges; mais ce principe est rejeté par les théologiens, qui soulignent que les démons sont quelquefois les instigateurs de prodiges conçus pour égarer les fidèles, comme déjà au XIe siècle Guibert de Nogent. Le deuxième est d'origine cléricale : la relique doit être certifiée après contrôle par l'évêque (qui délivre quelquefois une charte à ses détenteurs), pourvue d'un parchemin et conservée dans un reliquaire scellé, qui est contrôlé à certains intervalles de temps.

L'Invention de la Croix, Agnolo Gaddi, Florence, 1380.

Circulation des reliques à travers le monde chrétien

L'invention de reliques (au sens technique du mot, c'est tout simplement leur découverte) était reconnue comme un événement si important qu'il était quelquefois commémorée par une fête liturgique spéciale. Ainsi par exemple la liturgie orthodoxe tout autant que catholique célèbre l'Invention de la Vraie Croix le 3 mai, date anniversaire de sa découverte providentielle par sainte Hélène, mère de l'empereur Constantin, en 326.

Le prestige des martyrs était si grand qu'on ne craignit pas d'en découvrir, ou alors d'en forger toujours davantage, sur la foi de songes et de révélations toujours bienvenues, soit pour appuyer une cause politique, ou religieuse, ou institutionnelle, ou alors tout simplement parce que la possession de telles reliques était source de prestige et de revenus substantiels, en générant surtout des pèlerinages.

La translation des reliques, c'est-à-dire leur transfert d'un lieu à un autre, était un événement presque aussi important que leur Invention, et pouvait aussi être commémorée par une fête liturgique. À partir d'une certaine époque en effet, on commença à transporter les restes des martyrs et les autres reliques pour différentes raisons. Initialement pour fonder des autels à l'endroit où il n'y avait pas de restes de martyrs. Puis, quand la religion chrétienne devient officielle, pour augmenter le prestige de certaines métropoles  : et en particulier Byzance, arbitrairement désignée par Constantin comme nouvelle capitale de l'Empire.

En temps qu'objets précieux, ou alors de convoitise, les reliques furent régulièrement l'objet au Moyen Âge de dons et de généreux partages, mais également de larcins ou alors de razzias. Lors de la Quatrième croisade eut lieu la prise de Constantinople, la ville aux nombreuses reliques : les croisés firent main basse sur les trésors (reliques et pierreries) de Constantinople, butin remis entre les mains de l'évêque de Troyes, Garnier de Trainel, dans laquelle on trouvait un morceau énorme de la vraie Croix, du sang du Christ, le Saint Calice de la Cène, mais également le chef de saint Philippe, le bras de saint Jacques le Majeur ou le corps entier de sainte Hélène vierge. [15] L'église de Saint-Zacharie dans le Var, possède le San Sabatoun, chausse devenue relique ayant appartenu à Marie, et rapportée par un croisé.

Inversement, on a déplacé continuellement des reliques en Europe au IXe siècle pour les soustraire aux pillages des Vikings qui les détruisaient ou les revendaient à prix d'or[16].

Le droit canon interdit strictement le commerce des reliques, qui est un blasphème[17]. Quant aux reliques les plus significatives, il est totalement interdit de leur faire subir quelque aliénation ou transfert définitif que ce soit sans l'approbation du Saint-Siège[18]. Par contre les reliques de la troisième classe sont distribuées libéralement aux simples fidèles, sous forme par exemple de tout petits fragments d'étoffes ayant été touchées par un saint ou par ses ossements.

Différentes catégories de reliques chrétiennes

Les reliques qui ont été livrées à la piété des fidèles au cours des siècles sont d'une particulièrement grande variété, car elles ont quelquefois proliféré d'une manière déconcertante. Il ne faut pas oublier, en considérant la liste hétéroclite qui suit, qui n'en forme qu'un infime échantillon, que les motivations et l'usage de ces collections bizarres furent eux aussi d'une grande variété, et qu'on n'attendit pas la Réforme pour s'en moquer ni en douter. Quoi qu'il en soit, le plus simple pour s'y retrouver dans cet océan d'objets de toutes sortes est toujours de les classer dans l'ordre chronologique de l'Histoire sacrée.

Reliques vétéro-testamentaires

Dès l'époque paléochrétienne, on montrait aux touristes-pèlerins qui faisaient le voyage de la Terre Sainte différentes reliques des temps bibliques. certaines d'entre elles passèrent ensuite dans les collections des églises, ou des spécifiques d'Europe occidentale.

Reliques de Marie et de la Sainte Enfance

Staurothèque byzantine du début du IXe siècle contenant des fragments de la Sainte-Croix.

Reliques de la vie publique de Jésus

Article détaillé : Saint Graal.

Reliques de la Passion

Chaînes de Saint Pierre, conservées à Saint-Pierre-aux-Liens (San Pietro in Vincoli), à Rome.

Reliques du Christ postérieures à sa Résurrection

Reliques de l'âge apostolique

Reliques de saints martyrs

Les martyrs chrétiens, dont certains ont existé, et dont les autres sont imaginaires, sont innombrables, et on en a toujours découvert un grand nombre au XIXe siècle sur des bases prétendument archéologiques.

Reliques des Pères de l'Église

Un bras de saint Jean Chrysostome était jadis conservé à Étampes (Essonne), dans l'église Notre-Dame.

Les reliques de saint Augustin, conservées initialement à Hippone, dans l'actuelle Algérie, passent pour avoir été transférées lors d'une invasion barbare, probablement celle des Vandales, en Sardaigne. Les Sardes, à leur tour menacés par l'invasion deux siècles plus tard, les cédèrent au roi Lombard Luitprand moyennant 60 000 écus d'or, qui les transféra à Pavie, sa capitale, où elles furent retrouvées le 1er octobre 1695. Elles sont depuis conservées dans la cathédrale de cette ville.

Reliques de saints du Moyen Âge

Procession de reliques de Sainte-Thérèse de Lisieux, le samedi 29 septembre 2007, entre la basilique Notre-Dame des Victoires et la chapelle Sainte-Thérèse, ici au Louvre

Les restes de saint Benoît passaient pour être détenus par les moines de Fleury, alias Saint-Benoît-sur-Loire, qui les auraient récupérés dans les ruines de l'Abbaye du Mont-Cassin. Mais on les retrouva aussi au dit Mont Cassin quand le site fut réoccupé, et la controverse fit rage entre ces deux monastères pendant plusieurs siècles.

La châsse contenant le corps entier momifié naturellement de sainte Rita est à Lucques en Italie.

Reliques de saints modernes

Reliques de saints contemporains

Une pratique contemporaine surprenante, concernant une sainte récente comme Thérèse de Lisieux (1873-1897), canonisée en 1925, est , plutôt que le démembrement respectant les traditions entre plusieurs lieux de culte, qui répugne à l'esprit moderne, la circulation à travers le monde de la dépouille du saint ou de ses reliques.

Reliques de la 3e classe

Autres principes de classification

On a aussi l'habitude de distinguer trois classes de reliques.

D'autres principes sont en vigueur pour évaluer l'intérêt des reliques de la première classe.

Collections célèbres de reliques chrétiennes

Certaines collections de reliques sont célèbres entre toutes.

La tradition critique dans le monde occidental

Louis-Joseph Fanelli-Semah (1804 - 1875)  : Le corps de saint Fulcran profané par les protestants (cathédrale saint-Fulcran de Lodève, 1834)

Le monde chrétien est traversé au cours des siècles par une tradition critique qui s'exprime, concernant la question des reliques, de diverses manières.

Vénération des reliques dans l'islam

En général l'islam reproduit en la matière les traditions antérieures du judaïsme ancien et du christianisme de son temps. La plus grande collection de reliques musulmanes est conservée au palais de Topkapi à Istanbul, et continue à sa manière la tradition antérieure byzantine.

Reliques pillées aux chrétiens

Reliques de Mahomet

Reliquaire de la barbe de Mahomet à Konya

Reliques chiites

Reliques de saints marabouts

Reliques profanes

France

Italie

Les Italiens vénérant les reliques des saints, leur assimilent certains hommes illustres tels que Galilée :

Russie

Autres applications du terme «relique»

La langue française use du terme «relique» dans d'autres acceptions que strictement religieuses.

Voir aussi

Références

  1. Cette tendance est déjà combattue au sein du christianisme au XIe siècle par Guibert de Nogent au sujet d'une dent de lait de Jésus.
  2. C'est par exemple le cas du clergé catholique de l'âge classique.
  3. C'est le cas en particulier des protestants du XVIe siècle, à partir de Luther et Calvin
  4. Jean Caminiatès, Eustathe de Thessalonique et Jean Anagnostès, Thessalonique, chroniques d'une ville prise, textes présentés et traduits du grec par Paolo Odorico, Paris, Anarchasis, 2005, p. 66. La ville fut prise pour la première fois en 1185.
  5. Somptueuses processions religieuses à Esala Perahera, Kandy, Sri Lanka
  6. Voyez par exemple dom Basile Fleureau, Description de la Châsse (1668), édité par le Corpus Étampois.
  7. Huc, Souvenir d'un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844, 1845 et 1846, 2e édition, Paris, Le Clere, 1853, tome II, p. 278. Par contre la conservation et la vénération des excréments du dalaï-lama est une légende dénoncé par le même auteur, ibid., pp 314-315.
  8. Par exemple sur le portail ouest du du stūpa n° 1 de Sāñcī, en Madhya Pradesh, sous la dynastie Maurya ; ou encore dans la grotte 70 de Touen-Houang, d'époque Tang, décrite par Roger Grousset, La Chine et son art, 1952, p. 137.
  9. Édouard Charton, «Procession de la dent de Bouddha à l'île de Ceylan», in ID., Magasin pittoresque, 10/31 (juillet 1842), pp. 241-242, dont une réédition par la BNF sur son site Gallica
  10. Deuxième livre des Rois VIII, 8; Deuxième livre des Chroniques V, 10
  11. LM. Petit, "Le contenu de l'Arche d'alliance : génération et addition de thèmes" in Hellenica et Judaica. Hommage à Valentin Nikiprowetzky, Parisn Peeters, 1986 (l'auteur prouve qu'il s'agit d'une tradition juive aussi attestée par les Antiquités Bibliques de Flavius Josèphe, le Targoum et les Talmuds.
  12. Hébreux IX, 4.
  13. Les figures bibliques d'Élie et d'Elisée sont familières aux rédacteurs des Évangiles, qui racontent certains miracles de Jésus dans des termes qui en sont d'évidentes réminiscences, que personne n'a jamais contestées.
  14. «Vie de Robert le Pieux», traduite du latin par François Guizot, en ligne sur le «Corpus Etampois».
  15. Source
  16. Voir une liste intéressante en ligne de ces transferts continuels.
  17. The Code of Canon Law §1190 §1
  18. The Code of Canon Law §1190 §2
  19. J. -A. -S. Collin de Plancy, Dictionnaire critique des reliques et des images miraculeuses (3 vol. ), 1821, t. I, p. 1.
  20. Représentées par exemple par une enluminure d'un graduel de Saint-Dié du début du XVI esiècle, mise en ligne par l'I. R. H. T. .
  21. selon Jérôme Carcopino.
  22. Dom Basile Fleureau, "Des Reliques des Saints Martyrs Can, Cantien & Cantienne, Freres & Sœur, communement appellez les Corps Saints", in Antiquitez d'Estampes, chap. II, 8, vers 1668 (dont une bonne réédition en ligne par le Corpus Etampois) .
  23. Selon un site officiel catholique.
  24. Les inventaires anciens et modernes sont édités par Célestin Douais, éd., Documents sur l'ancienne province de Languedoc, t. 2, Trésor et reliques de Saint-Sernin (1246-1657), Paris-Toulouse, 1904.
  25. Sulpice Sévère, Vie de saint Martin, chapitre VIII.
  26. Bernard Heyberger (maître de conférences à l'université de Haute-Alsace / Mulhouse), in Dictionnaire de l'Ancien Régime, sous la direction de Lucien Bély, Paris, PUF, 1996
  27. Clémentine Portier-Kaltenbach, Histoire d'os et autres illustres abattis, Paris, Lattés, 2007, cité par la page "Vivant Denon et son reliquaire".
  28. Éditions Émile-Paul, page 119.

Liens externes

Bibliographie

Recherche sur Amazone (livres) :




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