Panthéisme

Le panthéisme est une doctrine philosophique selon laquelle Dieu est tout, ou, par exemple dans le panenthéisme de Spinoza tout est en Dieu.



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Définitions :

  • Doctrine qui considère que Dieu et la Nature sont semblables. L'univers est une extension de l'essence de Dieu et non une création... (source : bible-ouverte)

Le panthéisme est une doctrine philosophique selon laquelle Dieu est tout, ou, par exemple dans le panenthéisme de Spinoza (nommé «acosmique» par Friedrich Hegel) tout est en Dieu. Ce mot vient du grec ancien pan (πὰν)  : «tout» et theos (θέος) («dieu»). Dans la philosophie occidentale, et surtout depuis Spinoza[1], le sens qui est donné à ce mot «tout» est généralement semblable à celui associé à la Nature, au sens le plus général de ce terme, c'est à dire de «tout ce qui existe».

Le panthéisme change du naturalisme, parce que le naturalisme, au sens propre, est une doctrine athée[2] qui ne reconnaît d'autres principes que les lois ou forces de la Nature. Le panthéisme s'identifie ainsi, sous ce rapport, à un naturalisme déiste déterministe en cela qu'il est lié au concept d'obligation[3].

On peut comparer ce dispositif au monothéisme transcendant en deux points :

  1. Tout ce qui est , existe non seulement par Dieu, mais en Dieu.
  2. Dieu n'est pas un être personnel différent du monde, mais lui est immanent (en opposition, selon les métaphysiques les plus respectant les traditions, au Dieu créateur et transcendant).

Il entretient certains rapports avec les courants monistes qui tentent de résoudre les deux termes d'une dualité en faisant sortir l'un des deux termes de cette dualité de l'un des deux termes en opposition.

Apport de Spinoza

Spinoza, tout comme la majorité des auteurs qualifiés de «panthéistes» (Giordano Bruno, Friedrich Schelling surtout) n'utilisent pas ce terme. Le mot «panthéisme» a au contraire été forgé pour désigner la philosophie de ces auteurs de manière péjorative.

Les références entre parenthèses renvoient aux différentes propositions de la première partie de l'Éthique.

Dans son Éthique, Spinoza affirme que le panthéisme est l'unique façon logique de considérer Dieu et l'univers. Quoique le terme en question apparaisse au XVIIIe siècle, par conséquent ait été étranger à Spinoza lui-même, il résume, bien que particulièrement grossièrement, la majeure partie de la pensée de l'auteur. Dieu n'est pas cet être suprême, transcendant et personnel. Il est en fait impersonnel et immanent au monde, c'est-à-dire qu'il est membre du monde ; mieux, qu'il est le monde.

Les êtres, au lieu d'être vus comme une création de Dieu, sont perçus comme une affection de la substance, une expression de Dieu. Ayant ceci en tête, on peut comprendre ce qui amène Spinoza à écrire son Éthique, ainsi qu'à le faire selon la méthode géométrique. On peut, puisque Dieu est la nature (relations étroites entretenues entre le panthéisme de Spinoza et le naturalisme), et non un être céleste résidant hors du monde, en faire une étude toute scientifique, avec la méthode des sciences naturelles. Tout n'est par conséquent qu'une seule chose, et cette seule chose, c'est Dieu. La table est table avant d'être une table rouge, et ainsi de suite.

De même, sachant qu'une substance est conçue par elle-même et ne dépend pas d'une autre (déf. 3), deux substances n'ont rien de commun entre elles si elles ont des attributs différents. Spinoza ne fait qu'étendre ici la définition 3. Si, en effet, une substance ne dépend pas d'une autre, c'est qu'elle a son concept en elle-même, et ainsi son concept «n'enveloppe pas le concept de l'autre». Les deux substances sont par conséquent entièrement indépendantes, elles ne se connaissent pas mutuellement. Or, une chose ne peut en causer une autre si elle ne la connaît pas.

On en arrive à la question centrale, qui est la détermination des choses, c'est-à-dire ce qui nous sert à distinguer une chose d'une autre. Pour Spinoza, c'est soit la «diversité des attributs des substances», soit «la diversité des affections des substances». Puisqu'une chose ne peut exister que par elle-même, on ne peut la distinguer que par ses propres propriétés, c'est-à-dire ses attributs et ses affections. Or, comme Spinoza pense l'avoir démontré, la substance vient avant l'affection. Si on écarte les affections et qu'on se concentre uniquement sur la substance en elle-même, on ne peut plus la distinguer. Si c'est par contre l'attribut qui détermine la substance, on ne peut distinguer deux substances ayant le même attribut. On doit conclure qu'il «ne peut y avoir dans la nature deux ou plusieurs substance de même nature ou attribut» (Prop. 5). Spinoza pense avoir prouvé qu'une substance ne peut pas en produire une autre si elle n'a rien de commun avec elle . Il affirme ensuite qu'aucune substance, en fait, n'a quoi que ce soit en commun avec une autre. On peut en déduire, dans ces conditions, qu'«une substance ne peut pas être produite par une autre substance» (Prop. 6). Voilà qui conclut ce premier mouvement de l'argumentation portant sur la substance comme telle. Voyons désormais ce qui en est de Dieu.

Si une chose ne peut être produite par une autre, c'est qu'elle est sa propre cause. Cela implique que «son essence enveloppe obligatoirement son existence» (Prop. 7), par conséquent qu'elle existe. Or, puisque toute substance doit être unique et qu'elle existe obligatoirement, elle doit exister soit comme chose finie, soit comme chose illimitée. Spinoza réfute cependant la thèse de la finitude. Si une substance est finie, c'est qu'elle est limitée par une autre de même nature qui, elle aussi, existe obligatoirement. Or, Spinoza a affirmé qu'il ne peut y avoir deux substances de même nature. Il est par conséquent absurde qu'une substance existe comme chose finie. En découle que «toute substance est obligatoirement illimitée» (Prop. 8). Cela inclut aussi Dieu, que nous avons décrit comme étant un être totalement illimité. Or, si on admet que l'essence enveloppe obligatoirement l'existence, on doit aussi admettre que Dieu, substance constituée par une illimitété d'attributs, existe. (Prop. 11). Spinoza voit Dieu comme un être, par conséquent dans la Nature.

Cependant, Spinoza réserve aux sceptiques une preuve plus soignée. Il souligne qu'on ne peut prouver que Dieu existe en se référant à une autre chose car, nous l'avons vu, deux choses différentes ne se connaissent pas l'une l'autre. On ne peut non plus infirmer son existence, pour les mêmes raisons. On doit par conséquent expliquer Dieu par sa propre nature. Or, démontrer que Dieu n'existe pas en utilisant des notions contenues dans sa substance est absurde. Cela reviendrait par exemple à montrer qu'une table n'existe pas en utilisant sa couleur ou sa solidité comme argument. L'objectif de ce second mouvement est atteint : nous sommes parvenus à une définition de Dieu ainsi qu'à une preuve de son existence. Tâchons désormais de conjuguer à cela ce que nous avons dit de la matière.

Dieu, qui existe par sa nature même, est indivisible. C'est le cas pour toute substance totalement illimitée, qu'on ne peut considérer autrement. En effet, imaginons que cette substance soit divisible. Dans un cas, les «morceaux d'illimité» retiendraient les attributs de leur état d'origine (non divisé) et on aurait plusieurs illimités. Or, nous l'avons démontré, on ne peut concevoir deux substances ayant les mêmes attributs. Dans l'autre cas, la substance illimitée ne serait plus et , ayant démontré que Dieu existe bel et bien, cela est impossible. Dieu existe, il est illimité et indivisible. Mais s'il est illimité, c'est qu'il possède l'ensemble des attributs envisageables. Il est par conséquent parfait, au sens classique du terme, dans la mesure où il contient obligatoirement plus d'être que toute autre chose. Toute substance doit par conséquent s'expliquer par un des attributs de Dieu. Mais cela est absurde car il ne peut y avoir deux substances possédant les mêmes attributs. Qui plus est , une substance ne peut s'expliquer que par elle-même. L'unique solution est d'admettre que rien n'existe en dehors de Dieu. Si quelque chose pouvait être conçu en dehors de Dieu, cette chose devrait être conçue comme étant existante. Comment pourrait-elle alors exprimer une essence puisque l'ensemble des essences demeurent en Dieu ? Cette substance hors de Dieu n'aurait par conséquent pas d'attributs, et puisque les attributs définissent la substance, ne pourrait exister. Or, nous avons démontré que toute substance existe obligatoirement. On ne peut par conséquent penser aucune substance en dehors de la substance divine. Il n'y a dans la nature qu'une seule substance, qui est Dieu, et qui possède l'ensemble des attributs.

notes et références

  1. Ethique, dans son introduction
  2. Encyclopédia universalis, article Naturalisme
  3. spinoza op. cit et Henri Atlan, Les étincelles de Hasard, tome 1

Bibliographie

Citations

«… il en va de même pour l'être un et suprême, en qui l'acte ne change pas de la puissance, qui peut être tout totalement, et qui est tout ce qu'il peut être ; sous le mode de la complication, il est l'un, l'immensité, l'infini (…)  ; sous le mode de l'explication, il se trouve dans les corps sensibles, mais aussi dans la puissance et dans l'acte que nous y voyons distingués.»

«Une religion vieille ou nouvelle, qui a souligné la magnificence de l'univers comme révélé par la science, pourrait être capable d'avancer des réserves de révérence et de crainte rarement captée par les fois conventionnelles. Tôt ou tard, une telle religion apparaîtra.»

«Je crois au Dieu de Spinoza qui se révèle lui-même dans l'harmonie ordonnée qui existe, pas en un Dieu qui se soucie du destin et des actions des êtres humains.»

«Pour moi, ce n'est pas un Dieu personnifié, mais un principe panthéiste omniprésent dans la Nature […] Je parle d'un principe créateur qui règle l'univers à son début, non d'un Dieu personnifié.»

Voir aussi

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