Concordisme

Le concordisme est un dispositif d'exégèse consistant à interpréter les textes sacrés d'une religion de manière à ce qu'ils ne soient pas contradictoires avec les connaissances scientifiques d'une époque.



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Définitions :

  • Fait d'interpréter les textes religieux de sorte à ce qu'ils correspondent aux connaissances scientifiques (source : fr.wiktionary)

Le concordisme est un dispositif d'exégèse consistant à interpréter les textes sacrés d'une religion de manière à ce qu'ils ne soient pas contradictoires avec les connaissances scientifiques d'une époque. Né dans la sphère chrétienne au XIXe siècle pour justifier les données de la Bible, il est aujourd'hui spécifiquement vivace dans le monde musulman, à travers le mouvement de l'I`jaz `Ilmiy («Contenu scientifique miraculeux») tendant de faire concorder à la fois le Coran et la Sunna avec les sciences contemporaines et dans le néocréationnisme protestant.

Le concordisme vise deux objectifs :

Dans le christianisme

Le courant protestant libéral

Le courant protestant essentieliste

Catholicisme

Des écrits de type concordiste ont quelquefois été publiés dans les milieux catholiques. Ainsi, l'abbé A. Arduin publiait en 1883 La religion en face de la science. Leçons sur l'accord entre les données de la révélation biblique et les théories scientifiques modernes qui cherchaient à assimiler les jours bibliques aux grandes périodes géologiques.

Cependant, à partir de 1893, le magistère pontifical s'empare de la question. Dans son encyclique Providentissimus Deus, le pape Léon XIII affirme lui aussi l'inerrance des écritures saintes, mais en rejetant les interprétations purement littérales de celles-ci. Il affirme en effet qu'il ne peut y avoir de contradiction entre la science véritable et les écrits bibliques s'ils sont correctement expliqués. Cette encyclique donna une véritable impulsion aux études bibliques, pour que l'exégèse moderne soit en harmonie avec les découvertes scientifiques de son époque.

En publiant en 1943 l'encyclique Divino Afflante Spiritu, le pape Pie XII réaffirme les positions de son prédécesseur, loue les découvertes récentes de la commission biblique pontificale et de l'école biblique et archéologique française de Jérusalem et considère que la méthode historico-critique peut être acceptable quand elle est nourrie par une grande foi en l'Esprit Saint.

En 1993, cinquante et cent ans après la parution des encycliques précédentes, un document de la commission biblique pontificale, L'interprétation de la Bible dans l'Église est présenté par le cardinal Joseph Ratzinger au pape Jean-Paul II. Les interprétations concordistes essentielistes, donnant le caractère de vérité scientifique à des détails de la Bible, y sont rejetées de façon explicite, et un large tour d'horizon des diverses méthodes d'études et de leurs apports est effectué. [1]

Dans l'islam

Le profil du concordisme musulman est moins défensif (rejeter les critiques scientifiques) que apologétique et prosélyte : il vise à démontrer que l'Islam serait l'unique religion conforme aux connaissances scientifiques modernes et que, mieux, Coran et Sunna contiendraient des «miracles scientifiques», c'est-à-dire des connaissances scientifiques inconnues à l'époque de sa rédaction et des prophéties sur le développement des technologies modernes.

Si les développements du concordisme musulman les plus intenses sont contemporains et s'inscrivent dans la lignée de l'ouvrage du médecin Maurice Bucaille La Bible, le Coran et la Science de 1976, d'où le surnom de «bucaillisme» donnée à cette exégèse musulmane, il existe bien une tradition concordiste dans l'Islam, se fondant sur le verset «Nous n'avons rien omis d'écrire dans le Livre» [2], interprété comme l'attestation que tout est contenu d'une manière ou d'une autre dans le Coran, surtout les principes scientifiques.

Bien que l'idée d'une indispensable concordance entre Coran et science figure déjà chez Al-Suyuti ou Al-Ghazali (surtout dans Les Joyaux du Coran où est affirmé que tout principe scientifique est contenu dans le Coran et que ce dernier permet la convergence entre les savoirs antiques et médiévaux), il faut attendre la fin du XIXe siècle pour qu'un concordisme apologétique visant à découvrir «miraculeusement» des idées scientifiques et des techniques précises prenne forme.

Ainsi on citera le réformiste Abd al-Rahman al-Kawakibi annonça la présence de la majorité des découvertes des occidentaux dans les versets coraniques, ou le médecin Al-Iskandarani publiant La révélation des secrets lumineux coraniques à propos des corps célestes et terrestres, des animaux, des plantes, et des substances métalliques dans les années 1880, ou dans une approche plus systématique le Cheikh Tantawi Jawhari qui rédigea une encyclopédie illustrée tentant de démontrer la présence dans le Coran de la plupart de découvertes scientifiques contemporaines. Dans l'aspect «prophétique», Dariusch Atighetchi prend comme exemple un groupe d'érudits musulmans invoquant le verset 55 :33 [3] du Coran en 1957 pour proclamer la présence dans le livre sacré d'une prophétie annonçant le lancement de Spoutnik[4]

Actuellement, les tenants de l'Islam cherchent à montrer que le Coran annonce des vérités scientifiques qui ne pouvaient pas être connues à l'époque de sa rédaction. Pour eux, cela prouverait l'origine divine des écrits coraniques. Ce mouvement a pour leaders Harun Yahya et Maurice Bucaille. L'ensemble des sites musulmans cherchent à reprendre leurs thèses.

Une variante nommée concordisme du «Dieu des lacunes» consiste à faire appel au divin pour expliquer les lacunes des théories scientifiques, c'est aussi l'idée que la science peut conduire à la religion.

Exemple : la création divine pour le Big Bang et la précision des constantes universelles ; des interprétations de textes allégoriques du Coran, par exemple, qui en font une Révélation divine de descriptions scientifiques, comme le Big Bang.

Critique du concordisme

Voir aussi

Références

  1. L'interprétation de la Bible dans l'Église
  2. Coran, 6 :38
  3. «ô peuple de djinns et d'hommes ! si vous pouvez sortir du domaine des cieux et de la terre, alors faites-le. Mais vous ne pourrez en sortir qu'avec un pouvoir [infini]», traduction de Muhammad Hamidullah
  4. Dariusch Atighetchi, Islamic biœthics, Problems and perspectives, Springer, 2007


Bibliographie

Dominique Lambert, Le `réenchantement'des sciences : obscurantisme, illusion ? Revue des Questions Scientifiques, n°166, 1995, p. 287-291.

Dominique Lambert, Sciences et Théologie, les figures d'un dialogue, PUN, 1999.

Nidhal Guessoum, Réconcilier l'islam et la science moderne - L'esprit d'Averroès, Presses de la Renaissance, 2009.

Liens externes

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