Carême orthodoxe

Le carême est une période de jeûne s'exprimant extérieurement par l'abstinence de toute nourriture d'origine animale. Le Grand Carême n'est pas une fin en lui-même et sa signification ne peut être saisie qu'en regard de sa destination, la fête de Pâques.



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Le carême est une période de jeûne s'exprimant extérieurement par l'abstinence de toute nourriture d'origine animale. Le Grand Carême n'est pas une fin en lui-même et sa signification ne peut être saisie qu'en regard de sa destination, la fête de Pâques. En effet, en suivant l'affirmation d'un des plus importants théologiens orthodoxes du XXe siècle, Alexandre Schmemann : "avant tout le carême est un voyage spirituel et sa destination est Pâques"[1].

L'importance du carême et la fidélité avec lequel il peut être respecté dans l'Église orthodoxe est à la mesure de l'importance qu'elle porte à la fête de Pâques. [2] C'est en effet lors de la fête de Pâques, la fête de la Résurrection du Christ et de sa victoire sur la mort, que se rassemble le plus grand nombre de fidèles dans les pays de tradition orthodoxe ; c'est quelquefois, énormément plus qu'à Noël (contrairement aux pays occidentaux de tradition catholique), le jour de fête où viennent même ceux qui ne pratiquent pas régulièrement.

Cependant cette préparation à la résurrection de Pâques qu'est le carême ne doit pas être comprise comme ayant une valeur en soi. L'Eglise met en garde contre le risque d'une rigueur excessive dans le rituel. C'est ainsi que la Liturgie rappelle, lors de la période de pré-carême, la parobole du Pharisien et du Publicain ; mais plus important toujours, la liturgie de Pâques, dans l'homélie de Saint Jean Chrysostome, énonce : "Que vous ayez jeûné ou non, réjouissez-vous actuellement. La table est préparée, goûtez-en tous; (... ) que nul ne s'en retourne à jeun. (... ) Que nul ne se lamente sur ses fautes, car le pardon a jailli du tombeau. Que nul ne craigne la mort, car celle du Sauveur nous en a délivrés : il l'a fait disparaître après l'avoir subie. Il a dépouillé l'Enfer, celui qui aux Enfers est descendu. (... ) Ô Mort, où est ton aiguillon? Enfer, où est ta victoire? Le Christ est ressuscité, et toi-même es terrassé. Le Christ est ressuscité, et les démons sont tombés. Le Christ est ressuscité, et les Anges sont dans la joie. Le Christ est ressuscité, et voici que règne la vie. "

Le carême orthodoxe est identique au rite de carême pratiqué dans le rite grec-melkite et grec-ukrainien.

Carême orthodoxe
Structure :

La Pratique du Jeûne

Probablement faut-il préciser que le jeûne n'est pas uniquement un ensemble de règles alimentaires (en tous cas, le Carême ne saurait y être identifié)  ; il est avant tout un épurement de ce qui est superflu et de ce qui peut gêner notre rapport avec Dieu. Il s'agit de réorienter son désir vers ce qui est essentiel. Il s'agit en cela de comprendre la parole du Christ lorsqu'il répliqua à Satan dans le désert (qui essayait de l'éprouver dans son jeûne)  : "L'homme ne vit pas uniquement de pain" (Évangile selon Mathieu, 4, 4). Il s'identifie par conséquent à se mouvement de conversion (de métanoïa) qui consiste à se détourner de nos désirs multiples pour s'orienter vers "l'unique nécessaire" (Luc, 10, 42). En général, le jeûne est fréquemment décrit dans l'Église orthodoxe comme un effort pour se libérer des dépendances qui asservissent l'esprit à des désirs non essentiels, pour restaurer l'ordre naturel de l'intelligence à la sensation.

Cependant, les Pères affirment que cet effort n'est rien sans le secours de la prière (il ne s'agit pas d'arriver uniquement à une maîtrise de soi, mais bien de réorienter son désir). Une parole mémorable (un apophtegme) d'un Père du désert, fréquemment citée dans l'orthodoxie, affirme qu'on ne peut se glorifier de jeûner sans prier et sans amour, car les démons jeûnent eux aussi (ils n'ont pas besoin de manger).

L'orthodoxie condamne d'autre part toute volonté de performance dans le domaine des règles alimentaires (ce qui serait en fausser le sens) Comme le révèle d'autre part cet autre célèbre apophtegme :

«Abba Isaac vint chez Abba Pœmen. Il le vit en train de se verser légèrement d'eau sur les pieds ; et comme il était particulièrement libre avec lui, il lui demanda : "Pourquoi certains ont-ils fait preuve d'intransigeance en traitant durement leur corps ?" Abba Pœmen répondit : "Nous, nous n'avons pas appris à tuer le corps, mais à tuer les passions. " Et il dit toujours : "Tous les excès viennent des démons. "[3]»

Le jeûne alimentaire

Au cours du Grand Carême, la majorité des orthodoxes pratique un jeûne alimentaire qui répond à certaines règles générales. Cependant, ces règles que nous décrivons ci-dessous, ne doivent pas être appliquée aveuglement : selon la tradition de l'Église orthodoxe, toute décision de jeûner doit se faire en consultation avec son Père spirituel (généralement son confesseur) afin d'en définir les modalités d'une manière adaptée à notre individualité (c'est ainsi que certains Pères peuvent, d'une façon apparemment paradoxale, recommander du repos à ceux qui sont incapables de s'en accorder, etc. ).

Les règles générales du jeûne consistent à s'abstenir complètement de viande et de laitages (et certains jours de vin et d'huile). Cependant, le carême n'est pas pratiqué de la même manière les jours de la semaine (c'est-à-dire du lundi au vendredi), et le week-end. En effet, le samedi (jour du sabbat) et le dimanche (jour du Seigneur) sont reconnus par l'Église orthodoxe comme des jours de fête, incompatibles avec un jeûne trop strict. Alors qu'on s'abstiendra au cours de la semaine de viande, d'huile (comme de toute matière grasse) et de vin, en se limitant plutôt à un seul repas (le soir) par jour ; il est par contre permis les samedis et dimanches de carême de prendre deux repas par jour, accompagnés d'huile et de vin (mais non pas de viande).

Règles générales du jeûne alimentaire
Du lundi au vendredi Samedi et Dimanche

De prédilection un seul repas par jour

Deux repas par jour

Ni huile ni vin

Huile et vin autorisés

Aucun produit d'origine animale.
(Ni viande, ni produits laitiers, ni œufs. )

Aucun produit d'origine animale.
(Ni viande, ni produits laitiers, ni œufs. )

Ces règles de jeûnes alimentaires doivent s'accompagner de méditations bibliques, d'efforts spirituels, d'assistance aux offices, sans quoi elles perdent tout intérêt spirituel, et ne peuvent tandis que manquer ce qu'elles sont censées viser, ce qui en forme le sens même.

La manière de vivre au cours du Carême

Le Carême, comme le rappelle Alexandre Schemann, ne saurait se limiter à des actes extérieurs comme les règles alimentaires, la présence aux offices. Cette période implique une transformation générale de son style de vie en accord avec ces efforts. La majorité des orthodoxes vont par exemple, moins au cinéma ou en boîte de nuit au cours de la durée du Carême, diminuent leur sorties, pour créer un climat plus simple, plus dépouillé, sans trop d'attractions divertissantes, avec son rythme propre. (Actuellement, certains orthodoxes éteignent leur télévision durant le Carême, en particulier les première, quatrième et septième semaines). Comme on se prive d'une nourriture, il s'agit aussi aussi de s'ouvrir et de s'habituer à une nourriture plus élévée, d'une meilleure qualité pour l'esprit et pour l'âme en se concentrant sur des lectures spirituelles, ou tout œuvre d'art possédant une valeur spirituelle.

Par conséquent, il est de coutume de ne célébrer ni fête, ni mariage durant le Grand Carême, afin d'en respecter le "ton". Ce ton spécifique au Carême porte un nom dans l'orthodoxie, celui de "radieuse tristesse" (ou encore "douloureuse joie" selon le choix de traduction, correspondant au grec "charopeion penthos", littéralement "la tristesayant lieu la joie") signifiant par là l'interdépendance, manifeste au cours du carême, qui lie la joie véritable à l'effort indispensable pour se détacher de ce qui l'entrave. Il s'agit non pas d'une joie éphémère, superficielle, mais d'une joie exigente ; non pas d'une tristesse menant à une forme de dépression, qui serait la tristesse du péché, mais la découverte de notre faute et de la possibilité d'en être sauvé, délivré.

Selon le même esprit, aucune Liturgie de Saint Jean Chrysostome, avec offrande de l'Eucharistie, reconnue comme une véritable fête, ne saurait être célébrée les jours de la semaine du Carême. L'Eucharistie est durant le carême offerte seulement le dimanche (qui étant "le jour du Seigneur" demeure un jour de fête) et lors, non pas de la Liturgie de Saint Jean Chrysostome, mais de la Liturgie de Saint Basile, plus longue et plus solennelle.

L'entrée dans le Carême orthodoxe

Cependant, si sa pratique est stricte, l'entrée dans le carême se fait de manière progressive. Toute grand fête ou période liturgique se doit, en effet, selon la tradition orthodoxe, d'être préparée à l'avance, à travers entre autres l'ordonnancement des lectures évangéliques du dimanche pour permettre une conversion progressive. Le carême est par conséquent préparé à travers cinq dimanche, évoquant chacun, à travers leurs lectures évangéliques, les étapes principales de la conversion.

Probablement faut-il compter, comme le fait Schmemann, le "Dimanche de Zachée" comme un dimanche de pré-carême, même si ce dernier n'appartient pas au Triode. L'évangile de ce dimanche (Luc 19, 1-10) évoque le désir du pécheur Zachée de voir le Christ, au point de monter en haut d'un arbre pour l'apercevoir, si bien que c'est le Christ qui le vit et s'invita chez lui.

Préparation du Grand Carême
Les dimanches initiant la semaine Évènements suivant ces dimanches Nom de la semaine suivant ces dimanches Règles de jeûne
Dimanche du Publicain et du Pharisien Semaine de la viande La viande est permise même le mercredi et le vendredi.
Dimanche du Fils prodigue Samedi des défunts
Dimanche du Jugement dernier Carnaval le dimanche soir Semaine des laitages La viande est supprimée, mais non les laitages, ni les œufs.
Dimanche du Pardon Lundi Pur Le Grand Carême commence lors du Lundi Pur

Première semaine de pré-carême, dite "semaine de la viande"

La viande est autorisée cette semaine, même le mercredi et le vendredi qui sont généralement des jours de jeûne.

«Le Seigneur dit cette parabole : "Deux hommes montèrent au Temple pour prier ; l'un était Pharisien et l'autre publicain. Le Pharisien, debout, priait ainsi en lui-même : Mon Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont rapaces, injustes, adultères, ou bien toujours comme ce publicain ; je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tout ce que j'acquiers. Le publicain, se tenant à distance, n'osait même pas lever les yeux au ciel, mais il se frappait la poitrine, en disant : Mon Dieu, aie pitié du pécheur que je suis ! Je vous le dis : ce dernier descendit chez lui justifié, l'autre non. Car tout homme qui s'élève sera abaissé, mais celui qui s'abaisse sera élevé. "»

(Evangile de Saint Luc, 18, versets 10 à 14).

Voir à ce sujet, sur un site de catéchèse orthodoxe : Dimanche du publicain et du pharisien

Deuxième Semaine de pré-carême

«Il dit toujours : "Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : Père, donne-moi la part de fortune qui me revient. Et le père leur partagea son bien. Peu de jours après, rassemblant tout son avoir, le plus jeune fils partit pour un pays lointain et y dissipa son bien en vivant dans l'inconduite. "Lorsqu'il eut tout dépensé, une famine sévère survint en cette contrée et il commença à sentir la privation. Il alla se mettre au service d'un des habitants de cette contrée, qui l'envoya dans ses champs garder les cochons. Il aurait bien voulu se remplir le ventre des caroubes que mangeaient les cochons, et personne ne lui en donnait. Rentrant alors en lui-même, il se dit : Combien de mercenaires de mon père ont du pain en surabondance, et moi je suis ici à périr de faim ! Je veux partir, aller vers mon père et lui dire : Père, j'ai péché contre le Ciel et envers toi ; je ne mérite plus d'être nommé ton fils, traite-moi comme l'un de tes mercenaires. Il partit par conséquent et s'en alla vers son père. "Tandis qu'il était toujours loin, son père l'aperçut et fut pris de pitié ; il courut se jeter à son cou et l'embrassa tendrement. Le fils alors lui dit : Père, j'ai péché contre le Ciel et envers toi, je ne mérite plus d'être nommé ton fils. Mais le père dit à ses serviteurs : Vite, apportez la plus belle robe et l'en revêtez, mettez-lui un anneau au doigt et des chaussures aux pieds. Amenez le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, car mon fils que voilà était mort et il est revenu à la vie ; il était perdu et il est retrouvé ! Et ils se mirent à festoyer. "Son fils aîné était aux champs. Lorsque, à son retour, il fut près de la maison, il entendit de la musique et des danses. Appelant un des serviteurs, il s'enquérait de ce que cela pouvait bien être. Ce dernier lui dit : C'est ton frère qui est arrivé, et ton père a tué le veau gras, parce qu'il l'a recouvré en bonne santé. Il se mit alors en colère, et il refusait d'entrer. Son père sortit l'en prier. Mais il répondit à son père : Voilà tant d'années que je te sers, sans avoir jamais transgressé un seul de tes ordres, et jamais tu ne m'as donné un chevreau, à moi, pour festoyer avec mes amis ; et puis ton fils que voici revient-il, après avoir dévoré ton bien avec des prostituées, tu fais tuer pour lui le veau gras ! "Mais le père lui dit : Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. Mais il fallait bien festoyer et se réjouir, puisque ton frère que voilà était mort et il est revenu à la vie ; il était perdu et il est retrouvé !"»

(Evangile selon Saint Luc 15, versets 11 à 32)

Semaine des laitages ou de la Tyrophagie

La viande est supprimée, mais les laitages et les œufs sont autorisés même le mercredi et le vendredi (jours habituels de jeûne). Lors de ces deux jours de la semaine, on ne célèbre pas la liturgie et on récite la Prière de Saint Ephrem (décrite plus bas).

«Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : "Venez, les bénis de mon Père. Héritez du Royaume qui vous a été préparé depuis la fondation du monde. Car j'ai eu faim et vous m'avez donné à manger, j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire, j'étais sans logis et vous m'avez recueilli, j'étais nu et vous n'avez vêtu, j'étais infirme et vous m'avez visité, en prison et vous êtes venus à moi. " Alors les justes lui répondront : "Seigneur, lorsque t'avons-nous vu affamé et t'avons donné à manger, ou être assoiffé et t'avons-nous donné à boire ? Lorsque t'avons-nous vu sans logis et t'avons-nous recueilli, ou nu et t'avons-nous vêtu ? Lorsque t'avons-nous vu infirme ou en prison et sommes-nous venus à toi ?" Et le Roi leur répondra : "Amen, je vous le dis, ce que vous avez fait à l'un de mes frères, à l'un des plus petits, c'est à moi que vous l'avez fait. " Alors il dira à ceux qui sont à sa gauche : "Éloignez-vous de moi, maudits, au feu éternel préparé pour le diable et ses complices ! Car j'ai eu faim et vous ne m'avez pas donné à manger, j'ai eu soif et vous ne m'avez pas donné à boire, j'étais sans logis et vous ne m'avez pas recueilli, j'étais nu et vous ne m'avez pas vêtu, infirme et prisonnier et vous ne m'avez pas visité. " Alors eux aussi répondront : "Seigneur, lorsque t'avons-nous vu avoir faim ou soif, ou sans logis, ou nu, ou infirme, et t'avons-nous pas rendu service ?" Alors il leur répondra en disant : "Amen, je vous le dis, ce que vous n'avez pas fait à l'un de ces plus petits, à moi non plus vous ne l'avez pas fait !"»

(Evangile selon Saint Mathieu, chapitre 15)

Le dernier dimanche avant le Carême

«Le Seigneur dit : "Oui, si vous remettez aux hommes leurs manquements, votre Père céleste vous remettra aussi ; mais si vous ne remettez pas aux hommes, votre Père non plus ne vous remettra pas vos manquements. "Lorsque vous jeûnez, ne vous donnez pas un air sombre comme font les hypocrites : ils prennent une mine défaite, pour que les hommes voient quoiqu'ils jeûnent. En vérité je vous le dis, ils tiennent déjà leur récompense. Pour toi, lorsque tu jeûnes, parfume ta tête et lave ton visage, pour que ton jeûne soit connu, non des hommes, mais de ton Père qui est là, dans le secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. "Ne vous amassez point de trésors sur la terre, où la mite et le ver consument, où les voleurs percent et cambriolent. Mais amassez-vous des trésors dans le ciel : là, point de mite ni de ver qui consument, point de voleurs qui perforent et cambriolent. Car où est ton trésor, là sera aussi ton cœur. "»

La prière du Carême orthodoxe

Une prière spéciale, délivrée par la tradition à saint Éphrem le Syrien, est récitée deux fois chaque jour du carême :

"Seigneur et Maître de ma vie,
ne m'abandonne pas à l'esprit de paresse, de découragement,
de domination et de vaines paroles ! (une métanie)

Mais fais-moi la grâce, à moi ton serviteur,
de l'esprit d'intégrité, d'humilité,
de patience et d'amour ! (une métanie)

Oui, Seigneur-Roi,
accorde-moi de voir mes fautes
et de ne pas condamner mon frère,
car Tu es béni dans les siècles des siècles ! (une métanie)

Amin. "

La prière est dite deux fois. La première fois, une métanie (c'est-à-dire un prosternement) conclue chacune des demandes. Ces métanies ont énormément d'importance pour l'Église orthodoxe, car elles permettent de faire participer le corps à la prière, de restaurer ce dernier dans sa vraie fonction comme "temple de l'Esprit", car lui aussi est nommé selon la théologie orthodoxe, à être transfiguré, à devenir glorieux. "L'homme tout entier, dans sa chute, s'est détourné de Dieu, l'homme tout entier devra être restauré ; c'est tout l'homme qui doit revenir à Dieu. (... ) Pour cette raison, tout l'homme - corps et âme - se repent. Le corps participe à la prière de l'âme, de même que l'âme prie par et dans le corps. Les prosternements, signes psychosomatiques du repentir et de l'humilité, de l'adoration et de l'obéissance, sont par conséquent le rite quadragésimal par excellence. "[4]

On répète ensuite douze fois : "Ô Dieu, purifie-moi, pêcheur". On lit alors de nouveau, mais cette fois sans métanie, la prière de saint Éphrem.

Cette prière est construite selon un double mouvement, de la même manière que le psaume pénitentiel 50 (51), à la fois de purification de nos fautes et d'ouverture à la grâce de Dieu, correspondant au double aspect de la conversion baptismale de la mort du vieil homme et de l'apparition en un homme nouveau, de la mort et de la Résurrection du Christ.

Selon le commentaire des Pères de l'Eglise orthodoxe, elle suivrait l'ordre d'engendrement des passions comme des vertus. Ce serait de la paresse et du découragement, compris comme absence d'effort dans la recherche d'une communion avec Dieu, que naîtrait le besoin de substitutions que sont le désir de domination et le bavardage inutile. L'intégrité (correspondant au grec sophrosunê, σωφροσύνη, mot complexe à traduire signifiant tout à la fois intégrité, chasteté, virginité et modération) est le contraire de la paresse comprise comme dispersement de ses forces et de ses désirs. Quiconque se connaît véritablement dans son intégrité, devient humble. Devenu humble, il est moins prompt à condamner les autres ainsi qu'à s'emporter contre eux ; sa vision s'est élargie au-delà de sa personne (il ne s'agit pas d'un aveuglement ni d'une indulgence, mais d'une compréhension). Le fuit de l'ensemble des vertus, qui les couronne toutes, c'est l'amour (ou charité, c'est-à-dire l'agapè, un amour surnaturel, non pas un état sentimental, mais selon la théologie orthodoxe, la participation à une énergie divine).

La structure du Grand Carême

Une semaine avant le Carême, le jeûne débute progressivement par l'exclusion de la viande dans le régime alimentaire, à partir du Dimanche nommé "de l'abstinence de viande". C'est à partir du Dimanche du pardon, que s'initie véritablement le Grand Carême et que débute le jeûne strict, en excluant désormais tout laitages (et certains jours, l'huile et le vin).

Durant le Grand Carême, les péricopes lues sont prises seulement dans l'Ancien Testament, se concentrant sur le livre de La Genèse, les Livres des Proverbes, et le Livre d'Isaïe.

Le grand carême s'achève par le Samedi de Lazare, précédant le Dimanche des Rameaux qui marque l'entrée dans la Semaine Sainte, précédant Pâques. (Au contraire des catholiques, les orthodoxes ne comptent pas la Semaine Sainte dans le compte des quarante jours de Carême. )

En semaine, pas de liturgie sauf le mercredi et le vendredi, où est célébrée la Liturgie des Saints Dons Présanctifiés. Le samedi est célébrée la Liturgie de saint Jean Chrysostome. Le dimanche, la Liturgie de saint Basile.

La Première semaine de Carême

La seconde semaine de Carême

La troisième semaine de Carême

La quatrième semaine de Carême

La cinquième semaine de Carême

La sixième semaine de Carême

La Fête de l'Annonciation

Cette fête fixe (25 mars) est presque toujours localisée au cours de la période du Carême (dont les dates sont mobiles). En 1996, elle tomba sur Pâques (ce cas se reproduira 75 ans plus tard!). Il lui arrive, lorsque Pâques est tôt dans l'année, de tomber hors du Grand Carême, mais au cours de la Semaine Sainte (c'est arrivé en 2007). En de rares cas, elle tombe après Pâques. (années à vérifier)

Références

  1. Le Grand Carême, Alexandre Schemann, Abbaye de Bellefontaine, 1974
  2. "Toute la liturgie de l'Église est ordonnée autour de Pâques, et , ainsi, l'année liturgique, c'est-à-dire la succession des saisons et des fêtes, devient un voyage, un pèlerinage vers Pâques, vers la Fin qui est en même temps le Commencement : fin de ce qui est vieux, commencement de la vie nouvelle, un passage constant de ce monde au Royaume déjà révélé en Christ" in Le Grand Carême, Alexandre Schemann, Abbaye de Bellefontaine, 1974
  3. Abba, dis moi une parole, Apophtegmes des Pères du désert, choisis et traduit par Lucien Regnault, ed. Solesmes, 1998, p. 47
  4. Le Grand Carême, Alexandre Schemann, Abbaye de Bellefontaine, 1974, p. 45

Bibliographie et liens externes

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