Environnement et religion

La notion d'environnement en religion est particulièrement dépendante de la notion d'environnement. Or, la définition que nous donnons au terme environnement a largement évolué au cours de l'histoire.



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La notion d'environnement en religion est particulièrement dépendante de la notion d'environnement. Or, la définition que nous donnons au terme environnement a largement évolué au cours de l'histoire. Cependant, aujourd'hui, un consensus tend à se dégager. Au regard de ce "consensus émergent", l'environnement se conçoit et se perçoit dorénavant comme une thématique inscrite dont une dynamique dont les principales problématiques, au nombre de quatre, sont : la gestion des déchets, la lutte contre la pollution, la protection/préservation de la biodiversité et des écosystèmes, mais aussi la prise en charge des menaces climatiques. Derrière la dynamique et la problématique à l'ordre du jour se profile, à l'adresse de chacun d'entre nous, une invitation à repenser nos modes de production, de consommation et de distribution des ressources disponibles (http ://cahiers. blog. tdg. ch/archive/2009/11/28/sommet-de-copenhague-ordre-de-bataille-contre-ordre-de-pagai. html). En réalité, du fait d'une "sorte de jeu de miroirs", cette invitation n'est guère que le reflet d'une autre invitation : celle de repenser, par un comportement responsable et solidaire, nos modes de production, de consommation et de distribution du type d'énergie, fossile et/ou renouvelable, dont nous disposons.

A la lumière de ce qui précède, un fait se dégage : conscientes du rôle qu'elles peuvent jouer, les confessions religieuses les plus diverses (voir ci-dessous) s'impliquent désormais en faveur d'une nouvelle donne environnementale, non seulement à une échelle mondiale, ainsi qu'à une échelle globale. Désormais plus que jamais - qu'on soit chrétien ou juif, musulman ou boudhiste, shintoïste ou animiste -, il s'agit de laiser une "planète propre" aux futures générations, à tel point que le message de l'apôtre Paul demeure d'actualité, et pour cause : Il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir (Actes 20 :35).

Religions anciennes

La plupart des religions anciennes étaient particulièrement respectueuses de l'environnement[1]. Certaines religions animistes et celtiques faisaient des éléments de la nature, comme les sources, certains animaux ou plantes, des divinités. En effet, la non-compréhension de la nature lui conférait un aspect mystique qui aboutissait fréquemment à une divinisation de ses éléments.

Hindouisme

Article détaillé : Environnement (hindouisme) .

L'environnement dans l'hindouisme a une grande importance, car l'hindouisme n'est pas une religion au sens restreint du mot. On traduit hindouisme par sanatana dharma, qui, traduit approximativement, veut dire l'«essence éternelle du cosmos» – la qualité qui lie l'ensemble des êtres humains, animaux et végétaux à l'univers alentour et peut-être à Dieu, source de toute existence[2].

Les hindous ont toujours été proches de la Nature, vénérant rivières, montagnes et forêts et considérant la terre comme une déesse mère. Selon la philosophie hindoue, l'univers et tout ce qu'il contient est conscient. En brillant, le soleil, la lune et les étoiles nous transmettent leur conscience et des êtres invisibles (mais conscients) remplissent l'espace entre eux et nous. Tous ces êtres existent sous la forme de l'Homme Cosmique[2].

La cosmologie védique divise l'espace dans l'univers en quatorze couches constituées par des dispositifs planétaires : depuis les planètes Patala qui forment la plante des pieds jusqu'aux planètes paradisiaques qui se nomment Satyaloka et qui forment les têtes au nombre de mille. Un ancien hymne védique, le Pourousha-soukta, décrit la forme de cet Homme Cosmique et nous raconte que tout ce qui existe dans le monde fait partie de cette forme universelle[2].

On dit aussi que les océans forment la taille de Vishnou, tandis que les collines et montagnes sont ses os ; les nuages sont ses cheveux, l'air sa respiration, les rivières ses veines et les arbres les poils de son corps. Le soleil et la lune sont ses yeux et le passage du jour à la nuit se fait lorsqu'il bat ses paupières[2].

L'Iça Oupanishad maintient que Dieu réside en tout ce qui existe ; c'est ainsi que la création entière est sacrée ; ce sens du sacré est la base de la relation que l'hindouisme a avec la Nature. Planter des arbres, creuser des puits et construire des réservoir d'eau, en particulier sur les lieux de pèlerinages, sont habituellement reconnus comme des actes méritoires[2].

Dans l'ancienne tradition hindoue, la beauté de la Nature tout entière est nommée vana vaïbhav, mot Sanskrit qui veut dire, littéralement, «splendeur des forêts». Cette valorisation respectant les traditions des arbres implique une relation écologique subtile et étroite entre les communautés humaines de jadis et la totalité de la faune et de la flore. A la base de cette relation se trouve la croyance que plantes et animaux ont le droit de vivre et que la société humaine qui dépend d'eux pour sa survie et sa prospérité doit par conséquent les protéger. En outre, la forêt est un lieu où régne la paix et l'harmonie nécessaires aux aspirations spirituelles de l'homme[2].

Bouddhisme

En octobre 2008, Shenphen Rinpoche a été invité à une émission télévisée sur l'écologie et la religion durant laquelle il a donné son avis sur les méthodes et les raisons d'accroître la sensibilisation à l'écologie[3]

Shintoïsme

Le shintoïsme a aussi divinisé de nombreux éléments naturels, sous le nom de kami.

Un kami peut être toute entité supérieure à l'homme par sa nature. Sont kami, en effet, non seulement certaines forces naturelles personnalisées : le Soleil, la Lune, le typhon, et bien d'autres toujours, mais d'une façon plus générale tout ce qui apparaît mystérieux ou redoutable parmi les êtres inanimés comme les arbres, les montagnes, les mers, les fleuves, les rochers, les vents, ou encore des objets de forme étrange ou d'origine inconnue ; de même peuvent être tenus pour kami des humains, ou des animaux, vivants ou morts.

Judaïsme

Le monde naturel joue un rôle important dans le judaïsme. Dans la loi juive (halakhah), on trouve des mises en garde pour la protection des arbres fruitiers, ou de tout ce qui relève du bien commun, y compris les éléments naturels constituant l'environnement.

Il y a peu de temps aux États-Unis, la CŒJL (Coalition on the Environment and Jewish Life) milite pour la protection de l'environnement et l'éducation au respect de l'environnement au regard de la religion juive[4].

Christianisme

Les Églises chrétiennes prennent progressivement en compte la protection de l'environnement dans leurs positions depuis les années 1970[5]. Sans compter que, de son côté, la Bible vibre d'une fibre écologique aux allures d'engagement environnemental, ainsi qu'en attestent certains versets du livre de la Genèse (voir http ://feuillets. blog. tdg. ch/archive/2010/04/01/da21673abdd2c7fc2de092d3df0c6ee3. html). Dans la continuité et l'élan du message biblique, c'est aujourd'hui un nombre grandissant d'hommes d'Eglise qui militent en faveur d'une nouvelle donne environnementale (http ://daleb-mpassi2. over-blog. com/article-25208242. html).

Lors de la Conférence des Nations Unies sur l'environnement humain à Stockholm, en 1972, le message envoyé par Paul VI a été lu à l'ouverture de la première séance, alertant déjà l'humanité pour qu'elle substitue le respect de la biosphère à la poussée aveugle du progrès matériel. En 1971, dans la lettre apostolique Octogesima Adveniens (n° 21) [6], Paul VI alertait déjà sur les risques liés à la pollution de l'environnement.

Le pape Jean-Paul II aura été un des grands penseurs chrétiens de notre temps en matière d'écologie. Depuis 1979, année pendant laquelle il a proclamé François d'Assise patron des écologistes, Jean-Paul II a rédigé une vingtaine de textes sur l'écologie[7].

L'encyclique Sollicitudo Rei Socialis abordait en 1988 le thème de l'environnement. Elle indique qu'il «faut tenir compte de la nature de chaque être et de ses liens mutuels dans un dispositif ordonné, qui est le cosmos», qu'il faut prendre en considération «le caractère limité des ressources naturelles, certaines d'entre elles n'étant pas renouvelables», et prendre conscience des «conséquences qu'a un certain type de développement sur la qualité de la vie dans les zones industrialisées». [8]

Le 1er septembre 1989, le patriarche œcuménique Dimitrios avait nommé à observer une Journée de la création le premier jour de septembre (début de l'année liturgique dans l'Eglise orthodoxe). [9]

Jean-Paul II a aussi délivré un message fort en 1989 sur la responsabilité de tous devant l'importance des problèmes d'environnement. Il soulignait que la crise écologique est un problème moral. [10]

Dès 1991, l'encyclique Centesimus annus alertait sur la responsabilité de l'homme en matière d'écologie :

«À côté du problème de la consommation, la question de l'écologie, qui lui est étroitement connexe, inspire tout autant d'inquiétude. L'homme, saisi par le désir d'avoir et de jouir plus que par celui d'être et de croître, consomme d'une manière excessive et désordonnée les ressources de la terre et sa vie même. A l'origine de la destruction insensée du milieu naturel, il y a une erreur anthropologique, malheureusement répandue à notre époque. L'homme, qui découvre sa capacité de transformer et en un sens de créer le monde par son travail, oublie que cela s'accomplit toujours à partir du premier don originel des choses fait par Dieu. Il croit pouvoir disposer arbitrairement de la terre, en la soumettant sans mesure à sa volonté, comme si elle n'avait pas une forme et une destination antérieures que Dieu lui a données, que l'homme peut développer mais qu'il ne doit pas trahir. Au lieu de remplir son rôle de collaborateur de Dieu dans l'œuvre de la création, l'homme se substitue à Dieu et , ainsi, finit par provoquer la révolte de la nature, plus tyrannisée que gouvernée par lui.»[11]

La doctrine sociale de l'Église comporte des recommandations sur la sauvegarde de l'environnement. [12]

La commission sociale des évêques de France a aussi publié Le Respect de la Création (éd. du Centurion), qui est un opuscule d'une cinquantaine de pages publié le 17 janvier 2000 dans lequel ils nomment les chrétiens au civisme écologique et les rend responsables de la sauvegarde de la Création.

Le mouvement Pax Christi a créé une antenne «environnement et modes de vie», dont les travaux ont abouti à la publication, en juin 2005, en collaboration avec la commission sociale de l'épiscopat, d'un important ouvrage collectif : Planète vie, planète mort, l'heure des choix (Cerf) [13]

Les 26 et 27 avril 2007, le Conseil pontifical Justice et Paix a organisé un séminaire sur le thème "Changements climatiques et développement". Au sujet de la réflexion sur "les changements climatiques et le développement", le pape Benoît XVI a lancé un appel au respect de la Création. [14]

La pollution de l'environnement a été évoquée le 9 mars 2008 par Mgr Gianfranco Girotti, régent de la pénitencerie apostolique, comme une forme moderne du péché[15]. Il a aussi insisté sur la dimension collective du péché, le péché social, tandis que l'accent est habituellement mis sur la dimension individuelle[16].

Le 5 juin 2008, le Saint-Siège proposait un «Décalogue» pour défendre l'environnement[17].

En 2009, l'encyclique Caritas in Veritate de Benoît XVI a abordé la question du respect de l'environnement :

«Le thème du développement est aussi actuellement fortement lié aux devoirs qu'engendre le rapport de l'homme avec l'environnement naturel. Ce dernier a été donné à tous par Dieu et son usage représente pour nous une responsabilité à l'égard des pauvres, des générations à venir et de l'humanité tout entière. Si la nature, et en premier lieu l'être humain, sont reconnus comme le fruit du hasard ou du déterminisme de l'évolution, la conscience de la responsabilité s'atténue dans les esprits. Dans la nature, le croyant reconnaît le merveilleux résultat de l'intervention créatrice de Dieu, dont l'homme peut user pour satisfaire ses besoins légitimes – matériels et immatériels – dans le respect des équilibres propres à la réalité créée. Si cette vision se perd, l'homme finit soit par considérer la nature comme une réalité intouchable, soit, au contraire, par en abuser. Ces deux attitudes ne sont pas conformes à la vision chrétienne de la nature, fruit de la création de Dieu[18]

Pourtant, la question de l'environnement semble toujours périphérique dans les préoccupations des Églises. André Beauchamp a ainsi écrit un ouvrage en forme d'appel à l'Église catholique québecoise pour que celle-ci inscrive la question de l'environnement au cœur de ses préoccupations. [19]

Le 23 février 2009, Jean-Louis Borloo, ministre français chargé de l'écologie et du développement durable, a rencontré le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, en présence de plusieurs évêques, à la maison de la Conférence des évêques de France. Il a surtout invité l'Église à mieux communiquer sur la sauvegarde de la Création. [20]

Islam

Comme pour les autres religions modernes, les textes sacrés de l'islam peuvent être lus à la lueur de la protection de l'environnement. L'islam appelant au respect des autres et du monde qui nous entoure, on trouve de nombreux appels au respect de la création[21].

De même la majorité des autorités religieuses islamiques se sont situées en faveur de'un plus grand respect de l'environnement[22].

Notes et références

  1. Robert Tessier, 1990, «Religion et environnement. Un rapport éthique», Médium / Sciences Humaines
  2. L'HINDOUISME, une introduction, de Dharam Vir Singh, SURABHI PRAKASH
  3. Lama Shenphen Rinpoche answers how and why to raise ecological awareness
  4. (en) Site officiel de la CŒJL
  5. Historique des prises de position des Églises
  6. Lettre au Cardinal Roy, Octogesima Adveniens
  7. Jean-Paul II, Les gémissements de la Création, vingt textes sur l'écologie, Parole et Silence, paru en 2006
  8. Encyclique Sollicitudo Rei Socialis, N° 34
  9. Pour la journée de la Création, le patriarche œcuménique souligne l'obligation d'une éthique environnementale
  10. Écologie chemin de paix
  11. Encyclique Centesimus annus, n° 37
  12. Compendium de la doctrine sociale de l'Eglise, dixième chapitre, sauvegarder l'environnement
  13. Antenne Pax Christi et commission sociale des évêques de France, Fiche verte n° 104, mai 2005
  14. Appel du pape Benoît XVI au respect de la Création
  15. Le Monde, 11 mars 2008 et site
  16. Aucun nouveau péché n'a été découvert in La Croix, 11 mars 2008 et sur le site
  17. Le Saint-Siège propose un Décaloge pour défendre l'environnement
  18. Encyclique Caritas in Veritate, chapitre IV, n° 48
  19. André Bauchamp, environnement et Église, Fides, 2008
  20. L'homme au cœur des enjeux de l'économie
  21. Extraits de textes sacrés islamiques, Reconsidérer l'environnement selon la dimension islamique
  22. Résumé de la position islamique sur l'environnement

Annexes

Bibliographie

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