Croisades

Les croisades du Moyen Âge sont des pèlerinages armés prêchés par le pape.



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Croisade - Millénarisme - Religion - Histoire militaire du Moyen Âge

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Définitions :

  • croisade - Ligue, expédition faite par les chrétiens contre les peuples hérétiques ou d'autre religions, ainsi appelée parce que ceux qui s'y... (source : fr.wiktionary)
  • croisade - La guerre sainte, décrétée par le pape, qui a pour but de libérer la Terre Sainte de la domination musulman. (source : lombardf)
  • croisade - Pèlerinage armé convoqué par le pape et mené par les chrétiens d'Occident pour la délivrance de la terre sainte et de Jérusalem.... (source : histgeodubreucq.blog.lemonde)

Les croisades du Moyen Âge sont des pèlerinages armés prêchés par le pape.

La vision respectant les traditions identifie l'époque des croisades à la période 1095-1291, du concile de Clermont à la prise de Saint-Jean-d'Acre, et se limite aux expéditions qui ont eu la Terre Sainte pour objectif et l'Orient pour théâtre d'opérations. Dans la définition large, l'ensemble des guerres contre les Infidèles et les hérétiques, sanctionnées par le Pape qui y attache des récompenses spirituelles et des indulgences, sont des croisades. La Reconquista, croisade de la péninsule ibérique, en fait ainsi partie. Les dates sont alors bien plus larges et mènent jusqu'à la bataille de Lépante (1571) dans la seconde moitié du XVIe siècle. C'est la définition dite respectant les traditions qui est retenue pour cet article.

La première croisade commence en 1095 et contre toute attente et toute prévision, elle se marque par une forte participation populaire, c'est-à-dire constituée de milliers de pèlerins piétons. Elle est aussi l'occasion pour le pape d'occuper la noblesse dans sa lutte de pouvoir avec elle . Elle aboutit à la fondation d'États latins (ou francs) en Orient. La défense de ces États est à l'origine de l'organisation des sept autres croisades principales ; de 1095 à 1291 (date de la perte des dernières positions latines en Orient), de nombreux groupes de soldats et de pèlerins ont participé à l'aventure des croisades.

À partir de la quatrième croisade qui aboutit à la prise de Constantinople en 1204, l'idée de croisade est dévoyée, et des expéditions sont organisées par le pape contre ses opposants chrétiens (Albigeois, Hohenstaufen, Aragon, Hussites... ) ou païens (baltes). Si elles permettent le maintien des États latins d'Orient, elles n'ont plus pour objectif Jérusalem et sont l'occasion pour la papauté de lever des impôts sur le clergé. De fait, seules l'Église catholique et les cités marchandes italiennes ont bénéficié des croisades.

Carte des croisades (Larousse 1922)

Le terme de croisade

Le terme de «croisade» est tardif. Il n'apparaît pas avant le milieu du XIIe siècle en Occident et uniquement vers 1250 dans le monde arabe. Les textes médiévaux parlent le plus fréquemment de voyage à Jérusalem «iter hierosolymitanum» pour désigner les croisades, ou encore de peregrinatio, «pèlerinage». Plus tard sont aussi employés les termes de auxilium terre sancte, «aide à la terre sainte», expeditio, transitio, «passage général» (armées nationales) et «passage spécifique» (expéditions ponctuelles, spécifiques) [1].

Le terme de croisade n'apparaît que tardivement en français : Le Trésor de la langue française informatisé (TLFi) fait remonter l'expression «soi cruisier» (se croiser) à la Vie de St Thomas le martyr de Guernes de Pont-Sainte-Maxence datée de 1174, et le terme de «croisade» aux Chroniques de Chastellain datées d'avant 1475, notant qu'il s'agit d'un substitut de termes proches tels que «croisement», «croiserie» ou «croisière» qui sont plus anciens, sans qu'on puisse les signaler avant la fin du XIIe siècle ; le Dictionnaire historique de la langue française note une première apparition du mot vers 1460 et note aussi qu'il dérive de «croisement», qu'on rencontre avant la fin du XIIe siècle.

Pourtant, l'ancien français «croiserie» apparaît dans la chronique de Robert de Clari durant la quatrième croisade (1204), alors qu'on trouve l'espagnol cruzada dans une charte en Navarre de 1212. En réalité, tous ces termes sont des substantifs de l'adjectif crucesignatus, croisé (littéralement, marqué par la croix) qui, lui, apparaît dans la chronique d'Albert d'Aix (probablement écrite, pour sa première partie, dès 1106) ou du verbe crucesignare, prendre la croix, qui est habituel au XIIe siècle.

Il est par conséquent clair que ce que nous appelons «première croisade» n'était pas nommée ainsi par ses contemporains. Du point de vue musulman, les croisades ne sont d'ailleurs pas perçues comme une nouveauté, mais comme la continuation de la lutte contre l'Empire romain d'Orient, qui durait depuis plusieurs siècles. Pourtant, il est aussi évident que les contemporains ont eu particulièrement tôt conscience que la croisade n'était pas un simple pèlerinage armé ni une opération militaire comme les autres mais bien une réalité différente, alliant les caractéristiques du pèlerinage à Jérusalem aux impératifs d'une guerre pour la défense de la foi.

Les origines de la croisade

Arrivée des Croisés à Constantinople

Les causes lointaines

La cause principale des croisades est que les chrétiens ont voulu récupérer le Saint Sépulcre (le tombeau du Christ).

Les pèlerinages à Jérusalem

Jérusalem reste pour les chrétiens le centre du monde spirituel terrestre. Le pèlerin peut s'y recueillir devant le calvaire et le Saint Sépulcre. La «vraie croix» y est vénérée[2]. La conquête de la Palestine par les Arabes (Jérusalem est prise en 638) n'affecte guère le pèlerinage vers les lieux saints. Les dangers à braver font même partie de la spiritualité du pèlerinage. Parmi les fidèles se répand même l'idée que le pèlerinage lave les pêchés. Avec la fin de la piraterie dans la seconde moitié du Xe siècle, le flux des pèlerins s'augmente. Cependant, en 1009, le calife fatimide du Caire, al-Hakim, fait détruire le Saint-Sépulcre, mais cela n'est qu'un épisode exceptionnel[3]. Son successeur autorise l'Empire byzantin de le rebâtir, et le pèlerinage est à nouveau autorisé. À l'approche du millénaire de la mort du Christ (1033), le flot des pèlerins augmente toujours. De nombreux monastères sont fabriqués dans la ville. Les plus riches pèlerins sont quelquefois dépouillés par les bédouins[4]. Certaines bandes de pèlerins formaient de véritables bandes armées. En 1045, l'abbé Richard emmenait avec lui sept cents compagnons qui ne purent arriver, du reste, que jusqu'à Chypre. En 1064, Sigefroy, archevêque de Mayence, et quatre autres évêques conduisirent avec eux sept mille pèlerins, parmi lesquels des barons et chevaliers, qui eurent à livrer une véritable bataille aux Bédouins ainsi qu'aux Turkomans. Parmi ces pèlerins se trouvait un ancien soldat qui, après de fâcheuses aventures conjugales, s'était fait moine, il s'appelait Pierre, et l'histoire a ajouté à ce nom celui de l'Ermite. Indigné des mauvais traitements qu'il avait reçus en Palestine, et poursuivi par ses visions, Pierre se persuada être chargé de la mission d'appeler l'Europe au secours de la terre sainte. Il se dirigea vers Rome pour obtenir l'appui du pape Urbain II, qui l'autorisa à appeler les chrétiens à délivrer les lieux saints. Pierre l'Ermite se mit alors à parcourir l'Italie et la France, en exhortant la foule par des pamphlets pleins de pleurs, de cris, de hurlements, de malédictions pour les infidèles et de promesses du ciel pour ceux qui iraient délivrer le tombeau de Jésus. Son éloquence frénétique et imagée agissait puissamment sur les foules[5]. Parmi les raisons citées surtout par ce moine, le principal est que les Turcs interdisent aux pèlerins chrétiens l'accès à la ville sainte, et que des massacres de pèlerins ont eu lieu. Jacques Heers[6] mentionne un pèlerinage d'une troupe importante, conduite en 1064 par Siegfried, archevêque de Mayence, attaquée et presque entièrement massacrée par des Bédouins à Ramla le 25 mars 1065. Cependant, Robert Mantran[7] compte aussi des pèlerinages, dont six entre les années 1085 et 1092, qui se sont déroulés sans que les sources ne mentionnent de difficultés spécifiques. Ces persécutions de pèlerins relèvent plus de troupes de pillards que de manœuvres systématiques.

La guerre contre l'infidèle

Dès le IVe siècle, l'Église exprime, par l'intermédiaire de Saint Augustin, une théorie de la guerre juste. Au IXe siècle, les papes s'efforcent de créer les "milices du Christ" pour protéger Rome menacée par la seconde vague d'invasions[8]. Le pape Jean VIII accorde même l'absolution à ceux qui mourraient en défendant les chrétiens contre les Sarrasins en Italie. À partir de la fin du Xe siècle, l'Église s'efforce de christianiser les mœurs guerrières de chevaliers en leur proposant entre autres de combattre les Sarrasins aux frontières de la chrétienté, en Espagne. En 1063, le pape déclare juste, la guerre contre ceux «qui persécutent les chrétiens et les chassent de leurs villes». Il affirme que ce n'est pas un pêché de verser le sang des infidèles[9]. Qui plus est , participer à une guerre utile à l'Église est reconnu comme une indulgence plénière tout comme l'aumône ou un pèlerinage[10]. Même si le succès n'est pas au rendez-vous, l'Église a pris l'habitude d'encourager les guerres contre les musulmans et d'attirer dans ce combat les chevaliers français. Qui plus est , les royaumes frontières sont devenus les vassaux du Saint-Siège, atout important dans la lutte des papes contre le Saint Empire romain germanique[11].

De plus, les Occidentaux connaissent mal l'Orient. Déjà, les Byzantins apparaissent à leurs yeux comme lâches, riches et rusés[12]. Pour les habitants du Nord de l'Europe, les musulmans sont des hérétiques, des païens ou des adorateurs de faux dieux[13].

Les causes proches

L'Empire byzantin, à l'origine de la croisade ?

À l'époque de la première croisade, les Byzantins nomment les Occidentaux avec les termes de Francs ou de Celtes. Mais les Occidentaux les plus connus sont normands. Initialement employés comme mercenaires car leur courage et leur cohésion est particulièrement appréciée des généraux byzantins, ils mènent vite leur propre politique. En 1071, ils réalisent la conquête de toute l'Italie du Sud[14]. De 1081 à 1085, ils mènent toute une série d'attaques contre la Grèce sous la direction de Robert Guiscard.

De plus, pour faire face à ses nombreux ennemis dont les Turcs seldjoukides, l'empereur byzantin demande l'aide de soldats occidentaux. L'objectif est que ceux-ci se mettent au service de l'empire. Cette demande de troupes est interprétée par le pape comme un appel au secours devant des envahisseurs menaçants[15].
Au concile de Plaisance de juin 1095, les ambassadeurs de l'empereur byzantin Alexis Comnène réclament aux Occidentaux une assistance militaire pour lutter contre les Turcs. Byzance n'appelle pas à la croisade. Lutter contre les Arabes et les Turcs est une affaire de défense de l'Empire.
La pénétration des Seldjoukides en Asie Mineure byzantine s'est accompagnée de plusieurs pillages et exactions contre la population locale. En Syrie déjà sous domination musulmane l'arrivée des Turcs entraîne légèrement moins de brutalité[16]. Les chrétiens de Syrie n'ont semble-t-il pas demandé d'aide.

Croisés (Larousse 1922)

L'appel du pape Urbain II et la prédication de la première croisade

Six mois après le concile de Plaisance, Urbain II convoque un concile à Clermont en 1095 auquel participent en particulier des évêques français. Un des canons du concile promet l'indulgence plénière, c'est-à-dire la remise de la pénitence imposée pour le pardon des pêchés et non la rémission des pêchés, pour ceux qui partiront "délivrer" Jérusalem. Pour clôturer le concile, au cours d'un célèbre prêche public le 27 novembre 1095, Urbain nomme aux armes toute la chrétienté. Il évoque les "malheurs de chrétiens d'Orient". Il nomme les chrétiens d'Occident à cesser de se faire la guerre ainsi qu'à s'unir pour combattre les "païens" et délivrer les frères d'Orient. Il ne cache rien des souffrances qui attendent les pèlerins[17]. À cet appel lancé directement aux chevaliers sans passer par les rois, la foule enthousiaste répond : "Deus lo volt " (Dieu le veut) et décide de prendre la croix, c'est-à-dire fait vœu d'aller à Jérusalem. Le signe de ce vœu est une croix de tissu, symbole de renoncement et d'appartenance à la nouvelle communauté des pèlerins en armes pourvus de privilèges. On nomme ceux qui la portent les cruce signati.
Urbain II essaie ensuite de tempérer l'enthousiasme irréfléchi que son appel a suscité. Les clercs ne peuvent pas partir sans le consentement de leur supérieur, ni les jeunes maris sans celui de leur femme et les laïcs sans celui d'un clerc. Il est cependant impossible de renoncer au vœu de partir sous peine d'excommunication. Urbain II reste dix mois de plus en France pour y prêcher la croisade. Son appel s'adresse en particulier à son milieu d'origine, la noblesse française du Sud de la Loire. Mais à l'été 1096, les contingents réunis dépassent beaucoup ce cadre[18]. Godefroid de Bouillon, duc de Basse-Lotharingie et son frère Baudouin de Boulogne ont rejoint l'expédition, mais aussi le frère du roi de France, Hugues de Vermandois, Robert de Normandie et Étienne de Blois. Bohémond, fils aîné de Robert Guiscard, décide lui aussi de se croiser. Le départ est fixé au 15 août 1096.

Le succès parait difficilement explicable. Il est envisageable d'avancer des explications matérielles. Le mouvement de paix et le resserrement des liens vassaliques limitent les possibilités d'aventure en Occident. En partant en croisade, le chevalier réalise la fusion entre le mode de vie guerrier et les préceptes chrétiens. Il peut ainsi réaliser son salut sans renoncer à sa vie guerrière[19] Qui plus est , la rétribution céleste n'empêche pas l'espoir de récompenses matérielles en Orient.

Un Islam divisé

Si les Croisades sont envisageables, c'est qu'à la fin du XIe siècle, le Proche-Orient est divisé. Au Sud, les Fatimides sont au pouvoir en Égypte et contrôlent une partie de la Palestine. Le reste du Proche-Orient est sous la domination des Seldjoukides, un peuple turc nomade converti à l'islam sunnite au IXe siècle. En 1055, ils ont pris le contrôle du califat abbasside à Bagdad[20]. Après la victoire de Mantzikert en 1071, les Turcs arrivent jusqu'au Bosphore. mais particulièrement vite, l'Empire seldjoukide est divisé en une série de principautés rivales dont la principale est le sultanat de Roum. La Syrie est elle aussi divisée en plusieurs États indépendants autour d'Alep, de Damas, de Tripoli, d'Apamée et de Shaizar.
Au Proche-Orient les divisions sont religieuses et ethniques. Les Turcs sunnites sont minoritaires. La population arabe est de confession chiite, ismælienne ou chrétienne[21]. Les chrétiens sont eux-mêmes de différentes tendances : orthodoxes, melkites, et monophysites. Il y a des Arméniens en Syrie du Nord. Pour ces populations musulmanes ou chrétiennes, les croisades ne sont qu'une expédition militaire de plus dont ils ne perçoivent pas l'aspect religieux[22]. L'affaiblissement de l'Islam a permis aux villes italiennes de commencer à commercer en Méditerranée. Venise, Bari et Amalfi ont noué des liens avec l'Orient. Pise et Gênes ont chassé les Sarrasins de la mer Tyrrhénienne[23].

La création et la défense des Etats latins d'Orient (Ière - IIIe croisade)

La première croisade (1096 - 1099)

Article détaillé : première croisade.

La croisade populaire

De nombreux prédicateurs populaires relaient l'appel de la croisade. Le plus connu est Pierre l'Ermite. Énormément attendant l'Apocalypse et partent sans espoir de retour avant la date officielle fixée par le pape. Pierre l'Ermite débute sa prédication dans le Berry, puis l'Orléanais, la Champagne, la Lorraine et la Rhénanie, emmenant dans son sillage quinze mille pèlerins, encadrés par des nobles et des chevaliers dont Gautier Sans-Avoir. Arrivé à Cologne le 12 avril 1096, il continue de prêcher auprès des populations allemandes, alors que Gautier Sans-Avoir conduit les pèlerins en direction de Constantinople[24].

Des bandes parties de Rhénanie s'acharnent au départ sur les communautés juives des villes rhénanes, les massacrant et cherchant à les convertir de force. Le refus du baptême est , pour le peuple, reconnu comme une injure à Dieu pouvant attirer sa colère sur les hommes[25]. Présents depuis des siècles, les Juifs deviennent tout à coup des étrangers et des assassins du Christ qu'il convient de punir avant de délivrer les lieux saints[26]. Peut-être douze mille Juifs ont-ils péri en 1096[27]. Quelquefois des évêques protègent la communauté de la ville[28]. Le pape condamne ces violences, fréquemment l'œuvre de la lie de la société, mais les auteurs des massacres ne sont jamais inquiétés, à l'exception d'un agitateur tué par l'évêque de la ville en personne. Il ne semble pas que Pierre l'Ermite ait nommé à persécuter les Juifs, mais il use de des terreurs créées par les massacres commis dans d'autres régions pour obtenir des communautés juives des régions qu'il traverse le ravitaillement et le financement des croisés.
Ayant persuadé un certain nombre d'Allemands à partir, il quitte Cologne à la tête d'environ douze mille croisés le 19 avril 1096 et traverse le Saint-Empire et la Hongrie en suivant le Danube. Sur le chemin, les troupes dirigées par Pierre l'ermite se livrent au pillage à Belgrade et dans le faubourg de Constantinople, incapables de s'acheter par leur propres moyens leur nourriture. Les groupes partis du Nord de la France et de Rhénanie en avril 1096, arrivent sans trop de difficultés à Constantinople quelques mois plus tard. Mais la majorité des groupes ne sont jamais arrivés à Constantinople, anéantis ou dispersés par les troupes hongroises[29].

Le voyage des chevaliers vers Jérusalem

Carte de la Ire croisade

Quatre armées de chevaliers partent à la date prévue. Celle de la France du Nord et de la Basse-Lorraine, conduite par Godefroi de Bouillon suit la route du Danube. La seconde armée, de la France du Midi, dirigée par le comte de Toulouse, Raymond de Saint-Gilles, et le légat du pape, Adhémar de Monteil passe par la Lombardie, la Dalmatie et le Nord de la Grèce. La troisième, d'Italie méridionale, commandée par le prince normand Bohémond gagne Durazzo par mer. La quatrième, de la France centrale, dont les chefs sont Étienne de Blois et Robert de Normandie passe par Rome[30].
Les premières troupes de chevaliers arrivent à Constantinople au moment où les croisés populaires passés en Asie Mineure commencent à massacrer des villages chrétiens. Si les premières arrivées se passent bien, au fur et à mesure que les troupes croisées arrivent, les incidents se multiplient. L'empereur Alexis Ier Commène cherche à obtenir un serment d'allégeance de la part des chefs croisés, ainsi qu'à rendre à l'empire l'ensemble des terres qui lui appartenaient avant l'invasion turque. La majorité acceptent[31]. Les croisés assiègent Nicée qui est rendue en juin 1097 aux byzantins. Ils battent plusieurs émirs turcs en marchant à travers l'Anatolie, traversent le Taurie, parviennent en Cilicie et mettent le siège devant Antioche le 20 octobre 1097[32]. Les croisés manifestent des ambitions territoriales pour leur propre compte. Baudouin de Boulogne aide l'arménien Thoros à secouer la tutelle turque à Édesse et devient son héritier. Le siège d'Antioche est long et complexe. Les croisés développent un fort ressentiment contre les Byzantins qu'ils accusent de double jeu avec les Turcs. Bohémond réussit à faire promettre aux combattants qu'il prendrait possession de la ville, s'il y entrait en premier et si l'empereur byzantin ne venait pas lui-même prendre possession de la ville. Grâce à une complicité intérieure, il parvient à entrer dans la ville. Aussitôt les assiégeants se retrouvent assiégés par les Turcs et subissent un siège particulièrement éprouvant. L'armée de secours, dirigée par Bohémond parvient à vaincre les Turcs sans l'aide de l'empereur. Les croisés s'estiment déliés de leur serment de leur fidélité et gardent la ville pour eux[33].

Pendant l'été, les chefs croisés prennent le contrôle des places-fortes dans les régions voisines d'Antioche. L'armée ne prend la route de Jérusalem qu'en janvier 1099[34]. Les chrétiens syriens indiquent la route la plus sûre aux chevaliers latins. Ils descendant le long de la côte, prenant plusieurs villes. Ils prennent Bethléem le 6 juin et assiègent Jérusalem le lendemain. Les croisés manquent d'eau, de bois, d'armes et ne sont pas suffisament nombreux pour investir la ville. Une expédition à Samarie et l'arrivée d'une flotte génoise à Jaffa leur fournissent tout ce qui leur manque. La ville est prise le 15 juillet 1099 après un assaut de deux jours. Aussitôt les instincts les plus débridés se libèrent. Les croisés massacrent la population musulmane de la ville et la pillent[35]. Pour les Musulmans, le massacre de Jérusalem est le signe de l'intolérance chrétienne. De leur côté, les Byzantins profitent des difficultés des Seldjoukides pour leur reprendre une partie de l'Anatolie.

L'installation des États latins d'Orient

Carte des états latins d'Orient. En jaune clair, le royaume de Jérusalem vers 1100; en orange la principauté d'Antioche et entre les deux le comté de Tripoli

Un certain nombre de pèlerins après avoir accompli leurs dévotions reprennent le chemin de retour. Ils ont délivré Jérusalem et par la même accompli leur vœu. D'autres croisés s'apprêtent à rester en Orient. Godefroi de Bouillon est choisi par ses pairs comme prince de Jérusalem. Godefroi n'a joué aucun rôle décisif au cours de la croisade mais les barons préfèrent ce conciliateur sans ambitions à l'impétueux et intransigeant Raymond de Saint-Gilles désigné par le pape comme chef militaire de la croisade[36]. Il refuse d'être appelé roi du Royaume de Jérusalem. Il dit : «Je ne porterais pas une couronne d'or, à l'endroit où le Christ porta une couronne d'épines». Il prend alors le nom d'Avoué du Saint-Sépulcre, soit advocatus Sancti Sepulchri, réservant les droit éminents du nouvel État à l'Église. En septembre, il reste seul dans ses nouvelles possessions avec uniquement 300 chevaliers et 2000 piétons. Les établissements francs sont particulièrement isolés les uns des autres et mal reliés à la mer[37]. Jérusalem devient la capitale du royaume latin de Jérusalem qui couvre jusqu'à la mer Rouge ainsi qu'à l'isthme de Suez. Repeuplée de chrétiens, elle est le siège des ordres militaires du Temple de Jérusalem et de l'hôpital de Saint-Jean, mais aussi l'objectif d'un pèlerinage actif. Jérusalem devient alors une cité romane. Le Saint-Sépulcre est reconstruit en 1149. Une citadelle est édifiée, dite tour de David[38]. Chrétiens d'Orient et Latins cohabitent sans trop de difficultés.

En Occident, la nouvelle de la prise de Jérusalem provoque le départ de nouvelles armées dépassant quelquefois le millier d'hommes. Mais fautes d'ententes, ces "arrières" croisades échouent toute en Anatolie devant les Turcs qui ont refait provisoirement leur unité. La mer devient alors l'unique moyen de communication avec l'Occident. L'archevêque Daimbert de Pise, arrivé à Jaffa avec 120 bateaux, se fait nommer patriarche latin de Jérusalem et suzerain de la principauté d'Antioche et du royaume de Jérusalem, se fait donner un quart de Jérusalem et la totalité de Jaffa. Godefroi, de son côte promet au Vénitiens qui viennent de prendre Haïfa, le tiers de l'ensemble des villes qu'ils aideraient à conquérir[39]. Des contingents, norvégiens, arrivés eux aussi par bateau aident aussi les croisés fixés en Terre sainte à occuper les villes de la côte[30].

Quelques mois plus tard, après la mort de Godefroy, son frère Baudouin, comte d'Édesse, se fait couronner Roi de Jérusalem par le patriarche latin de la ville. Il étend le royaume de Jérusalem par les conquêtes d'Arsouf, de Césarée, de Beyrouth et de Sidon. De son côté, Raymond de Toulouse fait la conquête, avec l'aide de Gênes du comté de Tripoli[40]. Les marchands italiens, en premier lieu réticents à l'idée d'une aventure guerrière risquant de détériorer leurs relations commerciales avec l'Orient, commencent à voir dans les croisades un moyen d'élargir le champ de leurs activités et d'acheter les produits d'Orient à leur source même sans passer par l'intermédiaire musulman ou byzantin[41].

À partir de 1128, l'Islam reprend l'initiative autour des souverains de Mossoul, l'atabeg Zengi. Le pape Calixte II songe à organiser une nouvelle croisade pour secourir les «Latins» d'Orient mais son appel reste sans suite. Cependant, durant tout le XIIe siècle, des pèlerins, individuellement ou en groupe, accomplissent le pèlerinage de Jérusalem et secourent les Francs[30]. Zengi parvient à reprendre Édesse laissée sans défense en 1144 provoquant ainsi la deuxième croisade.

La seconde croisade (1147 - 1148)

Article détaillé : deuxième croisade.

Si la prise d'Édesse est un élément déclencheur, l'initiative de la croisade revient au roi de France Louis VII. Il désirait se rendre en pèlerinage à Jérusalem pour expier ses fautes[42] : un crime dont le souvenir le tourmentait : l'incendie d'une église dans laquelle un certain nombre de personnes avaient cherché refuge. Il obtient du pape la nouvelle promulgation d'une bulle de croisade, jusque là sans effet. La prédication revient à Bernard de Clairvaux à Vézelay le 31 mars 1146 puis à Spire. En Allemagne, la prédication populaire d'un ancien moine cistercien provoque une nouvelle flambée de violence contre les Juifs que Bernard de Clairvaux parvient à stopper[43].

L'échec de la seconde croisade

Les armées françaises et allemandes réunissent plus de 200 000 croisés, dont une bonne part d'éléments populaires spécifiquement indisciplinés et prompts à la violence, essentiellement dans l'armée de Conrad III, l'empereur allemand. Une grande partie n'est pas composée de soldats mais de civils : des gens pauvres et même des criminels, qui se sont croisés pour se faire pardonner leurs péchés et assurer leur salut dans la vie éternelle. Il n'est par conséquent guère étonnant que l'empereur germanique ait eu peu de contrôle sur une telle armée. Conrad III part de Ratisbonne en mai 1147 suivant la rive du Danube en direction d'Édesse. Les Français, ayant à leur tête Louis VII, partent de Paris un mois plus tard, soit en juin 1147, par le même chemin que les Allemands. L'indiscipline dans l'armée allemande provoque des incidents dans les Balkans.

États croisés du Proche-Orient en 1140

À Constantinople, l'empereur byzantin Manuel Ier Comnène souhaite retrouver sa suzeraineté sur Antioche et demande aux deux souverains de lui prêter hommage. Conrad III et Louis VII refusent. Ils perdent par conséquent l'appui et l'aide des Byzantins qui refusent de les approvisionner, ce qui a pour conséquence de compliquer la traversée de l'Asie Mineure. L'empereur de Constantinople, soucieux de voir les importants effectifs croisés aux portes de sa cité, les presse de franchir le Bosphore pour rejoindre l'Asie.

De plus, tandis que les armées byzantines sont occupées à surveiller les croisés, Roger II de Sicile en profite pour s'emparer de Corfou, de Céphallénie et pour piller Corinthe et Thèbes. C'est l'amiral Georges d'Antioche, émir des émirs, c'est-à-dire premier ministre de Roger II, qui, quoique syrien et orthodoxe, commande de la flotte sicilienne opérant les ravages sur les rivages byzantins[44]. La seconde croisade facilite par conséquent les ambitions normandes dans l'Empire byzantin. Manuel Ier Comnène se résigne à signer un traité avec le sultan de Roum[45].

Les relations s'enveniment entre Français et Allemands, qui décident de cheminer scindément. L'armée de Conrad est battue à Dorylée. Conrad se réconcilie avec Manuel qui lui propose des vaisseaux byzantins qui les emmènent à Acre. Louis VII et son armée suivent le littoral, mais harcelés dans la vallée du Méandre, il abandonne les non-combattants à Adalia. Ces derniers, privés de protection militaire sont massacrés par les Turcs. À ce moment de l'expédition, les trois quarts des effectifs partis d'Europe ont disparu. Louis VII embarque avec ses chevaliers vers Antioche. Raymond de Poitiers, prince d'Antioche, lui propose une expédition contre Alep, qui menace ses possessions. Mais il ridiculise Louis VII en ayant une aventure avec sa nièce Aliénor d'Aquitaine, épouse du roi de France[46]. Louis VII soucieux de réaliser son pèlerinage, peu enclin à écouter son rival et ignorant les réalités militaires des États latins d'Orient, refuse. Il rejoint par conséquent Conrad à Jérusalem. Leur pèlerinage terminé, certains repartent en Europe ; les deux souverains se laissent entraîner par les barons de Jérusalem dans une expédition contre, non pas Édesse comme prévu, mais Damas. Les croisés abandonnent le siège au bout de quatre jours (24-28 juillet 1148). La seconde croisade se termine sans aucun résultat. Le prestige de Louis VII est fortement entamé. L'échec de cette deuxième croisade est délivré par l'opinion populaire aux excès de péchés des croisés. L'échec de la seconde croisade est même reproché à Bernard de Clairvaux car il avait prêché une croisade de pénitence sans se soucier de son organisation[47].

Saladin et la chute du premier royaume de Jérusalem

Renaud de Châtillon exécuté par Saladin

Les atabegs de Mossoul ont remis à l'honneur le thème du djihad et s'assurent le contrôle de la Syrie. Nur-al-Dîn, le fils de Zengi, s'assure le contrôle définitif d'Edesse[48]. Les chefs des États latins sont obligés de s'allier avec l'empire byzantin. Les Francs jouent des rivalités entre Fatimides et syriens pour se maintenir[49]. Finalement Saladin, parvient à devenir vizir du dernier fatimide et , à la mort de ce dernier devient lieutenant de l'atabeg pour l'Égypte et rétablit le sunnisme (1169), réalisant ainsi l'union de la Syrie et de l'Égypte. Saladin attaque les positions franques[50]. Il cherche à isoler les Latins. il conclut pour cela des alliances avec les Seldjoukides en 1179, avec l'Empire byzantin et Chypre en 1180. En effet, l'Empire byzantin est menacé en Europe par les Hongrois, les Serbes et le Normands de Sicile et n'a plus les capacités de soutenir ses anciens alliés.

Une trêve avec les Latins est cependant conclue en 1180. Elle est renouvelée en 1185. Saladin profite pour s'assurer le contrôle d'Alep et de Mossoul. En même temps, de grave dissensions internes minent le royaume de Jérusalem. Le roi Baudouin IV est particulièrement malade, - il est lépreux -. La classe dirigeante se déchire sur sa succession. Le royaume de Jérusalem, menacé, ne peut compter sur aucun secours extérieur. À la mort de Baudouin, Sibylle, sœur du roi défunt, et son mari Guy de Lusignan sont couronnés. Raymond III, comte de Tripoli, déçu d'être écarté demande l'aide de Saladin. Ce dernier refuse tout d'abord car il vient de renouveler la trêve avec le royaume. Mais Renaud de Châtillon, un seigneur brigand, pille une caravane arabe se rendant à Damas en 1187 et refuse, malgré l'ordre du nouveau roi de rendre l'objectifin. Saladin proclame la guerre sainte[51]. Lors de la bataille de Hattin, les chevaliers francs sont écrasés. Renaud de Châtillon, deux cents templiers ou hospitaliers sont tués et presque l'ensemble des chevaliers sont capturés. Ils sont libérés en échange de la cession de leur château. Les sergents ou piétons sont massacrés ou vendus comme esclaves. Saladin prend l'une après l'autre les places fortes de l'intérieur. Avec générosité, il autorise les combattants et les habitants à se rendre à Tyr pour embarquer vers l'Europe. À Jérusalem, Balian d'Ibelin obtient de Saladin une capitulation honorable donnant la possibilité le rachat d'un tiers de la population le 2 octobre 1187. Les proclamations triomphales envoyées à travers le monde musulman y consacrent la gloire du vainqueur[52]. Les établissements sont alors réduits à Tyr ainsi qu'à Beaufort pour le royaume de Jérusalem ainsi qu'à Tripoli, au Krak des Chevaliers, à Antioche ainsi qu'à Margat au nord[53].

La troisième croisade (1189 - 1192)

Richard Cœur de lion
Article détaillé : troisième croisade.

Lorsque la nouvelle de la prise de Jérusalem par Saladin parvient en Occident, le pape Grégoire VIII lançe des appels à une nouvelle croisade ainsi qu'à la paix. Richard de Poitou, futur Richard Cœur-de-Lion prend la croix le premier, bientôt suivi par Henri II d'Angleterre, Philippe Auguste. Dans le même temps, la flotte navale de Guillaume II de Sicile fait voile vers les avant-postes de Tripoli, Antioche et Tyr et assure le ravitaillement des dernières places fortes en armes et en hommes[54]. Le même mois, l'empereur Frédéric Ier Barberousse quitte Ratisbonne avec la plus grande armée croisée jamais rassemblée, au moins 20 000 chevaliers. Il suit la route terrestre. L'hostilité entre Byzantins et croisés allemands est particulièrement importante et Barberousse menace de marcher sur Constantinople. Sous la pression l'empereur Isaac Ange signe la paix et s'engage à faire traverser le détroit à l'armée allemande. Tandis que la traversée de l'Anatolie s'achève, Barberoussse se noie accidentellement dans les eaux du Sélef (Asie Mineure) en 1190 et une grande partie de ses Allemands retournent en Europe. Quelques centaines de chevaliers allemands uniquement parviennent à Acre.
Un conflit franco-anglais retarde le départ des rois des deux royaumes jusqu'en 1190. Embarquant à Gênes ainsi qu'à Marseille, les troupes de croisés hivernent en Sicile où ils se disputent sur de nombreux sujets politiques et personnels[54]. La prise de Chypre par le roi d'Angleterre assure aux croisés une base proche du lieu des conflits[55].

Saladin à l'assaut de Jaffa.

En terre sainte, le roi de Jérusalem Guy de Lusignan a commencé à assiéger Acre avec une petite troupe en août 1188[54]. Les deux souverains arrivent à Acre avec la plus grande armée franque jamais réunie. Les troupes de Saladin la tiennent à leur tour dans un demi-siège préjudiciable à ses communications ainsi qu'à son ravitaillement. Mais Saladin ne parvient pas à briser l'encerclement d'Acre et les Francs reprennent la ville aux Musulmans le 12 juillet 1192 après deux ans de siège. L'échec des musulmans tient en partie à leur mode de combat, inadapté à celui de l'armée franque, mais en particulier à la lassitude des troupes musulmanes. Les alliés et les vassaux avaient été contraints d'amener des contingents, mais la campagne avait été trop longue et n'avait même pas la perspective d'un butin compensateur[52].

Les reconquêtes chrétiennes de la troisième croisade.

Après la prise d'Acre, Philippe Auguste retourne en France[56]. Richard Cœur de Lion, resté seul, bat les musulmans à Arsouf. Arrivé à Jaffa en septembre, il passe l'année en Palestine du sud, période pendant laquelle il fait reconstruire Ascalon pour fortifier les frontières méridionales du Royaume de Jérusalem. Il force l'admiration de l'ennemi par ses prouesses. Par deux fois (en décembre 1191 puis en juin 1192), il parvient à quelques kilomètres de Jérusalem, mais ne peut reprendre la ville. En effet, il ne peut pénétrer trop longtemps au sein des terres sous peine de voir ses communications coupées. Il s'occupe aussi de régler les problèmes dynastiques du royaume de Jérusalem. Guy de Lusignan, dont la femme était décédée, conserve le titre royal qui doit revenir à sa mort à Isabelle, l'héritière du trône, ainsi qu'à son époux Conrad de Montferrat. Après avoir signé un traité par lequel Saladin renonce à éliminer les colonies franques de Syrie, il repart pour l'Angleterre en octobre 1192 et est capturé par Léopold V de Babenberg, duc d'Autriche et emprisonné pendant un an et demi.

La troisième croisade a empêché la chute de la Syrie franque et l'établissement d'un second royaume de Jérusalem, en fait royaume d'Acre, réduit à une frange côtière où les communautés marchandes italiennes jouent un rôle énorme[57]. Les souverains anglais et français se détournent désormais de la Croisade. Pour les chevaliers, elle devient une sorte de rite de passage et une institution. En 1194, l'ordre des Trinitaires est fondé par Jean de Matha pour le rachat des captifs prisonniers des musulmans. Il est plus tard confirmé par le pape Innocent III dans la bulle Operante divine dispositionis. L'empereur Henri VI, fils de Frédéric Barberousse veut reprendre la croisade à son compte dans l'objectif d'imposer sa suzeraineté à l'empereur byzantin ainsi qu'aux royaumes nouvellement institués de Chypre et d'Arménie. Ses troupes prennent Sidon et Beyrouth en 1197 et rétablissent la continuité territoriale entre Acre et Tripoli, mais son armée se disperse immédiatement après sa mort, survenue le 28 septembre 1197.

Les croisades du XIIIe siècle, déviation et impuissance

Les années entre 1187 et 1204 marquent un tournant dans l'histoire de l'Orient latin :

Quatrième croisade (1202 - 1204)

L'Entrée des Croisés à Constantinople, huile d'Eugène Delacroix (1840)
Article détaillé : quatrième croisade.

La quatrième croisade est nommée par le pape Innocent III en 1202. Dès le début de son pontificat, il souhaite lancer une nouvelle croisade vers les lieux saints d'inspiration purement pontificale. Il forge l'idée de "croisades politiques" qui sera reprise par ses successeurs. Il lève le premier des taxes pour financer les croisades et exprime le premier le droit à "l'exposition de proie", c'est-à-dire le droit pour le pape d'autoriser les catholiques à s'emparer des terres de ceux qui ne réprimeraient pas l'hérésie[58]

La prise de Constantinople par les croisés

La croisade est prêchée en France par le légat Pierre Capuano et le curé de Neuilly-sur Marne, Foulques de Neuilly, avec énormément de succès auprès de la noblesse champenoise[59]. Elle est dirigée par le marquis de Montferrat. Mais la IVe croisade ne prend pas le tour prévu par le pape. Les croisés traitent avec Venise. Ils louent une flotte pour 85 000 marcs d'argent pour transporter 4 500 chevaliers, 9 000 écuyers et 20 000 fantassins. Les croisés, qui ne peuvent pas payer leurs voyages aux armateurs vénitiens, sont détournés par eux à Zara sur la côte dalmate qu'ils prennent pour Venise. Le pape excommunie les croisés et Venise mais lève particulièrement vite l'excommunication pour les croisés. Philippe de Souabe, beau-frère d'Alexis Ange, fils de l'empereur byzantin déchu Isaac II, promet l'aide de l'Empire byzantin pour la croisade si Isaac est rétabli dans son trône. Innocent III espère tirer parti des divisions byzantines pour rétablir l'unité de l'Église[60]. Il ne s'oppose pas à une nouvelle déviation de la croisade vers Constantinople à l'instigation des Vénitiens, sous prétexte de rétablir Isaac II dans ses droits, ni à la prise de la ville par les croisés et le Vénitiens le 13 avril 1204[61]. Enrico Dandolo fait désigner Baudouin de Flandre comme empereur d'Orient. Innocent III accepte le fait accompli se satisfaisant des promesses d'union des Églises et de soutien aux États latins d'Orient. Mais, informé des excès des croisés, il parle premier de détournement de la croisade et accuse les Vénitiens. Le concept de déviation est par conséquent contemporain de la quatrième croisade[62].

Les responsabilités

Si Innocent III est à l'origine du dévoiement de l'idée de croisades, la responsabilité de Venise est écrasante dans la prise de Constantinople. La république utilise au mieux les circonstances pour servir ses intérêts. Depuis 1082, elle a obtenu dans l'Empire byzantin des privilèges commerciaux immenses qui ont presque sans arrêt été renouvelé. Mais elle se sent menacée par la concurrence commerciale de Gênes et de Pise qui ont obtenu des avantages identiques, par la piraterie que l'Empire byzantie ne réprime pas et par l'hostilité de plus en plus grande des Grecs. En 1172 et 1182, des émeutes anti-latines ont abouti au massacre ainsi qu'à l'expulsion de marchands italiens. Qui plus est , attaqué de toute part l'Empire est en voie de désagrégation. La conquête de Constantinople permettrait aux Vénitiens de circuler dans la Mer Noire qui leur est pour le moment interdite. Les intérêts économiques de Venise, la pousse à vouloir dominer Constantinople[63]. Le doge Enrico Dandolo dispose de moyens de pression énormes : les créances des croisés, le "bon droit" d'Alexis IV et les immenses richesse dans la vieille capitale.
En réalité, l'empire vénitien, issu de la quatrième croisade permet d'assoir pour longtemps la domination vénitienne en Méditerranée[64]. À Venise, échoie un quartier entier de Constantinople, les ports de Coron et de Modon au sud du Péloponnèse et la Crète qui apporte à partir du XIVe siècle, le bois, le blé et les denrées agricoles. De nombreuses îles grecques où se sont installées de familles vénitiennes restent plus ou moins dans la mouvance de la Sérénissime[65]. La déviation de l'idée même de croisade et le pillage de Constantinople chrétienne transforment les ordres militaires en puissances financières et , par là même, politiques[66].

La Cinquième croisade (1217–1221)

Article détaillé : cinquième croisade.

La cinquième croisade est précédée de la croisade des enfants déclenchée simultanément dans la région parisienne, en Rhénanie et en Italie du Nord, peu après l'émotion suscitée, à la Pentecôte 1212, par les processions ordonnées pour aider à la victoire sur les Sarrasins d'Espagne. Suite à une vision, le jeune Berger Estienne de Cloyes-sur-le-Loir rassemble des pèlerins et les mène vers Saint-Denis pour y rencontrer le roi Philippe Auguste. À la même époque, d'autres groupes partent d'Allemagne et se rendent vers les ports de Gênes et de Marseille. Les chroniqueurs mentionnent que certains réussirent à embarquer et qu'ils sont commercialisés comme esclaves ou bien meurent de faim au cours du voyage. Certains réussissent à gagner Rome. L'empereur Frédéric II fait pendre quelques-uns des trafiquants marseillais compromis dans l'affaire. Malgré un nom qui vient de traductions incertaines et de documents tardifs, ce mouvement affecte fort peu de véritables enfants ; les participants sont en particulier de pauvres gens désireux de donner une leçon aux chrétiens plus favorisés, chez qui l'idée de croisade s'émoussait[67].

Le delta oriental du Nil

Dans le même temps, Innocent III essaie de convaincre le sultan d'Égypte de restituer Jérusalem aux chrétiens, pour que la paix s'installe entre musulmans et chrétiens. La construction d'une forteresse musulmane sur le mont Thabor, bloquant Acre, le décide à prêcher la croisade[30] au quatrième concile de Latran en 1215. Les armées de la Hongrie, de l'Autriche, et de la Bavière s'attaquent en premier lieu à la forteresse du Mont-Thabor. Puis le 31 mai 1218, l'armée des croisés mouille sa flotte devant Damiette, port localisé sur la grande branche oriental du Nil et gardant la route du Caire. Tandis que la ville est assiégée, saint François d'Assise et un de ses disciples se présentent à l'armée musulmane. Ils sont arrêtés comme espions. Ils n'ont la vie sauve grâce au sultan d'Égypte[68]. Après un long siège, les croisés s'emparent de Damiette le 5 novembre 1219. Après le saccage de la ville, le légat du pape Pélage Galvani les persuade d'attaquer Le Caire. Harcelée sans cesse par les troupes de Malik Kamil, les croisés doivent capituler sans conditions.

Sixième croisade (1228 - 1229)

Article détaillé : sixième croisade.

Lors de son couronnement à Aix-la-Chapelle en 1220, Frédéric II promet au pape de partir en croisade. Mais dans l'Empire, il doit faire face à la résistance des communes lombardes en 1225-1226 et tarde à accomplir son vœux. Entre temps, les croisés déjà arrivés en Orient, après avoir restauré quelques places fortes, commencent à repartir pour l'Occident. Or, la papauté cherche à desserrer l'étau que fait peser l'empereur du Saint-Empire sur ses États pontificaux en éloignant l'ambitieux souverain[69]. Frédéric est par conséquent excommunié par Grégoire IX en 1227 pour ne pas avoir honoré sa promesse de lancer la sixième croisade. Il embarque à Brindisi pour la Syrie l'année suivante tandis que son excommunication n'est pas levée. Sa brève croisade se termine en négociations et par un simulacre de bataille avec le sultan Malik al-Kamel «le Parfait», avec qui des liens d'amitié s'étaient tissés, et par un accord, le traité de Jaffa. Il récupère sans combattre les villes de Jérusalem (où le Temple restait aux musulmans), de Bethléem et de Nazareth. Il est ensuite couronné roi de Jérusalem le 18 mars 1229. Tandis que Frédéric II est parti en Orient pour respecter sa promesse de se croiser, le pape lance contre lui une armée financée par une taxe sur les revenus du clergé et les reliquats des sommes prélevées pour la croisade des Albigeois[70]. L'Orient latin est remis en selle pour une dizaine d'années

En 1237, une nouvelle croisade est lancée par le pape Grégoire IX. Cette «croisade des barons» est dirigée par le comte de Champagne, le duc de Bourgogne et Richard de Cornouailles. Elle poursuit la tradition des négociations avec les princes musulmans, en exploitant leurs rivalités. Le comte Richard obtient la restitution d'une grande partie du royaume de Jérusalem (1239-1241), complétant ainsi l'œuvre de Frédéric II[30].

Les croisades de Louis IX

La situation reste confuse en Orient. Les Francs s'allient aux Syriens contre l'Egypte. Les Templiers attaquent l'Égypte en 1243, sont vaincus, et en 1244 les Korasmiens (bandes turcomanes au service des Égyptiens) reprennent Jérusalem. Le pape Innocent IV lance un nouvel appel à la croisade. Le roi de France, Louis IX, et celui de Norvège décident de prendre la croix mais seul Louis IX part accompagné de barons anglais et du prince de Morée. Il part d'Aigues-Mortes en France et débarque à Chypre en 1248. L'armée croisée s'empare de Damiette en 1249 et entreprend la conquête de l'Égypte. Cette campagne est un lourd échec durant lequel Saint Louis est capturé avec ses hommes en 1250[30]. Les succès de l'armée égyptienne, essentiellement composée des Mamelouks a pour conséquence l'arrivée au pouvoir de ces derniers qui massacrent les derniers ayyoubides.

Saint-Louis et la Septième croisade

La captivité de Louis IX provoque la croisade des pastoureaux à l'initiative d'un certain Job, ou Jacob ou Jacques, moine hongrois de l'ordre de Cîteaux qui prétend avoir reçu de la Vierge Marie une lettre affirmant que les puissants, les riches et les orgueilleux ne pourront jamais reprendre Jérusalem, mais que seuls y parviendront les pauvres, les humbles, les bergers, dont il doit être le guide. Des milliers de bergers et de paysans prennent la croix, et marchent vers Paris, armés de haches, de couteaux et de bâtons. Sur la route, les pastoureaux accusent abbés et prélats de cupidité et d'orgueil, et s'en prennent même à la Chevalerie, accusée de mépriser les pauvres et de tirer profit de la croisade. Les Juifs sont molestés. Des villes sont pillées. Il s'en suit une féroce répression et seuls quelques rescapés parviennent jusqu'à Marseille et s'embarquent pour Acre, où ils rejoignent les croisés.

Pour être libérés, les prisonniers du sultan d'Égypte doivent verser une lourde rançon et abandonner Damiette. Louis IX séjourne ensuite plusieurs années en Terre sainte pour mettre en état de défense les territoires conservés par les Francs. Dans le même temps, il noue des relations diplomatiques avec le successeur de Gengis khan, Qubilaï, croyant à l'intérêt d'une alliance pouvant prendre l'Islam à revers[71]. Il négocie des trêves avec les princes musulmans avant de repartir pour la France en 1254. Cette conciliation est de courte durée. les États latin d'Orient sont de nouveau menacé par les Égyptiens. Urbain IV nomme à une huitième croisade. Les croisés partent de 1265 à 1272. Ils consacrent leurs efforts à aider les Francs d'Acre à défendre leurs dernières places. Pour Louis IX, cette huitième croisade est un pèlerinage expiatoire. Il Il se dirige vers Tunis car il espère convertir au christianisme l'émir hafside al-Mustansir et , peut-être, faire de la Tunisie une base d'attaque vers l'Égypte mamelouk qui contrôle alors la Terre sainte. Il apparaît particulièrement vite que l'émir n'a aucune intention de se convertir. La dysenterie (ou le typhus) fait des ravages dans les troupes. Louis IX, touché à son tour, meurt, le 25 août 1270 à Carthage[72]. En Orient, Édouard d'Angleterre parvient à amener le sultan à accorder une nouvelle trêve aux Latins.

Le IIe concile de Lyon, présidé par Grégoire X en 1274 décide d'une nouvelle croisade. Mais les hésitations des princes et les lenteurs de la préparation font qu'elle n'a jamais eu lieu. Après la chute de Tripoli en 1289, Nicolas IV proclame une autre croisade. Mais elle échoue à sauver Acre en 1291[30]. A partir de cette date, il n'y a plus d'États latins en Orient. Les Latins sont ainsi privés d'une base commerciale importante.

Les structures de la Croisade

Organisation et idéologie de la croisade

L'initiative de la croisade revient le plus fréquemment au pape, plus rarement à un souverain. Ainsi en 1267, Louis IX se croise de lui-même après en avoir informé le pape[73]. Le pape prêche lui-même la croisade ou en confie la prédication à des clercs autorisés. Au XIIe siècle, il faut fréquemment freiner l'ardeur des prédicateurs populaires à l'origine de nombreux excès. De la IIe à la IVe croisade, la prédication de la croisade est confiée à l'ordre cistercien.
Le pèlerin reçoit des privilèges spirituels et matériels constituant le statut du croisé. Lors de la première croisade Urbain II promet à celui qui meurt en chemin ou au combat la rémission des pêchés, à ceux qui accomplissent le vœu de croisade l'indulgence plénière[74]. À partir d'Innocent III, les canonistes élaborent une doctrine cohérente de la croisade. Ils justifient ainsi la guerre sainte néenmoins contraire au message évangélique en arguant que les infidèles ont occupé la Terre consacrée par la mort du Christ et maltraité des chrétiens. La guerre de conquête et les conversions forcées sont justifiées par l'impossibilité qu'ont les missionnaires chrétiens de propager la parole de Dieu en terre musulmane. Il faut par conséquent la conquérir pour pouvoir annoncer l'Évangile. Les canonistes fixent aussi une hiérarchie des indulgences suivant le temps passé en Terre Sainte : deux ans pour une indulgence plénière[75]. Avec le quatrième concile du Latran, l'indulgence plénière est étendue à ceux qui contribuent à la construction de bateaux pour la croisade tandis que jusque là seuls les combattants en bénéficiaient. C'est un appel direct aux armateurs de villes italiennes[30]. Les décisions ont comme but d'associer toute la chrétienté à l'idéal des croisades et non pas uniquement les combattants. Il suffit pour cela d'aider financièrement à l'organisation de la cinquième croisade[76]. En proposant à l'ensemble des fidèles de participer à la croisade par la prière, le don ou le combat, le pape inaugure la spiritualisation de la croisade.
La bulle quantum prædecessores stipule que le croisé, sa famille et ses biens sont positionnés sous la protection de l'Église. Il est pendant son voyage exempté de taxes, d'aide, de péages. Le paiement de ses dettes est suspendu jusqu'à son retour[77]. Le pouvoir civil proteste contre cet empiétement de l'Église que le prive de soldats et de revenus. D'ailleurs dès la première croisade Urbain II précise que le vassal doit obtenir l'aval de son seigneur pour diminuer les conflits. Après l'échec de la IIe croisade, le statut de croisé est le plus fréquemment attribué à des hommes en armes. Au XIIIe siècle, la croix est donné à des femmes, des enfants, des vieillards qui doivent alors racheter leur vœu[78].

Financement des croisades

Le financement fluctue lui aussi avec le temps. Lors de la première croisade, les croisés doivent financer eux-mêmes leur voyage. Énormément gagent des terres auprès des ordres monastiques dont les propriété foncières augmentent. Ici encore, c'est une entorse au droit féodal car en principe le fief ne peut revenir qu'au seigneur. Au cours du XIIe siècle le seigneur en vient à exiger l'aide de ses vassaux. Les rois de France lèvent des contributions en 1166, 1183 et 1185, 1 ou 2 deniers par livre de biens pour la défense des terres franques en Orient. La dîme saladine de 1188 est le premier impôt véritable levé sur les biens meubles et les revenus en France et en Angleterre.
De son côté l'Église passe de la collecte des dons à la taxation. C'est Innocent III qui impose pour la première fois le clergé. En 1199, il décide de prélever un quarantième des revenus de la totalité du clergé et un dixième pour les cardinaux, d'où le nom de décimes[79]. Le IVe concile du Latran, qu'il préside, décide d'autre part de frapper les revenus ecclésiastiques d'un impôt d'un vingtième et les biens de pape et des cardinaux d'un impôt d'un dixième[80]. La décime devient courante au XIIIe siècle. Elle entraîne la création d'une administration financière spécialisée. Ce sont les légats qui en contrôlent la levée, mais aussi les autres ressources : legs, rachat de vœux, dons assortis d'une indulgence proportionnelle[81]. Si dans la totalité, les sommes sont consacrées à la croisade mais il y a quelquefois des détournements. Le reliquat de la décime versée par le clergé français pour la croisade des Albigeois pour mener la guerre contre Frédéric II. Ce "détournement" affaiblit la cause de la croisade.

L'acheminement des troupes et du ravitaillement

Lors de deux premières croisades, les croisés empruntent la route terrestre et traversent l'Empire byzantin. L'empereur s'engage à assurer des marchés approvisionnés le long du parcours[82]. En terre byzantine, les croisés connaissent des problèmes de change, les changeurs byzantins leur proposant des taux défavorables. Lors de la traversée de l'Anatolie, il faut prévoir 20 jours de vivres. Mais les attaques des Turcs et le manque d'eau provoquent des pertes énormes pour les bêtes et les hommes. Par conséquent lors de la troisième croisade, deux des trois souverains choisissent la voie maritime.
La route maritime est ancienne. Dès la fin du XIe siècle, les pèlerins scandinaves et anglais gagnaient la Terre Sainte en contournant la péninsule ibérique. D'ailleurs l'unique succès de la seconde croisade a été la prise de Lisbonne par des croisés anglais et flamands. Au XIIe siècle, Gênes, Pise puis Venise commence à ravitailler les États latins et ceci dès la fin de la première croisade. Les cités maritimes italiennes aident à la prise de ports[83]. Elles transportent régulièrement des pèlerins. Lors de la IIIe croisade, Gênes s'engage à assurer le passage de 650 chevaliers, 1300 écuyers, tout autant de chevaux et le ravitaillement pour le compte de Philippe Auguste. Au XIIIe siècle, les accords entre les ports italiens et les croisés portent plutôt sur la location de bateaux[84].

Les croisades permettent le développement de l'activité commerciale des cités italiennes. En échange de l'aide de Gênes, les barons francs attribuent aux Génois une part de butin, un quartier ou fondouk, l'exemption des taxes dans les villes conquises. Outre au transport et au ravitaillement des États latins, les comptoirs servent de support aux importations en Occident des produits de luxe de l'Orient comme les épices, aux exportations en Orient de draps de laine, d'armes, de bois et de fer. L'Orient devient ainsi le champ des rivalités entre Gênes et Venise. Après la quatrième croisade et la prise de Constantinople par les croisés, Gênes est exclue des terres byzantines. La cité offre par conséquent son appui à Michel VIII Paléologue qui, redevenu maître de Constantinople, donne à ses alliés le monopole du commerce en Mer Noire[85].

Afin d'éviter d'avoir à changer leur pièce à un taux désavantageux, les croisés utilisent un dispositif d'escompte. Les templiers versent en Syrie l'argent dont Louis VII a besoin et se font rembourser à Paris. Les croisades permettent ainsi de développer les activités bancaires[86].

L'esprit de la croisade

Dès l'origine de la croisade, la croisade est une entreprise féodale réservée à la chevalerie. L'accomplissement du vœu de croix devient une étape indispensable à la formation du parfait chevalier. Dans l'imaginaire chevaleresque, le christ devient le parfait seigneur pour lequel on peut se sacrifier. Le chevalier croisé est par conséquent un miles christi. Les chroniqueurs comparent les croisés au peuple élu qui écrit une nouvelle histoire sainte[87]. Les prédicateurs n'hésitent pas non plus à parler des richesses qui attendent les croisés en terre sainte. Ils parlent d'une terre riche et fertile qui comblera leurs espérances[88].

Le fait que des milliers d'hommes et de femmes se soient mis en mouvement et aient accepté de braver de danger et la souffrance pour l'amour de Dieu est la preuve que les masses de la fin du XIe siècle étaient particulièrement réceptives aux grands thèmes spirituels du Christianisme et surtout la pénitence[89]. Mais en particulier, les paysans, les femmes, les enfants, les clercs qui ont tout abandonné pour suivre les prédicateurs populaires espèrent que la délivrance de Jérusalem inaugurera une ère nouvelle dans l'histoire de l'Église et du monde. L'attente eschatologique et millénariste est particulièrement forte dans le peuple. Empêcher la venue de l'Antéchrist, hâter la parousie font partie de ses préoccupations. Les masses sont aussi persuadées que Dieu leur a assigné une tâche : libérer les lieux saints et purifier le monde du mal pour préparer le retour du Christ[25]. Les armes de la victoire sont pour ces masses, la pénitence symbolisée par la croix cousue sur le vêtement, les jeûnes, les prières, les processions, d'où les nombreuse mortifications que s'infligent les pélerins. Les croisades révèlent pour la première fois en Occident l'existence d'une spiritualité populaire tournée vers l'action, moyen de gagner le salut[90].
Dans les milieux populaires, la croisade fait appel au merveilleux. Les foules voient des signes et des prodiges manifestant la volonté divine au moment des prédications, ce qui les entrainent à partir. Des rumeurs circulent sur les croix marqués dans la chair des croisés morts ou vivants. Ces "prodiges" sont accompagnés de prophéties et entretiennent l'idée que la fin du monde approche. L'attente de la parousie se colore de légendes politiques. Le roi des derniers jours prendra sa couronne sur le Golgotha et sera un franc[91]. De même, la soumission du "roi des Grecs" est dans l'ensemble des traditions, le prélude au retour d'un âge d'or. La foule cherche aussi à imposer l'idéal de pauvreté et de pénitence aux grands surtout lors de la première croisade[92]. Les attentes millénaristes ont pour corollaire fanatisme ainsi qu'à la violence sur les juifs et les musulmans. Les millénaristes «tendent à faire table rase du groupe des autres»[93]. Les croisades répondent ainsi à l'attente des fidèles aspirant à un salut qui semble complexe à atteindre dans la vie quotidienne[94].

Bilan et conséquences des croisades en Europe

Les Croisades contribuent à semer une haine durable entre chrétiens (catholiques et orthodoxes), et entre chrétiens et musulmans. Après les croisades, les catholiques ne peuvent plus, durant cinq siècles, faire le pèlerinage de Jérusalem. Essentiellement, les Croisades, en particulier la quatrième, sont un formidable transfert de richesses de l'Orient vers l'Occident.


Adaptations militaires

Un certain nombre d'adaptations visent à limiter l'échauffement au soleil : plusieurs auteurs signalent de nombreuses morts dues à l'insolation. Le heaume est fréquemment remplacé par le chapeau de fer, le long haubert par une cotte de maille plus courte, le haubergeon, ou par le gambison (vêtement rembourré porté sous la cotte de maille, pour amortir les chocs). De même, des housses couvrent les armures et les chevaux, pour limiter l'échauffement au soleil. Les chevaux turcomans sont aussi acquiss (ou volés) en grand nombre, pour remplacer les chevaux tués au combat ou morts. L'armement local, d'excellente qualité (les armuriers de Damas avaient excellente réputation), sert aussi pour remplacer les armes que les combattants européens ont perdues ou cassées. De façon plus large, l'emploi de la masse turque, qui sert à défoncer les pièces d'armure, se généralise en Europe après les croisades. Elle entraîne l'abandon du heaume à sommet plat, remplacé par les casques bombés, déviant les coups.

Les principales adaptations militaires sont localisées cependant dans la tactique. L'efficacité meurtrière des archers montés, qui fréquemment visent les chevaux des Francs, pousse à une remise en cause du combat fondé sur la recherche du choc frontal. Le recours plus habituel à l'infanterie, protégeant les chevaux derrière de longs boucliers, ainsi qu'aux archers et en particulier aux arbalétriers, plus puissants et précis que les archers, sert à rivaliser avec les cavaliers musulmans. Des unités d'arbalétriers montés sont aussi créées, mais aussi des unités de cavalerie légère autochtone, les turcopoles, particulièrement utiles aussi pour le renseignement.

Mais la tactique favorite, la charge massive créant la rupture de l'armée ennemie, n'est pas abandonnée, et l'armement lourd non plus. D'une part, les habitudes et les dépenses lourdes dans cet armement font qu'il était complexe de les abandonner. D'autre part, l'armement lourd assure une supériorité certaine à des combattants chrétiens le plus fréquemment en infériorité numérique. Enfin, en choisissant le moment du combat pour que les combattants n'attendent pas en armes sous le soleil, et pour que le combat soit bref, les Européens ont quelquefois d'excellents résultats[95].

Pour soutenir la cause de la défense de la Terre sainte, les premiers ordres de moines-soldats sont fondés, mêlant à l'instinct guerrier l'idéal monastique. Les premiers ordres, français et espagnols, sont constitués en communautés, ascétisme et prière purifiant l'épée conçue pour pourfendre le «païen», l'identifiant au glaive de l'archange saint Michel transperçant le dragon. Au XIVe siècle, tandis qu'il n'y a plus de croisades en Terre sainte de nombreux nouveaux ordres apparaissent, toujours pourvus d'un parfait de sacrifice et de pureté, toujours voués à la prière ainsi qu'à la mortification. Mais les mortifications sont dédiées à une dame plus fréquemment qu'à Dieu, fêtes et tournois prennent le pas sur la prière. Le crépuscule du Moyen Âge transforme les ordres de chevalerie en cercles aristocratiques où s'élabore un art de vivre, un langage allégorique, une imagerie littéraire ou graphique qui transpose dans l'illusion la geste chevaleresque[66].

La confrontation de l'Orient et l'Occident

L'Empire byzantin et la croisade

Bien que dirigés contre les Musulmans, les croisades ont été contraires aux intérêts de l'Empire byzantin[96]. les troupes qui traversent l'Empire byzantin commettent des excès (pillages, violence physique... ). Les Normands profitent des croisades pour attaquer l'Empire. Les mesures prises par les empereurs pour protéger l'Empire des croisés (surveillance des troupes latines, alliance avec les Turcs... ) entrainent une grande méfiance vis-à-vis de Byzance et un sentiment de trahison. Alexis Comnène est traité de perfide et de traitre. La propagande normande augmente le thème de la perfidie grecque qui devient un lieu commun et une explication aux échecs des croisés[97]. Elle légitime la prise de Constantinople en 1204. Pour les Byzantins, cet événement fait définitivement des croisades un acte de piraterie dont l'objectif religieux n'est qu'une façade.
La notion de croisade ou de guerre sainte est incompréhensible pour un byzantin. Les guerres sont pour eux seulement des actes politiques. L'Église orthodoxe est hostile à l'emploi des armes par les laïcs et toujours plus pour les clercs. Les Byzantins sont par conséquent indignés de voir, quelquefois, des prêtres latins participer personnellement aux combats[98]. Malgré ces différences au XIIe siècle, pour la majorité des croisés, les Byzantins sont des frères chrétiens. La conscience du schisme n'a guère dépassé les milieux ecclésiastiques. Ce sont vraiment les événements de 1204 qui creusent réellement et définitivement la séparation entre catholiques et orthodoxes. La haine du latin devient plus forte que celle du Turc[99].

L'Islam et la croisade

À la fin du XIe siècle, le djihad a perdu sa force d'attraction parmi les Musulmans. L'Occident latin est entré dans une phase d'expansion aux dépens de l'Islam. De même que les musulmans reconnaissent les communautés juives et chrétiennes, les États chrétiens d'Orient et la Sicile accordent aux musulmans des institutions propres et une certaine liberté de culte. Aux excès de premiers croisés a par conséquent succédé une cohabitation acceptable et particulièrement comparable à la pratique musulmane[100].
Les chroniqueurs arabes de l'époque ne perçoivent pas le motif religieux de la croisade et celle-ci tient peu de place dans leurs ouvrages mis à part pour les auteurs originaires de la région comme Ibn-al-Athir. L'opinion publique musulmane n'est hostile aux croisés qu'en Syrie du Nord, région la plus lésée par les conquêtes des Latins. De fait, les croisades n'ont pas génèré de "contre-croisades" générale. Le thème du djihad n'est utilisé que pour rassembler les Musulmans du Proche-Orient et d'Égypte et éliminer les Chiites. Par contre l'établissement d'un État militaire en Égypte dans la seconde partie du XIIIe siècle peut être reconnu comme une conséquence directe des croisades. Cet État est particulièrement intolérant envers les dhimmis (juifs et chrétiens) car il craint une alliance à revers entre eux la puissance mongole en pleine expansion[101].

Les croisades n'ont pas favorisé la connaissance réciproque des deux civilisations. Les contacts les plus enrichissants se sont noués en Espagne, en Sicile ainsi qu'à Constantinople après 1204. De fait, la propagande autour des croisades est plutôt négative. Les Musulmans sont accusés à cette occasion d'idolâtrie, d'immoralité et même de louer et justifier la violence, tandis que les chrétiens eux-mêmes faisait l'apologie de la guerre pour rassembler et recruter des chevaliers sous la bannière du Christ. Pour la première fois, les Chrétiens occidentaux sont confrontés à une masse de non-chrétiens[102]. Les disputations religieuses sont rares. Si quelques musulmans sont devenus chrétiens, les passages du christianisme vers l'Islam ont été plus nombreux. Certains missionnaires catholiques louent la générosité et l'hospitalité des musulmans[103].

Notes et références

  1. Cécile Morrisson, Les Croisades, PUF, 1969, nouvelle édition : 2006, p. 3
  2. Cécile Morrisson, p. 8
  3. Cécile Morrisson, p. 9
  4. Cécile Morrisson, p. 10
  5. G. Le Bon in La Civilisation des Arabes, Livre III, éd numérisée, page 161
  6. Jacques Heers, La première croisade, Perrin, coll. «Tempus», 1995 (réimpr.  2002) (ISBN 978-2-262-0868-9) , p.  37-38 .
  7. A l'aube de la première croisade : le face-à-face des chrétiens et des musulmans in «Le concile de Clermont de 1095 et l'appel à la croisade, actes du colloque universitaire international de Clermont-Ferrand (23 - 25 juin 1995) , éditions de l'École Française de Rome, 1997, ISSN 0223-5099 p. 341
  8. Cécile Morrisson, p. 11
  9. André Vauchez, La spiritualité du Moyen Age occidental, PUF, 1975
  10. André Vauchez, p. 69
  11. Cécile Morrisson, p. 12
  12. Cécile Morrisson, p. 13
  13. Cécile Morrisson, p. 14
  14. Cécile Morrisson, p. 16
  15. Cécile Morrisson, p. 17
  16. Jean Richard, Face aux croisés, L'histoire n°337, décembre 2008, p. 52
  17. Cécile Morrisson, p. 19
  18. Cécile Morrisson, p. 20
  19. André Vauchez, p. 72-73
  20. Cécile Morrisson, p. 28
  21. Cécile Morrisson, p. 29
  22. Cécile Morrisson, p 30
  23. Michel Balard, Jean-Philippe Genêt, Michel Rouche, Des Barbares à la Renaissance, Hachette, 1973, p 179
  24. René Grousset, Histoire des croisades et du royaume franc de Jérusalem - I. 1095-1130 L'anarchie musulmane, 1934, p. 77
  25. André Vauchez, p. 108
  26. Gérard Nahon, Histoire du peuple juif, Encyclopædia Universalis, DVD, 2007
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  28. Esther Benbassa, «Antisémitisme», Encyclopædia Universalis, DVD, 2007
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  30. Jean Richard, Article Croisades, Encyclopædia Universalis, DVD, 2007
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  33. Cécile Morrisson, p. 27
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  41. Michel Balard, Jean-Philippe Genêt, Michel Rouche, p. 180
  42. Cécile Morrisson, p. 38
  43. Jean-Philippe Lecat, L'idée de croisade selon Bernard de Clairvaux, Grandes signatures, n°1, Avril 2008, p. 68
  44. Christian Marlorsque, La civilisation normande de Sicile, Bibliothèque en ligne, Clio. fr, 1990, consulté le 20 octobre 2008
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  54. Jonathan Riley-Smith, Atlas des Croisades, Edition Autrement, coll. «Atlas/Mémoires», Paris, 1996 (réimpr.  1996), 192 p. (ISBN 2-86260-553-0) , p.  62 
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  60. Marcel Pacaut, Article Innocent III, Encyclopædia Universalis, DVD, 2007
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  73. Cécile Morrisson, p 77
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  76. Jean Chélini, Histoire religieuse de l'Occident médiéval, Hachette, 1991 p 315
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  80. Jean Chélini, p. 317
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  89. André Vauchez, p. 107
  90. André Vauchez, p. 109
  91. Cécile Morrisson, p. 107
  92. Cécile Morrisson, p. 108
  93. Jacques Le Goff, Article Millénarisme, Encyclopædia Universalis, DVD, 2007
  94. André Vauchez, p. 110
  95. Pour le §, Frédéric Arnal. Adaptation technique et tactique du combattant franc à l'environnement proche-oriental à l'époque des Croisades. 1190-1291 Cahiers du Centre d'études d'histoire de la défense n° 23, 2004. (ISBN 2-11-094729-2) . En ligne [3]. Consulté le 3 mars 2007
  96. Cécile Morrisson, p. 114
  97. Cécile Morrisson, p. 115
  98. Cécile Morrisson, p. 116
  99. Cécile Morrisson, p. 117
  100. Cécile Morrisson, p 118
  101. Cécile Morrisson, p 119
  102. Cécile Morrisson, p. 120
  103. Cécile Morrisson, p. 121

Annexes

Bibliographie générale

Article détaillé : Bibliographie sur les croisades.

Liens externes

Primary Sources.

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