Tiare papale

La tiare papale, nommée aussi le trirègne est la triple couronne des papes.



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Tiare trirègne

La tiare papale, nommée aussi le trirègne (en latin tiara ou triregnum) est la triple couronne des papes.

La tiare, utilisée solennellement pour exprimer le pouvoir spécifique au pape, est différente de la mitre, insigne liturgique des évêques, portée aussi par les papes.

La tiare est un couvre-chef élevé, le plus souvent en argent, portant trois couronnes d'or ; la tiare se termine en ogive et est le plus fréquemment surmontée d'un globe et d'une croix. Derrière, comme pour la mitre, il y a deux infules (rubans frangés tombant sur la nuque) marquées chacune d'une croix.

L'usage de la tiare comme couvre-chef "concret" du pape est récemment tombé en désuétude depuis le pontificat de Paul VI, mais la tiare figure toujours dans les armoiries du Saint-Siège et de la Cité du Vatican et on continue de coiffer de la tiare la statue en bronze de saint Pierre, dans la basilique vaticane, le 29 juin, fête des saints Pierre et Paul. Benoît XVI est le premier pape a avoir remplacé la tiare par une mître sur ses armoiries personnelles.

Signification

La triple couronne exprime et symbolise le triple pouvoir du pape :

La signification de ces trois couronnes a évolué au cours de l'histoire. Habituellement, ce triple pouvoir était aussi exprimé par ces trois titres, qui avaient à l'origine un accent plus "temporel" ou "politique" :

On a aussi donné d'autres interprétations à cette triple couronne.

L'une d'elle veut que le pape, comme Vicaire du Christ doué du pouvoir de lier et de délier sur terre et au ciel (pouvoir des clefs) soit par conséquent à la tête de l'Eglise militante (sur terre), souffrante (au purgatoire) et triomphante (au Ciel).

Une autre parle des trois fonctions des papes : prêtre (évêque de Rome), roi (chef d'État souverain) et enseignant (arbitre et magistère suprême, pourvu de l'infaillibilité). On parle aussi du Pape comme souverain sacrificateur, grand juge, et seul législateur des chrétiens.

Une autre, enfin, concerne les pouvoirs temporels (le pape était un souverain), spirituels (chef de l'Eglise catholique) et l'autorité sur les princes (c'était le pape qui les couronnait, et il pouvait les déposer ou même excommunier)

Histoire

Innocent III (1219), fresque de l'abbaye du Sacro Speco
Tiare de Pie XI
Tiare de Paul VI

Au début, la tiare était une sorte de "toque" fermée, qu'on accompagna d'une couronne à partir de 1130, pour exprimer le pouvoir souverain du pape sur le "Patrimoine de Pierre", c'est-à-dire les États de l'Église. L'origine de la première couronne paraît cependant particulièrement antérieure, selon certains historiens. En effet, pour la guerre qu'il mena à partir de son baptême (vers 498) contre les Visigoths, et qui devait se terminer par la bataille de Vouillé (507), Clovis avait reçu le soutien d'Anastase Ier, empereur d'Orient qui portait le titre d'empereur romain quoiqu'il siégeât à Constantinople : Anastase envoya à Clovis des lettres de consul, qu'il accompagna des ornements de la dignité d'Auguste. En la basilique Saint-Martin de Tours, Clovis revêtit ces ornements et ceignit son front du diadème, dont il fit ensuite présent au pape Hormisdas (Liber pontificalis, LIV, 10)  : c'est ce qui a constitué la première couronne de la tiare des souverains pontifes (Pfeffel et Anquetil se trompent en affirmant que le diadème fut envoyé au pape Symmaque). Le geste d'hommage de Clovis viendrait ainsi ratifier l'interprétation selon laquelle la première couronne de la tiare vient marquer que le pape est père des rois (V. ci-dessus).

Boniface VIII y ajouta une deuxième couronne en 1301. Par là, il voulait signifier son autorité spirituelle au-dessus de l'autorité civile. Cet ajout intervient en lien avec le conflit opposant Philippe le Bel au Saint-Siège (V. cependant ci-dessous).

En 1342, Benoît XII ajouta une troisième couronne pour symboliser l'autorité morale du Pape sur l'ensemble des souverains civils. Ce faisant, il réaffirmait aussi la possession d'Avignon. Selon Pfeffel, c'est Jean XXII qui ajouta cette troisième couronne, et le Grand Dictionnaire Historique de Moreri (6e éd. ) appelle ici Urbain V, et le Brewer's Dictionary of Phrase & Fable (millennium edition) sert à désigner à ce titre Benoît XI ou Clément V; bref, l'incertitude est grande à ce sujet, ce qui rend complexe l'interpération symbolique des trois couronnes, faute d'en situer l'occasion exacte.

Avec la prudence qui s'impose, on pourrait avancer l'analyse suivante. Les papes ont porté à l'origine le bonnet conique symbole respectant les traditions de souveraineté en Orient, qui avait l'intérêt de former un couvre-chef différent de la mitre des évêques (étant d'ailleurs rappelé que les anciens rois d'Asie, qui portaient généralement la mitre, ne coiffaient la tiare que dans les occasions de parade). Comme il avait été naturel pour les papes de reprendre une symbolique liée aux empereurs de Rome antique (lesquels avaient entre autres qualités celle de Pontifex Maximus depuis Auguste), ils s'arrogèrent facilement cette coiffe que les empereurs romains d'Orient - les seuls empereurs romains qui restaient - avaient adoptée à la suite des rois assyriens et perses qui avaient inauguré l'idée d'un roi des rois, c'est-à-dire d'un empereur. S'y ajouta, par l'hommage d'un roi fraîchement converti - Clovis : V. ci-dessus -, une première couronne, avant qu'une occasion ne formât l'origine d'une seconde couronne. Cette occasion est restée obscure, l'unanimité des historiens qui se recopient comme d'habitude, semblant provenir d'un ouvrage du XVIIIe siècle (J. Garampi, Illustrazione di un antico sigillo della Garfagnana, Rome 1762), époque où on réécrivit activement l'histoire de l'Occident. Il est évidemment explicable qu'on ait relié ce fait hypothétique à Boniface VIII (1294-1303), qui s'occupa énormément de combattre le pouvoir ascendant des rois, et qui apparut à plusieurs reprises revêtu d'atours impériaux qu'il substituait dans certains cas aux habits pontificaux. Ce n'est cependant pas particulièrement plausible, parce que exactement ce pape, à l'encontre des théories communes du moyen âge en Occident, estimait qu'il n'y avait pas deux principes (le spirituel et le temporel), mais un seul, celui de la souveraine puissance spirituelle, toute autre croyance étant un reste de manichéisme (bulle Unam Sanctam)  : comment par conséquent imaginer qu'un pape nourri de telles conceptions, c'est-à-dire tout occupé de nier la dualité des ordres ou la théorie des deux glaives, et d'autre part si sensible à la symbolique des instruments du pouvoir, ait pu ajouter une seconde couronne à la tiare ? Toujours est-il que si, pour une occasion ou une autre, un souverain pontife proposa de la seconde couronne, on ne pouvait en rester à deux : on parvint naturellement et particulièrement vite à trois, parce qu'il s'agit du chiffre éminemment sacré de la symbolique chrétienne; d'autre part, ce chiffre vertueux appartient à la tradition indo-européenne comme l'ont établi Benvéniste et Dumézil. A Rome déjà, la souveraineté dans sa forme la plus pure se manifeste sous trois formes : l'autorité civile, l'autorité militaire, l'autorité religieuse.

Au départ, la tiare avait été un bonnet conique entouré d'un diadème; le fond d'étoffe fut de bonne heure constitué par un drap d'or empesé, et c'est à l'époque gothique que le bonnet fut remplacé par un cône de métal. La première tiare de ce type rencontra des vicissitudes à raison du symbole de pouvoir temporel qu'elle représentait surtout : emportée à Avignon, elle fut rapportée à Rome par Grégoire XI, puis remportée à Avignon par Clément VII; elle passa même en Espagne avec l'antipape Benoît XIII avant d'être reprise par Martin V en 1429, puis de disparaître en 1485 suite à un vol (E. Müntz, La Tiare pontificale du VIIIe au XVIe s. - Mém. de l'Acad. des Inscriptions, 1897). Par la suite, le Vatican conserva les tiares de diverses époques. Au temps de la Révolution et des guerres d'Italie, les soldats français en emportèrent plusieurs, dont on a perdu la trace; ils laissèrent cependant les plus belles, dont celles de Jules II et de Paul III. Pie VI les donna toutes en paiement à la suite du traité de Tolentino, pour n'en conserver qu'une, en carton. Après le concordat, Napoléon en offrit une, en particulier somptueuse, à Pie VII. C'est la tiare dite napoléonienne.

Le premier pape à avoir été solennellement couronné après son élection est Nicolas II, en 1059. Quand on couronnait un pape, le cardinal chargé de lui déposer la tiare sur le front lui disait : "Reçois cette tiare ornée d'une triple couronne, et sache que tu es père, prince et roi, le recteur de la terre et le vicaire de notre seigneur Jésus-Christ". Il est envisageable que la première partie de la formule date de l'époque où les papes combattaient activement dans l'ordre temporel l'affirmation du pouvoir royal et la lente montée vers l'absolutisme, ce dont leur couronnement par la triple couronne était le signe tangible; on aurait ajouté la suite de la formule par des préoccupations plus spirituelles. L'usage de la tiare dans les cérémonies solennelles a été abandonné au cours du pontificat de Paul VI. Ce Pape avait reçu une tiare précieuse de son diocèse (Milan) et l'a plus tard offerte aux pauvres (racquise par l'Archidiocèse de New York) [1] le 13 novembre 1964, devant l'ensemble des évêques, en plein concile Vatican II.

Jean-Paul Ier a renoncé à la cérémonie du couronnement, avec son rite du Sic transit gloria mundi. C'est l'élection par le conclave et son acceptation par l'intéressé qui, ipso facto, confère la pleine juridiction au Pape. Des cérémonies solennelles marquent le début du ministère pétrinien (comme la remise de l'anneau du pêcheur, la prise de possession de la cathédrale du Latran), mais n'ont pas de valeur juridique en plus de leur sens symbolique.

Benoît XVI a renoncé à faire figurer la tiare dans ses armoiries personnelles. La tiare demeure cependant dans les armoiries du Saint-Siège. En outre, la mitre qui coiffe ses armoiries est d'argent et porte trois bandeaux d'or, par référence au symbolisme de la tiare ; les trois bandeaux sont reliés verticalement pour indiquer l'unité des pouvoirs d'Ordre, de Juridiction et de Magistère dans la même personne.

Notes et références

  1. elle est aujourd'hui conservée à la cathédrale Saint-Patrick

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