Inquisition

L'Inquisition était une juridiction spécialisée, créée par l'Église catholique romaine et relevant du droit canonique. Elle était chargée d'émettre un jugement sur le caractère orthodoxe ou non des cas qui lui étaient soumis.



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Définitions :

L'Inquisition était une juridiction spécialisée (un tribunal), créée par l'Église catholique romaine et relevant du droit canonique. Elle était chargée d'émettre un jugement sur le caractère orthodoxe ou non (comparé au dogme religieux) des cas qui lui étaient soumis. L'Inquisition était une juridiction d'exception, établie pour représenter l'autorité judiciaire du pape sur une région donnée, lorsque le fonctionnement courant des tribunaux ecclésiastiques s'avérait inadapté.

Dans l'histoire, il y a eu plusieurs juridictions spécialisées de ce type. Il est envisageable de distinguer trois différentes Inquisitions, qui font l'objet d'articles scindés :

  1. l'Inquisition médiévale,
  2. l'Inquisition espagnole, inféodée à la couronne d'Espagne, fondée en 1478, et l'Inquisition portugaise, fondée en 1531,
  3. l'Inquisition romaine (Congrégation de l'Inquisition romaine et universelle), fondée en 1542, rebaptisée Sacrée Congrégation du Saint-Office en 1909.

Le présent article traite des aspects généraux de l'Inquisition, comparé à l'approche catholique de l'hérésie, à sa justification politique, au fonctionnement du droit, mais aussi la manière dont l'Inquisition est désormais présentée et perçue socialement. Les aspects historiques se limitent ici à la chronologie générale.

Saint Dominique présidant un auto da fé, Pedro Berruguete, 1475, musée du Prado.
Image allégorique (et anachronique) traduisant le fait que les inquisiteurs étaient fréquemment dominicains, et que la sanction de l'hérésie pouvait être le bûcher.
Au contraire de ce que présente l'image, saint Dominique est mort deux siècles avant la création de l'Inquisition espagnole, et les exécutions n'avaient pas lieu pendant les cérémonies d'auto da fé.

Racines de l'Inquisition

Évolution de la vision de l'hérésie

Si l'Église avait connu une période de calme relatif après le IXe siècle, les "hérésies" connaissent un nouveau développement aux XIe siècle et XIIe siècles, le plus fréquemment en suivant les routes de pèlerinage. Des études locales ont en effet montré que les hérésies se répandent fréquemment par ce biais, par le bouche à oreille : les pèlerins discutent entre eux, et avec les villageois lors de leurs étapes, propageant ainsi des questions et des réponses en dehors du pouvoir régulateur de la paroisse.

Au haut Moyen Âge, l'hérétique est comme un lépreux qu'il faut éloigner du corps sain des fidèles par l'excommunication, puis par l'exil ou la confiscation des biens. Au bas Moyen Âge, l'hérésie forme une rupture du lien social. Régine Pernoud écrit ainsi :

«Tout accident spirituel semble dans ce contexte plus grave qu'un accident physique. (…) Sous bien des rapports, l'Inquisition fut la réaction de défense d'une société pour laquelle, à tort ou à raison, la préservation de la foi semblait aussi importante que aujourd'hui celle de la santé physique[1]

Dans la bulle pontificale Vergentes in senium (25 mars 1199), Innocent III assimile même l'«aberration dans la foi» à un crime de lèse-majesté, concept romain redécouvert à cette époque par les autorités laïques.

Après la création de l'Inquisition, la définition de l'hérésie (pour laquelle elle deviendra progressivement l'unique tribunal compétent) sera constamment élargie. Par opportunisme, on fait entrer dans le champ de l'hérésie des éléments de plus en plus divers : l'apostasie de juifs et musulmans convertis, ou encore la sorcellerie, laquelle leur est assignée formellement en 1261 par Jean XXII. Mais on nomme aussi hérétiques les schismatiques à l'occasion de la lutte contre Frédéric II ou, au XIVe siècle, du Grand Schisme d'Occident — ou encore ceux qui refusent de payer les dîmes. La frontière se brouille aussi entre indiscipline et hérésie : Jean XXII nomme l'Inquisition contre les Spirituels, dissidents de l'ordre des franciscains, puis les béguins.

Les prérogatives croissantes de l'Inquisition et l'allègement constant de la tutelle qui devrait s'exercer sur elle expliquent la toute-puissance de l'institution au XIIIe siècle : les inquisiteurs prennent l'habitude de travailler seuls, et sans rendre de comptes, augmentant ainsi le risque d'abus de pouvoir.

Contestation de l'ordre social

L'hérésie n'est pas uniquement affaire de doctrine : elle est vue comme un crime global contre Dieu, les princes, la société — ce qui alors revient au même. Étant une rupture du lien social, la lutte contre l'hérésie est une question d'ordre public. Les princes sont par conséquent intéressés par sa répression à plusieurs titres, et l'autorité civile, pour préserver l'ordre public, se met à lutter contre des hérésies et sanctionner des hérétiques de manière potentiellement autonome : la décrétale Ad abolendam (1184) de Lucius III fait de la répression de l'hérésie un élément constitutif du pouvoir de l'Empereur, en l'espèce Frédéric Barberousse.

Cette confusion entre domaines spirituel et temporel est assez générale, en europe, au XIIIème siècle. Par contre, dans le midi de la France et tout au nord du Royaume d'Aragon, la liberté de culte est particulièrement répandue (Exemple : des juifs sont élus consuls à Toulouse, cité dans "L'Histoire Générale du Languedoc" par Dom Vaissete). L'établissement du premier tribunal de l'Inquisition à Carcassonne, après les "Croisades Albigeoises", est par conséquent, probablement, une facon de s'assurer la coopération des "nouveaux" seigneurs locaux après s'être débarrassé des "anciens".

Cette implication des autorités laïques entre en conflit avec l'autorité de l'Église : des tribunaux royaux ou impériaux se prononcent sur des problèmes de doctrine. Ce conflit de juridiction est tranché par l'arrangement de Vérone (1148)  : «les hérétiques doivent être jugés par l'Église avant d'être remis au bras séculier». Inversement, l'Église oblige les autorités «laïques» (dont la légitimité se fonde sur un modèle de société chrétienne) à rechercher les hérétiques, sous peine d'excommunication ou de déposition.

Dès le début, l'Inquisition est par conséquent fondée sur le principe de la collaboration et du partage des tâches entre l'Église et les autorités laïques, chacun intervenant dans son domaine et suivant sa responsabilité propre.

La lutte contre l'hérésie avant l'Inquisition

La lutte contre les hérésies n'est pas née avec l'Inquisition. Avant l'institution de cette dernière, la recherche des hérétiques est confiée à l'ordinaire (le plus fréquemment, l'évêque) et la punition au juge séculier.

La lutte anti-hérésies n'est pas du seul domaine de la papauté : au contraire, à cause de ses dimensions sociales, les États s'en chargent eux-mêmes. Ils participent avec la papauté. Les premières formes de répression étaient apparues au début du Xe siècle : à Noël 1022, Robert le Pieux avait fait brûler dix clercs de la cathédrale d'Orléans. C'était le premier bûcher de l'histoire de la lutte contre hérésie en Occident. Faisant suite à l'accord de Vérone entre Lucius III et Frédéric Barberousse, la décrétale Ad abolendam (1184) fait ainsi de la répression de l'hérésie un élément constitutif du pouvoir de l'Empereur.

Ces dispositions bientôt ne suffisent plus : le pouvoir des évêques reste limité à leur territoire tandis que l'aire d'influence des hérésies est mouvante, et couvre fréquemment plusieurs diocèses. Dans ce cas, l'évêque ne peut réprimer que la partie qui est dans sa juridiction, ce qui est peu efficace. En outre, les évêques sont confrontés aux pressions locales : l'hérésie se développe aussi dans la noblesse ou chez les bourgeois des villes, et un évêque peut avoir un proche parent hérétique.

La doctrine cathare étant énormément plus commune et grandissante que les petites hérésies habituelles, le dispositif des évêchés ne suffit plus. Certains prêtres catholiques changent même de camp pour rejoindre les "Bons Hommes". Le pape envoie alors deux légats, en 1198, "répandre la Parole de Dieu", et leur donne l'ensemble des pouvoirs et une méthode de jugement. Quarante ans avant l'heure, ces deux légats sont les premiers Inquisiteurs de l'Histoire, avec les mêmes droits et méthodes.

L'Église et les États recherchent par conséquent de nouveaux moyens plus efficaces de lutte. Initialement, le IVe concile du Latran en 1215 évoque la possibilité d'un personnel spécialisé, mais restant dans le cadre diocésain. Divers systèmes sont ensuite essayés, suivant les obligations locales, dans un effort pour dépasser les limitations de la juridiction ordinaire. Ainsi, dans une ville lombarde, l'évêque participe à la fois avec le prince local et un légat pontifical pour faire appliquer des constitutions impériales, diffusées par la papauté. En France, le catharisme est combattu par une croisade et les évêques appuyés par des légats. En 1227, des dominicains appuyés par un commissaire pontifical, Conrad de Marbourg, parcourent la Rhénanie pour soutenir les commissions épiscopales : ils se chargent de dénoncer l'hérésie au cours de la procédure.

Évolution de la procédure judiciaire

Au départ, le terme «inquisition» (du latin inquisitio, «enquête») sert à désigner une technique judiciaire. Elle est rendue envisageable par le renouveau juridique du XIIe siècle, qui réintroduit dans les législations des techniques de droit romain — même si la procédure elle-même est inconnue du droit romain.

Die Inquisition in Portugall, gravure de Jean David Zunner selon Description de L'Univers, Contenant les Différents Dispositifs de Monde, Les Cartes Générales & Spécifiques de la Géographie Ancienne & Moderne. par Alain Manesson Mallet, Frankfurt, 1685 (From the Dr. Nuno Carvalho de Sousa Private Collections - Lisbon)

Avant le XIIIe siècle, le droit canonique n'admet en effet que la procédure accusatoire : le juge instruit les plaintes ; la charge de la preuve lui revient. Apparaît ensuite la procédure dénonciatoire, fondée sur une simple dénonciation et non plus une plainte en bonne et due forme.

La procédure inquisitoire confère au juge l'initiative de la poursuite. Dans cette nouvelle forme de procédure, le juge peut lancer d'office une procédure sur la base de la fama publica (la «notoriété»). Soit il trouve des accusateurs précis par le biais d'une enquête, générale ou individuelle, soit il se charge lui-même d'administrer la preuve. La totalité de la procédure fait une large place à l'acte écrit, au témoignage ainsi qu'à l'aveu.

La procédure inquisitoire est utilisée en premier lieu à des fins de discipline ecclésiastique : répression de la simonie, contestations d'élections abbatiales, etc. Cependant, elle se déploie particulièrement vite dans le champ de la lutte contre les hérésies. La législation en la matière est ébauchée avec les décrets du IIe concile du Latran (1139). Le concile de Tours de 1163, présidé par Alexandre II, autorise les princes toulousains et gascons, dans le cadre de la lutte contre les hérétiques, à recourir à la procédure inquisitoire. Elle est codifiée par une série de décrétales d'Innocent III (1198-1216), surtout Licet Heli (1213), complétée par Per tuas litteras.

La lutte contre les hérétiques puise dans de nombreuses traditions pour se définir : parallèlement à la résurgence du droit romain, les traditions germaniques sont aussi utilisées. Ainsi, se fondant sur les punitions particulièrement dures de la loi carolingienne contre le sacrilège, Frédéric II choisit en 1224, dans le statut accordé à la ville de Catane, d'appliquer la peine du feu aux hérétiques de Lombardie. C'est la première décision systématique de ce genre.

S'agissant des peines, la papauté se limite à un travail de synthèse des législations civiles, c'est ce qu'on nomme fréquemment les «statuts du Saint-Siège» : Honorius III étend la décision de Frédéric II à toute l'Italie et en 1231, Grégoire IX la transforme en norme canonique.

Au début du XIIIe siècle, les évêques disposent par conséquent d'une importante législation pour lutter contre l'hérésie, mais pas d'une institution spécialisée.

Fonctionnement institutionnel

Le fonctionnement de l'Inquisition relève à la fois du domaine du droit et de celui de la religion.

Inquisiteur, Juge d'exception

Tomás de Torquemada, Premier Grand Inquisiteur d'Espagne

Pour le fonctionnement du droit canonique, les procès et jugements dans l'Église relèvent d'un tribunal ecclésiastique, administré sous l'autorité de l'ordinaire du lieu, le plus fréquemment l'évêque. Rome n'intervient qu'en deuxième ligne, à la fois comme autorité d'appel, et comme garant du bon fonctionnement de la totalité.

Lorsque cette organisation locale se révèle insuffisante ou inadaptée pour défendre les besoins de la foi, le pape peut décider de créer une fonction d'inquisiteur. C'est un représentant à qui le pape délègue son autorité, pour juger l'ensemble des questions relatives à la foi dans une région donnée. C'est une juridiction «d'exception», ce qui veut dire que quand cette juridiction existe, elle est seule compétente pour juger de l'orthodoxie d'une cause qui lui est soumise. L'inquisiteur est par conséquent principalement le représentant du pape, et hérite de son autorité.

Ils étaient choisis le plus souvent parmi les franciscains ou les dominicains. Les inquisiteurs réguliers vivaient en marge de la vie conventuelle, et pour accomplir leur mission ils étaient relevés de leurs vœux d'obéissance envers leurs supérieurs .

Aspects administratifs

L'organisation que met en place l'inquisiteur pour réaliser sa mission de jugement — par conséquent un tribunal — est l'Inquisition, au sens administratif du terme. Le tribunal inquisitoire possédait le plus fréquemment un siège fixe (où étaient surtout conservées les archives particulièrement apportées), mais pas nécessairement : des inquisiteurs ont été itinérants. Les inquisiteurs étaient assistés d'un personnel nombreux : clercs, tels les notaires, greffiers, geôliers, etc.

Au début de l'Inquisition, les inquisiteurs travaillaient par deux, avec des compétences identiques. Par la suite, la charge d'une région fut confiée à un inquisiteur unique.

Procédure inquisitoire

Une juridiction d'Inquisition tire son nom de sa capacité à avoir recours à la procédure inquisitoire, procédure extraordinaire (et inconnue du droit romain). Un tribunal classique ne peut pas se saisir spontanément d'une cause : il ne peut intervenir que pour répondre à une plainte (droit civil) ou une dénonciation (droit pénal). Au contraire, un tribunal d'Inquisition peut examiner d'office (au sens littéral : de par sa mission même, son office) toute question dans son domaine de compétence, sans avoir besoin d'être saisi par un tiers. Ce pouvoir a été attribué pour permettre d'examiner rapidement et efficacement tout ce qui pouvait être soupçonné d'hérésie.

Le pouvoir inquisitoire est un pouvoir démesuré, susceptible d'être employé abusivement, et — par conséquent — généralement refusé aux juridictions classiques. Il faut comprendre à quel point ce pouvoir est extraordinaire : Napoléon Ier disait du juge d'instruction qu'il était «l'homme le plus puissant de France», par sa liberté d'action, mais il ne pouvait intervenir que sur commission. L'inquisiteur cumulait les pouvoirs d'un juge d'instruction, d'un procureur, et avait la faculté de s'autosaisir d'une affaire.

Procédure pénale

Parler de la «procédure pénale de l'Inquisition» introduit une catégorie peu légitime : la procédure pénale employée par les juridictions d'Inquisition était principalement celle de l'époque, avec peu de spécificité réelle. Les procédures qui apparaissent actuellement scandaleuses étaient globalement normales pour l'époque : en regard de ce que connaît le droit moderne, les garanties de procédure et les dispositions qui assurent actuellement la protection de l'inculpé étaient alors extrêmement rudimentaires, quelle que soit la juridiction. Cependant, on peut souligner que les juridictions d'Inquisition ont globalement été progressistes, comparé à ce qui se pratiquait à l'époque dans les procédures équivalentes de l'autorité civile.

Cette procédure est issue de la redécouverte du droit romain. La procédure était codifiée par des documents généraux (voir les décrétales citées dans les sources latines), et par des instructions d'application promulguées par les inquisiteurs pour les procédures de leur ressort. La procédure était entièrement écrite, un notaire transcrivait l'ensemble des débats. La totalité de la procédure se déroulait sous le contrôle de l'évêque du lieu, qui recevait copie de l'ensemble des documents. Les actes de la procédure étaient normalement rédigés en latin, langue officielle de l'Église, mais les interrogatoires étaient naturellement faits en langue vernaculaire.

L'accusé pouvait récuser un juge, ou faire appel à Rome. En cas d'appel à Rome, la totalité des documents était envoyé sous scellés, et la cause était examinée et jugée à Rome sur les pièces recueillies.

La procédure de l'Inquisition a varié dans le temps, et selon les régions, mais ses grandes lignes sont données ci-après.

Procédure type de l'Inquisition

Michæl Pacher, Saint Wolfgang et le Démon

Décret de grâce

L'enquête générale était proclamée dans une région entière. Lorsque l'Inquisition procédait par secteur géographique, l'ouverture d'une enquête de l'Inquisition dans un secteur hérétique donné prenait le plus souvent la forme d'une prédication générale, où l'inquisiteur exposait la doctrine de l'Église et réfutait les thèses de l'hérésie. Il publiait ensuite un décret de grâce et un édit de foi, convoquant l'ensemble des habitants devant l'inquisiteur.

Pendant une durée fixée par le décret de grâce (typiquement de 15 à 30 jours), ceux qui se présentaient en temps et en heure et confessaient spontanément leurs fautes se voyaient imposer une pénitence religieuse (typiquement un pèlerinage), mais échappaient aux sanctions du pouvoir civil. Inversement, l'édit de foi donnait obligation de dénoncer les pratiques hérétiques.

Ces premiers aveux spontanés, qui devaient être complets, permettaient aussi par leur témoignage d'identifier des hérétiques qui ne s'étaient pas présentés. Le délai accordé par le décret de grâce permettait aussi de mener des enquêtes locales et , le cas échéant, de récolter des délations.

Les fidèles suspectés d'hérésie qui ne s'étaient pas présentés au cours du délai de grâce faisaient l'objet d'une citation individuelle.

Citation individuelle

La citation individuelle se faisait le plus fréquemment par le biais du curé. Ceux qui refusaient de comparaître se trouvaient excommuniés.

Un suspect devait jurer (sur les quatre évangiles) de révéler tout ce qu'il savait sur l'hérésie. Si le suspect reconnaissait immédiatement et librement ses erreurs, il se voyait infliger des pénitences comme auparavant, et les peines éventuelles étaient légères.

Le serment était une arme redoutable entre les mains de l'inquisiteur. De nombreuses sectes proscrivaient le serment, et la violation ou le refus du serment était par conséquent un indice sérieux d'hérésie. D'autre part, la sanction contre les parjures était la prison à vie, particulièrement dissuasive.

Les peines sérieuses ne concernaient que ceux qui refusaient de reconnaître leur erreur, même après avoir juré de dire la vérité, et malgré des témoignages servant à douter sérieusement de leur sincérité. Pour ceux-là, la procédure inquisitoire s'engageait réellement.

Le décès de l'accusé ne suspendait pas la procédure : si le mort était coupable d'hérésie, cette erreur devait être reconnue par un jugement.

Même en l'absence d'aveux, le suspect n'était pas obligatoirement emprisonné. Il pouvait rester en liberté sur parole, sur caution, ou présenter des personnes se portant garantes de sa comparution devant l'inquisiteur. L'incarcération pouvait être utilisée, mais le plus fréquemment ne s'étendait pas à toute la durée de la procédure.

Témoignages et défense

Scène d'Inquisition par Francisco Goya

Des protections étaient accordées aux accusés, comme aux témoins. Ainsi l'identité des témoins à charge était tenue secrète, pratique courante de l'époque. Dans cette même logique, les notions de confrontation de témoin et de contre-interrogatoire étaient inconnues. Par contre, dans les tribunaux de l'Inquisition, les accusés étaient autorisés à apporter une liste des personnes susceptibles de leur en vouloir, lesquelles étaient alors récusées comme témoins.

Les tribunaux de l'époque n'acceptaient pas de témoignages d'origine douteuse : voleurs, prostituées, personnes de mauvaise vie, mais également hérétiques et excommuniés. Particulièrement rapidement, les tribunaux d'Inquisition se démarquent de cette règle, en ce qui concerne le témoignage d'hérétiques, pour des raisons pratiques évidentes : les activités hérétiques étaient le plus souvent cachées, les témoignages correspondants ne pouvaient guère provenir que des hérétiques eux-mêmes. Cette pratique est officialisée en 1261 par Alexandre IV.

L'accusé bénéficiait d'une protection générale certaine dans la manière dont on punissait le faux témoignage : les témoignages étaient obtenus sous serment, et le crime de parjure était sévèrement sanctionné par la réclusion à vie.

L'accusé a le plus souvent le droit à un défenseur, mais ce droit était le plus fréquemment théorique dans le cas de l'Inquisition, faute de volontaire. Les avocats d'hérétiques risquaient d'être eux-mêmes accusés de complaisance avec l'hérésie poursuivie. Pour la même raison, les accusés traduits devant un tribunal d'Inquisition ne bénéficiaient le plus souvent pas de la présence de témoins à décharge.

Question et torture

Diverses manières dont le Saint Office fait donner la question, par le graveur protestant Bernard Picart (1673-1733) (Madrid, Biblioteca National).

La procédure inquisitoriale accorde une grande importance à l'aveu de l'accusé. En effet, juridiction religieuse, l'inquisition se préoccupe du rachat des âmes par conséquent souhaite obtenir le repentir des accusés. Toute une procédure est alors mise en place pour obtenir leur témoignage. Pour aider les clercs à procéder aux interrogatoires, des manuels de l'inquisiteur sont rédigés dont les plus célèbres sont le Manuel de l'inquisiteur de Bernard Gui, le manuel d'Eymerich, et le manuel de Torquemada[2]. On y indique la procédure, les questions à poser, les pressions morales et les pressions physiques qu'on peut y faire subir. L'inquisiteur doit extraire la vérité peut-être «par la ruse et la sagacité»[3]. Parmi les pressions physiques, on peut citer la réclusion qui, selon Bernard Gui, «ouvre l'esprit», mais aussi la privation de nourriture et la torture. Mais une des particularités de l'instruction inquisitoriale est le secret : l'accusé et ses proches ne connaissent aucun des chefs d'inculpation et la défense se fait par conséquent à l'aveugle[4].

Fréquence de l'usage de la torture

La fréquence de l'usage de la torture, surtout reconnue durant les siècles qui ont précédé comme faisant quasi toujours partie de la procédure inquisitoriale, est remise en cause par les historiens contemporains.

Initialement, ils rappellent que la pratique de la torture (ou «question», du latin quæstio) était à l'époque utilisée aussi dans les tribunaux séculiers[5], sauf par exemple en Aragon[6], et n'était par conséquent pas l'apanage de l'Inquisition[7].

Par la suite, ils revoient à la baisse les anciennes estimations. Ainsi, Bennassar évalue entre 7 et 10 % le nombre de prisonniers de l'Inquisition espagnole ayant subi ces supplices[8] et précise que «l'usage de la torture n'a jamais été la règle pour l'Inquisition et peut même apparaître, à certaines époques, comme l'exception»[9].

Trait singulier de la torture sous l'inquisiton, la noblesse ne bénéficiait pas de privilège spécifique comme cela était le cas auprès des autres tribunaux [10].

Cependant, l'usage de la torture surtout, et le nombre de victimes de l'inquisition généralement, reste difficilement quantifiable car la majorité des données statistiques concernant la période avant 1560 ont disparu[11]. Les aveux obtenus sous la torture n'étant pas recevables, cette partie de la procédure ne faisait le plus souvent pas l'objet d'un enregistrement écrit, et les archives des procès sont le plus fréquemment muettes ou au mieux allusives sur ce sujet. On trouve ainsi dans les minutes des interrogatoires de courtes phrases du type, confessionem esse veram, non factam vi tormentorum, qui à la fois évoque l'hypothèse d'une torture, et nie que l'aveu noté en ait été l'effet («l'aveu est spontané, non fait sous la force de la douleur»). Les notations explicites postquam depositus fuit de tormento («après son retour de la torture») sont rarissimes.

Limites de la torture

Bartolomé Bennassar, parlant de l'Inquisition espagnole, rappelle que la pratique de la torture y est particulièrement codifiée[12]. Trois tortures sont préconisées : l'eau, la poutre et le feu[13].

Bennassar considère pour preuve que la torture fut appliquée avec modération le fait que nombreux sont ceux qui y résistèrent[14]. De même, Laurent Albaret considère qu'au XIIe siècle, «la pratique de la torture (…) est modérée et le personnel inquisitorial sincèrement peu convaincu de ses résultats»[15].

L'usage de la torture posait un problème moral pour les inquisiteurs, qui, comme clercs, n'avaient pas le droit de verser le sang. Après un flou juridique d'origine, cette pratique est officiellement autorisée pour l'Inquisition en 1252 par la bulle Ad extirpenda, sous réserve de ne conduire ni à la mutilation ni à la mort, et en excluant les enfants, les femmes enceintes et les veillards de son champ d'application[16]. Qui plus est , il a fréquemment été exigé par le pape qu'elle ne puisse être donnée qu'avec le consentement de l'évêque du lieu. Dans cette bulle, l'accusé bénéficie de deux protections : la question ne peut être donnée qu'une fois, et les aveux doivent être répétés librement pour être recevables.

Une autre source disponible servant à se faire une idée sur l'usage de la torture dans les procès de l'Inquisition sont les manuels et instructions des inquisiteurs. Dans les manuels, l'interdiction de soumettre plusieurs fois à la question semble ne pas avoir été prise au sérieux : des arguments formels permettaient de justifier que cette interdiction est formellement respectée, tout en la laissant sans effet. La question était par exemple reconnue comme constituée de plusieurs étapes, la fin d'une étape n'impliquant pas la suspension de toute la procédure. Un autre argument a été que la découverte de nouvelles charges justifiait à nouveau l'usage de la question particulièrement contre cette charge. Enfin, l'interdiction ne concernait que l'accusé comparé à son chef d'accusation, pas le cas des témoignages obtenus de la part d'autres témoins.

Selon Nicolas Eymerich, inquisiteur général d'Aragon, la torture n'était cependant pas un moyen fiable et efficace d'obtenir la vérité (quæstiones sunt fallaces et inefficaces) [17] car il estimait que, non seulement la capacité de résistance variait énormément d'un individu à l'autre, mais également que certains accusés usaient de sorcellerie pour devenir insensibles à la douleur, ou alors préféraient mourir que de confesser[18]. En 1561, l'inquisiteur général Fernando de Valdés Salas fit preuve du même scepticisme[19]. Néanmoins, il a été relevé de nombreux cas d'abus[20] ; un des pires exemples, loin d'être un cas isolé, fut probablement celui de Diego Rodriguez Lucero, inquisiteur de Cordoue de 1499 à 1508, date à laquelle il a finalement été relevé de ses fonctions[21].

Avis d'un jury

Dans les cas complexes, le tribunal devait entendre l'avis d'un collège de boni viri, conseil constitué de trente à une centaine d'hommes de mœurs, de foi et de jugement confirmés. Ce conseil est imposé et confirmé par les instructions du pape à partir de 1254. Son rôle ira croissant dans l'Inquisition, et sera étendu à d'autres juridictions pour finalement être à l'origine du jury moderne.

Après qu'ils ont prêté serment de s'exprimer en conscience, la totalité des actes du procès leur était transmis, mais de manière anonyme, censuré du nom de la personne accusée. Ils transmettaient deux avis à l'inquisiteur : sur la nature de la faute constatée, et sur la nature de la sanction opportune.

L'inquisiteur reste souverain et responsable de sa sentence, mais l'avis de ce conseil était le plus fréquemment suivi, et lorsqu'il ne l'était pas, c'était pour amoindrir les sanctions proposées.

Prononcé du jugement

Le Pape et l'inquisiteur, peinture de Jean-Paul Laurens

Les sentences de l'Inquisition étaient prononcées dans une cérémonie officielle, en présence des autorités civiles et religieuses. Cette cérémonie — une liturgie dans le sens antique du terme — avait pour fonction de marquer symboliquement la restauration de l'équilibre social et religieux qui avait été rompu par l'hérésie. C'était par conséquent un acte de foi public, ce qui est la signification exacte du terme portugais «auto da fé».

Un jour ou deux avant le prononcé, les inculpés se voyaient lire à nouveau les charges retenues contre eux (traduites en langue vernaculaire), et étaient convoqués pour entendre le verdict de l'inquisiteur, avec les autorités du lieu et le reste de la population.

La cérémonie s'ouvrait tôt le matin, par un sermon de l'inquisiteur, d'où son autre nom de «sermon général». Les autorités civiles prêtaient ensuite serment de fidélité à l'Église, et s'engageaient à prêter leur assistance dans sa lutte contre l'hérésie.

La lecture des verdicts venait ensuite, en commençant par les «actes de clémence» : remises de peines ou commutations. Les pénitences de toutes nature (dons, pèlerinages, mortifications, etc. ) suivaient ensuite. Venaient enfin les sanctions elles-mêmes, jusqu'aux plus sévères qu'étaient l'emprisonnement à vie ou la peine de mort. Les condamnés étaient alors remis au bras séculier par une formule solennelle : Cum ecclesia ultra non habeat quod faciat pro suis demeritis contra ipsum, idcirco, eundum reliquimus brachio et judicio sæculari («Puisque l'Église n'a plus désormais à accomplir son rôle contre ceux-ci, pour cette raison, nous les laissons au bras séculier ainsi qu'à sa justice»). Sur ce, la cérémonie s'achevait. L'inquisiteur avait achevé son rôle, l'Église s'était prononcée sur l'hérésie.

Chacun pouvait alors rentrer chez soi avec sa bonne conscience retrouvée — sauf évidemment les coupables de crimes contre la société, à qui le «bras séculier» allait faire subir leurs peines. Contrairement aux pénitences religieuses, ces peines étaient en effet définies par le pouvoir temporel. Elles sanctionnaient les crimes commis contre la foi et l'Église, toutes deux officiellement protégées par l'État.

Peines et pénitences

Pénitents se flagellant

Le tribunal inquisitoire n'infligeait pas de peines à proprement parler, mais des «pénitences». Les moins graves étaient nommées «pénitences arbitraires». C'était la flagellation publique au cours de la messe, les visites aux églises, les pèlerinages, l'entretien d'un pauvre, le port de la croix sur les vêtements, etc.

La pénitence était fréquemment réduite ensuite. Les archives de l'Inquisition montrent de nombreux exemples de pénitences atténuées ou levées pour des motifs variés, quelquefois sur simple demande. On cite ainsi le cas d'un fils obtenant la libération de son père en faisant simplement appel à la clémence de l'inquisiteur, d'autres sont libérés pour assister leurs parents malades «jusqu'à leur guérison ou leur mort».

Mais l'Inquisition condamne aussi à des peines économiques et sociales. La confiscation des biens lui sert à bénéficier de subsides lui servant à fonctionner[22]. L'Inquisition espagnole condamne aussi à l'ostracisme par le biais du port du sanbenito[23] ou par l'exposition de ce dernier avec le nom du condamné dans les églises[24]. La peine de l'inhabileté[25] conduisait aussi à la ruine et la misère celui qui en était frappé [26].

En revanche, les hérétiques qui ne s'étaient pas présentés dans les délais de grâce, ou ceux qui étaient retombés dans l'hérésie, encouraient la prison à vie. La prison connaissait deux modes envisageables : le «mur large», comparable à une résidence surveillée, et le «mur étroit», réclusion solitaire. Le mur étroit pouvait être aggravé en carcer strictissimus, le condamné mis au cachot (couramment nommé un in pace) étant attaché par des chaînes, et privé de tout contact.

Le relaps, ou l'obstiné qui refusait d'avouer son crime (qui devait d'autre part avoir été démontré), était abandonné à l'autorité séculière, et la peine de son crime était fréquemment l'incarcération ou le bûcher. En toute rigueur, la peine la plus sévère que prononçait l'Église était l'excommunication. Les condamnations à mort étaient prononcées selon la loi civile et exécutées par les autorités séculières. Il faut dire, cependant, qu'il n'y avait pas de séparation nette entre les domaines civils et religieux : les autorités civiles étaient elles-mêmes tenues d'apporter leur concours sous peine d'excommunication.

L'appel

Dans certaines circonstances, surtout en cas de faute lors du déroulement de la procédure, l'accusé peut faire appel au pape. En pratique, cette possibilité est rarement offerte. Bernard Gui précise que l'inquisiteur passe outre à tout privilège d'exemption ainsi qu'à l'appel. À Valence en 1494, ce droit à l'appel est dénié à ceux condamnés pour hérésie[27]. Au XVIe siècle, l'appel au pape et au parlement se généralise et sert à bloquer la procédure tant que la plainte n'a pas été analysée[28].

Victimes de l'inquisition

Le nombre de personnes abandonnées à la justice civile et livrées au bûcher est complexe à évaluer. La mémoire collective est marquée par les exécutions massives de Montségur[29], Vérone[30] ou du Mont-Aimé[31] et par la répétition des bûchers à certaines périodes de l'Inquisition espagnole.

Les registres des procès ont partiellement disparu et les historiens sont amenés à évaluer le bilan humain uniquement à partir de documents partiels. Ce principe d'évaluation conduit à des résultats extrêmement variables, de 400 victimes pour les dix premières années[32] à plusieurs millions sur plusieurs siècles et dans de nombreux pays [33]. Juan Antonio Llorente dans son étude Histoire critique de l'Inquisition d'Espagne depuis l'époque de son établissement par Ferdinand V, jusqu'au règne de Ferdinand VII, en 1818, estime à à peu près 30 000 condamnations à mort physique (et 15 000 par effigie[34]) durant les trois siècles de l'Inquisition espagnole de 1481 à 1781 (date de la dernière exécution) dont 8 800 pour la période de Torquemada. Cependant les historiens contemporains trouvent cette évaluation largement exagérée[35] et la désignent comme un instrument de la légende noire au XIXe siècle[36].

Les quelques études menées pour le XIIIe siècle donnent une proportion de condamnations au bûcher inférieure à 10 % des peines[37]. Selon Patrick Henriet[38], «Il ne fait aucun doute qu'au XIIIe siècle, comme toujours ensuite, la justice inquisitoriale s'est montrée nettement moins expéditive que celle des cours civiles». Bartolomé Bennassar pointe la grande variabilité en nombre de ces condamnations selon les périodes (rigoureuses ou plus calme). Il évalue ainsi à 40 % des personnes jugées celles montant sur le bûcher lors de la période la plus terrible de l'inquisition espagnole (fin du XVe siècle), pour tomber à 1 % dans la seconde moitié du XVIIe siècle[39].

Au temps de l'inquisition triomphante, on posa en 1524 à Séville une plaque commémorative donnant un bilan des quarante premières années de l'inquisition espagnole, supposées les plus terribles :

«L'an du Seigneur 1481 […] a commencé en ce lieu le Saint Office de l'Inquisition contre les hérétiques judaïsants, pour l'exaltation de la foi. Par lui, depuis l'expulsion des juifs et des Sarrasins jusqu'en l'année 1524 […] plus de vingt mille hérétiques ont abjuré leurs criminelles erreurs, et plus de mille obstinés dans l'hérésie ont été livrés aux flammes, après avoir été jugés conformément au droit […]»[40].

D'après Henri-Dominique Lacordaire, «l'inquisition est un progrès véritable comparée à tout ce qui avait eu lieu dans le passé. À la place d'un tribunal sans droit de grâce, assujetti à la lettre inexorable de la loi, on avait un tribunal flexible duquel on pouvait exiger le pardon par le repentir, et qui ne renvoya jamais au bras séculier que l'immense minorité des accusés. L'inquisition a sauvé des milliers d'hommes qui eussent péri par les tribunaux ordinaires».

En mars 2000, l'Église catholique a offert sa repentance officielle contre, surtout, les excès de l'Inquisition, et a lancé en 1998 une étude sur l'Inquisition qui a donné lieu à la publication d'un document de 800 pages recensant les dommages causés par celle-ci et dans lequel Jean-Paul II manifestait le repentir de l'Église romaine (voir détails et références dans Chronologie Période contemporaine).

Problème du jugement d'opinion

Destruction par le feu de livres (autodafé) condamnés par l'Inquisition.

Liberté de conscience

Pour la doctrine catholique, suite à la Bible, qui affirme «Dieu ne veut pas la mort du pécheur, mais qu'il se convertisse» (Ez 33 :11, 2P 3 :9, prologue de la règle de St Benoît), la position de l'Église est qu'il faut tuer l'hérésie, mais non les hérétiques.

À l'époque même où la première Inquisition est fondée, Bernard de Clairvaux formule que «la foi doit être persuadée, non imposée».

Dominique de Guzmán, de son côté, fonde son ordre des prêcheurs pour diminuer l'hérésie albigeoise par la prédication et l'exemple d'une vie mendiante, se démarquant de la croisade guerrière menée à la même époque sous Innocent III — la solide formation dogmatique des Dominicains leur vaudra ultérieurement d'apporter bon nombre d'inquisiteurs. Dans sa lignée, Thomas d'Aquin, futur docteur de l'Église, affirme clairement, dans la Somme Théologique, que la liberté de conscience est absolue : pour lui, si un chrétien voit un conflit entre le dogme et sa conscience, il doit suivre sa conscience et non le dogme.

Dire la vérité du dogme

Même si la conscience est libre, cette liberté ne se comprend que comparé à deux devoirs dans la pensée catholique :

Un tribunal d'Inquisition, par lui-même, ne fait que se prononcer sur l'orthodoxie du cas qui lui est soumis. Un tel jugement est un devoir institutionnel et ne pose aucun problème moral. Le drame de l'Inquisition n'est pas d'examiner l'orthodoxie d'une cause ; il débute lorsque l'Église accepte que la conséquence de son jugement soit liée à une sanction pénale du pouvoir temporel.

Atteinte à l'ordre social

Les habitants de Carcassonne expulsés de la cité en 1209

Pour la société médiévale, le christianisme fait partie de l'ordre social, et l'ordre social se fonde sur la religion.

Donc, les tribunaux religieux se mettent à juger des fauteurs de troubles sociaux. Ce partage des rôles est acté dans l'arrangement de Vérone (1148) entre le Pape et l'Empereur : les hérétiques doivent être jugés par l'église avant d'être remis au bras séculier, pour y subir «la peine due» (debita animadversione puniendus).

Inquisition et pouvoir

«L'histoire de l'Inquisition est l'illustration du drame qui menace les hommes chaque fois qu'une liaison organique s'établit entre l'État et l'Église», a rédigé l'historien et professeur Bartolomé Bennassar.

Le fonctionnement même de l'inquisition (promulgation d'édit obligeant à la dénonciation, tenue et conservation de registres sur l'ensemble des dénonciations, procédure soumise au secret) en fait une formidable outil de répression[41] dont le pouvoir religieux et royal usera.

Selon les époques, l'Inquisition servira ou s'opposera au pouvoir politique. En France, l'inquisition médiévale, dans ses débuts, est essentiellement au service du pape qui tente de rasseoir son autorité et de lutter contre les hérésies et le roi s'opposera quelquefois à la rigueur de la répression. Mais, dès la fin du XIIIe et jusqu'au XVe siècle, les souverains sollicitèrent le pouvoir inquisitorial pour se débarrasser des individus devenus gênants pour les puissants[42]. Au XIVe siècle, le pape réagit à certaines dérives sur l'autonomie laissée à l'inquisition en strict la collaboration entre inquisiteurs et évêques. Le droit absolu de l'inquisiteur est remis en question. Mais les juridictions civiles fragilisent aussi progressivement la puissance d'un tel tribunal. À Toulouse, en 1331, un commissaire du roi assimile l'inquisition à une juridiction royale, en 1412, l'inquisiteur de Toulouse est arrêté sur l'ordre du roi. En Dauphiné, le tribunal est progressivement subordonné au Parlement de Grenoble.

En Espagne, l'inquisition est sous l'autorité du roi. C'est lui qui sert à désigner les inquisiteurs. Le pape n'aura que particulièrement peu d'influence sur l'inquisition espagnole et face à l'intransigeance d'un Torquemada, il ne peut qu'élever une protestation. Instrument du pouvoir, elle est en premier lieu une force d'unification dans l'Espagne après la Reconquista. Elle se met ensuite au service du pouvoir devenant une arme contre les fueros[43]. Elle permet de lutter contre les ennemis du pouvoir (parti navarrais, Antonio Pérez, répression des émeutes de 1591, répression de la révolution de 1640 en Catalogne, prise de parti dans la guerre de succession d'Espagne). Elle apporte, par ses condamnations, de la main d'œuvre pour les galères et se plie aux aléas de la politique (indulgence envers les hérétiques anglais en 1604 lors de la construction de la paix). Elle sert aussi de police politique en contrôlant les étrangers. Elle devient progressivement une force réactionnaire contre les changements au sein de l'Espagne dont la puissance perdurera jusqu'en 1808[44].

Histoire des représentations de l'Inquisition

L'Inquisition, par la violence de son dispositif de contrôle de la liberté de penser et de terreur, et surtout par ses grands autodafés publics, a durablement marqué l'imaginaire collectif. Cependant, les études des historiens contemporains tendent à relativiser la fréquence et l'intensité de l'usage des moyens les plus violents, comme la torture et les condamnations à mort, pour rétablir une image plus objective et nuancée de la norme du fonctionnement de cette institution[45].

Confronter l'image populaire de l'Inquisition aux recherches historiques a amené les historiens, à la fin du XXe siècle, à étudier l'histoire des représentations de ce sujet pour comprendre l'origine et la nature de l'écart entre idéologie et réalité[46].

La Réforme protestante et l'Inquisition

La première phase de diffusion écrite d'une représentation idéologiquement orientée de l'Inquisition est liée à la répression de la Réforme protestante, surtout sur les territoires espagnols, sous les règnes de Charles Quint puis de son fils Philippe II.

En 1522, Charles Quint crée un poste d'Inquisiteur Général des Pays-Bas, qui étaient alors en possession du roi d'Espagne, en y nommant François Vander Hulst, pour étendre son pouvoir impérial à travers cette institution et lutter plus efficacement contre les schismatiques. Cette Inquisition hollandaise, essentiellement au milieu du XVIe siècle, réprima de manière spécifiquement violente ce qui était reconnu par l'Église catholique comme une hérésie. Les victimes de cette répression religieuse furent reconnues comme des martyrs de la Réforme, et la répression elle-même alimenta dans la population néerlandaise le rejet du régime espagnol, qui fut obtenu suite à près d'un siècle de troubles (guerre dite de Quatre-Vingts Ans, 1566-1648). L'indépendance de la Hollande se construisit ainsi sur un fond de lutte pour la liberté religieuse, contre l'Espagne catholique et son Inquisition.

À la fin du XVIe siècle, le thème de l'Inquisition passe ainsi dans la culture des Églises réformées, porté par un culte des héros à la fois nationaliste et religieux. De nombreux pamphlets commencent à diffuser alors une image réaliste mais caricaturale de l'Inquisition, décrivant les pires pratiques inquisitoriales comme étant la norme d'une institution vicieuse et fanatique. C'est ainsi qu'en 1567 le protestant espagnol Antonio del Corro (sous le pseudonyme Reginaldus Gonzalvus Montanus) expose les pratiques de l'Inquisition espagnole dans son ouvrage Sanctæ Inquisitionis Hispanicæ Artes aliquot detectæ ac palam traductæ, en présentant «chaque victime de l'inquisition comme innocente, chaque inquisiteur comme vénal et trompeur, et chaque étape de la procédure inquisitoriale comme une violation des lois de la nature et de la raison» (Peters 1988, p.  134). Ce livre aura un énorme succès : réimprimé et traduit à de nombreuses reprises, il restera longtemps la référence absolue sur l'Inquisition pour ses détracteurs. Une autre source notable sera l'Apologie de Guillaume de Nassau, publiée en 1581 par le huguenot Pierre Loyseleur de Villiers[47]. La majorité des charges contre l'Inquisition s'appuieront ensuite sur de telles sources.

L'Angleterre du XVIIe siècle est à la fois protestante, en contact culturel et économique étroit avec la Hollande, et en lutte d'influence contre l'Espagne catholique. Qui plus est , depuis 1533, elle baigne dans un anti-papisme officiel et le bref règne de Bloody Mary, de 1553 à 1558, ne fera qu'augmenter le rejet du catholicisme. Dans ce contexte, le thème de l'Inquisition trouve un nouveau relais dans les milieux protestants et nationalistes anglais (Peters 1988, p.  139-144). En décrivant les violences des débuts de l'Inquisition espagnole comme une norme du fonctionnement de cette institution et , par extension, du catholicisme (on trouve un exemple précoce de cette relecture dans l'histoire et l'œuvre d'Antonio del Corro (es) ), la référence à l'Inquisition permet aux Anglais de valoriser, par contraste, la liberté et la libération apportées par le protestantisme, et de justifier moralement la lutte contre le catholicisme autant externe (guerre contre l'Espagne) qu'interne (persécutions religieuses en Irlande).

L'anticléricalisme et l'Inquisition

Voltaire

Le XVIIIe siècle est celui des Lumières, dont la philosophie se définit comme se démarquant de l'obscurantisme passé : la religion naturelle s'oppose au dogme respectant les traditions. L'idée de chercher la vérité à travers le libre exercice de la raison éclairée par le débat, portée par la noble ambition de former des hommes «libres et de bonnes mœurs», est alors opposée au dogmatisme que symbolise l'Inquisition.

L'incursion de l'Inquisition dans le domaine du débat scientifique avec le procès de Galilée (1633) fut à l'origine de la réaction de Descartes et de sa philosophie mécaniste. La confusion entre vérités de foi et recherche d'un fondement scientifique posa un problème de méthode, qui reste actuel. La revendication d'une certaine autonomie par Galilée est à l'origine du principe d'autonomie de la science, qui s'oppose aux méthodes jugées arbitraires de l'Inquisition. Ce programme passe des loges anglaises, beaucoup en symbiose avec l'Église d'Angleterre, et essaime en France, dans une élite intellectuelle qui commence à être déchristianisée. Les francs-maçons, qui étaient alors devenus des ennemis farouches de l'Église catholique et de l'Inquisition, en particulier après leur première condamnation par le Pape en 1738, ont utilisé les descriptions les plus négatives de l'Inquisition pour illustrer les débats sur l'obscurantisme et la liberté.

L'Inquisition devient alors un thème récurrent du discours anticlérical. Voltaire la prend pour cible constante[48]. Diderot la prend pour cible dans son Encyclopédie. Le thème de cette nouvelle image n'est plus uniquement la violence, mais la raison. L'Inquisition devient le symbole de l'obscurantisme, l'instrument par lequel l'Église impose un dogme par la violence[49].

Au XIXe siècle, le thème des lumières continue à vivre dans le discours anticlérical, et est de plus relayé par la vision que le romantisme a donné du Moyen Âge, dont l'image est reconstruite à cette époque (voir par exemple dans un autre registre le cas de Viollet le Duc). Ainsi, Michelet publie en 1841 le Procès des Templiers , en 1862 La Sorcière ; Victor Hugo publie en 1882 un drame en quatre actes intitulé «Torquemada», et relate, dans Notre Dame de Paris, le sort d'Esméralda. Quelques années plus tôt, en 1867, le Don Carlos de Verdi, selon Schiller, avait diffusé dans le public une image à la fois négative et emblématique avec le personnage du «Grande Inquisitore, cieco e nonagenario» (le «Grand Inquisiteur, aveugle et nonagénaire»). Ce genre de thème littéraire (se présentant quelquefois comme des œuvres historiques, voir Histoire de l'Inquisition en France) entretient et développe l'image d'une Inquisition menée par des ecclésiastiques rigides et pervers ayant opprimé les populations de la même manière barbare à l'ensemble des époques.

Au début du XXe siècle, dans le journal catholique La Croix, Jean Guiraud compare, en la justifiant, l'action de l'inquisition à la lutte alors en cours contre les idées du bolchévisme, et relativise ses excès en soulignant « (…) qu'en six siècles l'Inquisition a fait nettement moins de victimes que Lénine et Trotsky en trois ans». [50].

Au XXe siècle, l'Inquisition passe dans le vocabulaire courant, devenant un mot commun pour désigner un certain genre de persécution, hystérique, fréquemment collective et toujours spectaculaire. Le genre littéraire toujours actif se prolonge dans la bande dessinée, les jeux vidéo, où il s'affranchit de toute prétention à une quelconque vérité historique.

À la fin du XXe siècle, deux œuvres occupent une place à part. Dans son roman Le Nom de la rose (1980), Umberto Eco choisit pour personnage principal un ancien inquisiteur, Guillaume de Baskerville, qui fait office de détective élucidant une série de meurtres. Un an plus tard, dans son film La Folle Histoire du monde (1981), Mel Brooks se met lui-même en scène dans un sketch parodique qui représente l'inquisition sous la forme d'une comédie musicale.

Vision contemporaine de l'Inquisition

La superposition de ces mouvements et enjeux sociaux a sans doute contribué à grossir les traits les plus noirs de la méthode de l'Inquisition : torture, dogmatisme, injustice envers des victimes innocentes, fanatisme, antijudaïsme, obscurantisme, etc.

La particulièrement grande majorité des publications contemporaines qui n'émanent pas de spécialistes de l'histoire véhiculent une représentation de l'Inquisition uniforme et particulièrement négative, reproduisant les pires images stéréotypées, telles que des scènes de torture sadique, des conditions d'emprisonnement inhumaines, des inquisiteurs en plein délire fanatique prenant plaisir à condamner à mort des innocents et évidemment les flammes d'un bûcher dressé sous un ciel d'orage, d'où le condamné lance une dernière malédiction[51].

Sur le plan sémantique, les mots de la famille «Inquisition», «inquisitorial», etc. sont passés dans le langage familier avec une connotation particulièrement négative, et l'idée générale de quelqu'un qui fait subir un interrogatoire en règle sans en avoir le droit moral.

Bien sûr, cette image de l'Inquisition n'est pas seulement le fruit de la propagande négative diffusée par les opposants de l'Église catholique et des pays qui y étaient alliés : elle repose sur la mémoire de faits historiques ne représentant qu'une proportion mineure de l'activité de cette institution mais réels, non négligeables et qui, comparé aux normes sociales et éthiques contemporaines, sont extrêmement choquants (même si l'usage de la violence pour terroriser les populations a davantage été une méthode imposée par les monarques pour contrôler et unifier leur territoire, et ainsi donner naissance à l'État moderne, qu'une spécificité de l'Inquisition au sein de son époque).

Chronologie de l'Inquisition

Répression de l'hérésie dans l'Empire romain

Hérésies de l'an mille

Inquisition médiévale

Exécution des Templiers
Une béguine (telle Marguerite Porete), imprimée à Lübeck en 1489
Jean Hus sur le bûcher.

XVe siècle et Inquisition espagnole

XVIe siècle, Réforme et Renaissance

XVIIIe siècle et XIXe siècle

Période contemporaine

Notes et références

  1. «Pour en finir avec le Moyen Âge», Points, 1977, p.  103. Le chapitre «L'index accusateur» est entièrement consacré à une mise au point sur l'image de l'Inquisition dans la société contemporaine.
  2. D'autres manuels antérieurs existent aussi selon Laurent Albaret, L'inquisition rempart de la foi ?, p.  56.
  3. Nicolas Eymerich
  4. Encyclopædia Universalis, article sur la torture
  5. Surtout, au XIIIe siècle généralement selon Laurent Albaret (L'Inquisition rempart de la foi ?, p.  51).
  6. Henry Charles Lea, A History of the Inquisition of the Middle Ages Volume 3, Cosimo ed., 2005, page 312 : « (…) In 1310, Clement sent to Aragon, as elsewhere, special papal inquisitors to conduct the trials. They were met by the same difficulties as in England : in Aragon, torture was not recognized by the law, and in 1325 we find the Cortes protesting against its use and against the inquisitorial process as infractions of the recognized liberties of the land (…) ».
  7. Bennassar 1979, p.  106-107 : «il n'existe aucune raison pour imaginer que, dans la foule des juges, civils ou ecclésiastiques, le monopole du sadisme ait été dévolu à quelques inquisiteurs».
  8. Bennassar 1979, chapitre «La pédagogie de la peur», section «Les mauvaises raisons : la torture», p.  117.
  9. Bennassar 1979, chapitre «La pédagogie de la peur», section «Les mauvaises raisons : la torture», p.  111.
  10. Voir le Manuel des Inquisiteurs rapporté page 29 in The Spanish Inquisition, Joseph Perez, Yale University, 2005
  11. Voir page 171 in The Spanish Inquisition, Joseph Perez, Yale University, 2005
  12. Bartolomé Bennassar, L'inquisition espagnole XVe - XIXe siècle, (La pédagogie de la peur - les mauvaises raisons : la torture), p.  110
  13. Extraits (page 198) de Les crimes et les peines dans l'antiquité et dans les temps modernes : étude historique, Jules Loiseleur, Hachette, 1863 : «La première se donnait en liant avec une corde les bras du prévenu renversés par derrière. On lui attachait aux pieds de lourdes pierres, on l'enlevait en l'air au moyen d'une poulie et on le laissait ensuite brusquement retomber presque jusqu'à terre de façon que la secousse disloquât les jointures. Cette torture durait une heure et parfois davantage. Pour la torture de l'eau, les bourreaux couchaient la victime sur un chevalet, espèce de banc creux qui se refermait sur elle et la comprimait tout autant qu'on le voulait. Les reins portaient sur un bâton transversal et l'épine dorsale n'avait pas d'autre appui. Le questionnaire, comprimant le nez du patient couché dans cette horrible position, lui versait lentement dans la bouche une quantité déterminée d'eau. Il paraît qu'il avait soin préliminairement d'introduire dans la gorge un linge fin et mouillé dont l'extrémité recouvrait les narines pour que l'eau filtrât avec d'avantage de lenteur. C'est du moins ce qu'affirme Llorente, qu'il ne faut pas forcément croire sans examen ; mais ici son témoignage est confirmé par Damhoudère qui nous apprend qu'on usait de ce procédé dans certaines parties des Flandres. La torture du feu n'était pas moins cruelle. L'accusé les mains liées était couché sur le dos. Ses pieds préalablement frottés d'huile ou de lard étaient passés dans une sorte d'entrave en bois qui les tenait suspendus au-dessus d'un réchaud ardent.» Voir aussi page 207 de L'Histoire de l'Inquisition et de son origine, Abbé Jacques Marsollier, 1693
  14. Bartolomé Bennassar, L'inquisition espagnole XVe - XIXe siècle'', (La pédagogie de la peur - les mauvaises raisons : la torture), p.  117
  15. Laurent Albaret, L'Inquisition rempart de la foi?
  16. Martin-Bagnaudez 1992, p. 42.
  17. Voir Directorium inquisitorum, Nicolas Eymerich, 1376, traduit en français sous le titre Le manuel des inquisiteurs par Louis Sala-Molins, 1973
  18. Voir page 63 in Manual de los Inquisidores, (traduction de Directorium inquisitorum, Nicolas Eymerich), Ed. Alfonso, Buenos Aires 1972
  19. Voir page 147 in The spanish inquisition, Joseph Perez, Yale University, 2005
  20. Voir entre autres les pages 65-87 in Inquisition : the reign of fear, Toby Green, Macmillan, 2007 où sont relatés de nombreux faits (Cordoue, Mexico, Canaries, Cartagène…)
  21. Voir pages 238 in Conversos, Inquisition, and the Expulsion of the Jews from Spain, Norman Roth, University of Wisconsin, 2003
  22. Laurent Albaret, L'inquisition rempart de la foi ?, p.  51
  23. Tunique jaune marquée d'une croix rouge et portant le nom du condamné
  24. Bartolomé Bennassar, L'inquisition espagnole XVe - XIXe siècle, (La pédagogie de la peur - les vraies raisons : la mémoire de l'infamie), p.  131
  25. Interdiction de certaines professions comme le commerce, le courtage en foire, la boucherie…
  26. Bartolomé Bennassar, L'Inquisition espagnole XVe - XIXe siècle, (La pédagogie de la peur - les vraies raisons : la mémoire de l'infamie), p.  133
  27. Laurent Albaret, L'inquisition rempart de la foi ?, p.  103
  28. Etienne Leon de la Mothe Langon, Histoire de l'inquisition en France, p.  87
  29. En mars 1244, à peu près 200 cathares sont brûlés à Montségur
  30. En 1278, 200 cathares sont brûlés à Vérone
  31. Le 13 mai 1239, 183 accusés sont brûlés à Bergères-lès-Vertus lors d'une inquisition menée par Robert le Bougre
  32. Didier Leserf sur le site de Christi City [1]
  33. Jules Michelet, dans La sorcière (1862) estime que l'inquisition espagnole a conduit à la mort plusieurs millions de victimes
  34. On brûlait l'effigie des personnes condamnées au bûcher qui avaient échappé à l'exécution, soit parce qu'ils étaient morts avant la condamnation, soit parce qu'ils avaient réussi à s'échapper.
  35. Bennassar, dans L'Inquisition espagnole (chap.  I, p.  15-16), indique qu'Henry-Charles Lea «n'éprouvait aucune sympathie pour le Saint-Office», mais que la conclusion de son History of the Inquisition in Spain (1906-1907), qui «reste, en dépit de [son ancienneté], l'ouvrage le plus documenté sur le sujet», est que «Llorente exagère énormement» (tome IV, livre IX, chapitre 2, p.  516-525). De même, Henry Kamen, dans The Spanish Inquisition : A Historical Revision, écrit : «Llorente came up with the incredible figures of 31, 912 relaxations in person, 17, 659 relaxations in effigy, and 291, 450 penitents, a grand total of 341, 021 victims. All the historical evidence has shown this greatly exaggerated figure to be without any foundation» (p.  280-281 de l'édition de 1965).
  36. Lea 1906-1907, tome IV, livre IX, chapitre 2, page 517 : «There is no question that the number of these has been greatly exaggerated in popular belief, an exaggeration to which Llorente has largely contributed by his absurd method of computation…». De même, Gérard Dufour, spécialiste reconnu de Llorente, écrit dans l'article Juan Antonio Llorente, de servidor a crítico de la Inquisición (Historia 16, no 83, 1983, (ISSN 0210-6353) )  : «Lo que interesaba en la Historia crítica no era tanto lo que decía Llorente como lo que permitía decir contra los ultrarrealistas d'otra sociedad secreta, muy temida por los liberales franceses : Congrégation. Creyendo hacer una obra histórica, Llorente había hecho obra política».
  37. Dossier'Inquisition et intégrisme', Historia spécial, no 47, mai-juin 1997.
  38. Patrick Henriet (Maître de conférence d'histoire médiévale à l'Université Paris IV Sorbonne) in Histoire de la papauté, sous la direction d'Yves-Marie Hilaire, «Le contrôle du monde chrétien», coll. Histoire, Points Seuil, 2003, p.  225-226
  39. Bartolomé Bennassar, L'inquisition espagnole XVe - XIXe siècle, (les quatre temps) p.  35, p.  39
  40. «Anno Domini millessimo quadringentessimo octogessimo primo, Sixto IV pontifice maximo, Ferdinand V et Elisabeth Hispaniarum et utriusque Siciliœ regibus catholicis, Sacrum Inquisitionis Offîcium contra hœreticos judaizantes ad fidei exaltationem hic exordium sumpsit. Ubi post Judœorum et Saracenorum ex pulsionem ad annum usque millessimum quingen tessimum vigessimum quartum, divo Carolo Romanorum imperatore ex materna hereditate eorumdem regum catholicorum successore tunc regnante, ac reverendissimo domino Alphonso Manrico archiepiscopo Hispalensi fidei officia prœfecto, viginti millia hereticorum et ultra nefandum hœreseos crimen abjurarunt, necnon hominum fere millia in suis hœresibus obstinatorum postea jure previo ignibus tradita sunt et combusta. Innocentio VIII, Alexandro VI, Pio III, Julio II, Leonne X, Adriano VI (qui etiam dum cardinalis Hispaniarum gubernator, ac generalis inquititor esset, in summum pontificatum assumptus est ) et Clemente VII annuentibus et faventibus. Domini nostri imperatoris jussu et impensis, licenciatus de la Cueva poni jussit, dictante domino Didaco a Cortegana archidiacono Hispalensi, anno Domini millessimo quingentessimo vigessimo quarto. » Cité par Llorente, Histoire critique de l'inquisition d'Espagne, p.  274-275.
  41. Julien Thery, L'Inquisition, une pièce maitresse de la terreur dans Une politique de la terreur, L'évêque d'Albi Bernard de Castanet (v. 1240-1317) et l'Inquisition[pdf] Paru dans Les inquisiteurs. Portraits de défenseurs de la foi en Languedoc (XIIIe-XIVe siècles)
  42. Laurent Albaret L'inquisition rempart de la foi ?, p.  62 et 65
  43. Tribunaux locaux
  44. Bartolomé Bennassar, L'Inquisition espagnole XVe - XIXe siècle, (Pour l'État, contre l'État)
  45. Les peines étaient bien plus clémentes, même aux moments les plus forts de l'hérésie, que la «légende noire» ne l'a répandu ensuite, selon André Langui (Dictionnaire de la culture juridique, PUF, 2003, p.  834).
  46. Voir surtout sur ce thème la synthèse d'Edward Peters (professeur d'histoire de l'Université de Pennsylvanie), Inquisition, The Free Press, 1988.
  47. Lire en ligne
  48. Par exemple dans Candide et dans La Princesse de Babylone.
  49. Un écho tardif de cette logique se trouve dans Les Frères Karamazov, de Dostoïevski.
  50. Voir La Croix du 4-1-1921) Éditorial de Jean Guiraud
  51. Voir par exemple les articles décrivant le jeu vidéo Inquisitor, le jeu de plateau Imperium (Warhammer 40000) , le jeu de cartesDoomtrooper, la série Nicolas Eymerich, inquisiteur et son adaptation en bande dessinée, l'épisode 2-26 de la série Les Envahisseurs, et quasiment l'ensemble des entrées de fiction dans la Catégorie :Inquisition de la présente encyclopédie.
  52. Voir http ://www. newadvent. org/cathen/08026a. htm.
  53. Larousse 2005 page 1453 (ISBN 2-03-530406-7)
  54. Cf. encyclopædia universalis
  55. (en) Jenny Gibbons, Recent Developments in the Study of the Great European Witch Hunt
  56. Voir l'article wikipédia Repentance de l'Église pour plus de détails.
  57. (en) Voir l'article Vatican Is Investigating the Inquisition, in Secret, Alessandra Stanley, New York Times, 31 octobre 1998
  58. (en) Voir l'article Vatican looks back at Inquisition, Frances d'Emilio, Associated Press (reporté par CBS News), 6 juin 2004

Voir aussi

  • Voir aussi les catégories :
    • Inquisition : l'ensemble des articles indexés par «Inquisition».
    • Inquisiteur : ceux de sinistre mémoire, mais également ceux qui ont été canonisés.
    • Victimes de l'Inquisition : pour un renvoi vers les notices bibliographiques détaillées des victimes.
  • Bibliographie

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