Ásatrú

Le mot Ásatrú veut dire littéralement «foi, croyance en les Æsir», en islandais moderne. C'est un des noms donnés depuis le XIXe siècle à la religion ethnique polythéiste basée sur la croyances issues des œuvres des auteurs chrétiens du Moyen-age...



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«Óðinn le vagabond», œuvre du peintre suédois Georg von Rosen, 1886.

Le mot Ásatrú veut dire littéralement «foi, croyance en les Æsir[1]», en islandais moderne. C'est un des noms donnés depuis le XIXe siècle à la religion ethnique polythéiste basée sur la croyances issues des œuvres des auteurs chrétiens du Moyen-age sur la mythologie nordique. Elle comporte deux familles de divinités : les Æsir et les Vanir. Les pratiquants de l'Ásatrú sont nommés Ásatrúar ou encore Ásatrúiste, qui forme un pur néologisme, faute de terme plus approprié. En français, les pratiquants de l'Ásatrú sont aussi nommés nordisants, un terme bien plus général qui fait référence aux divinités nordiques.


Étymologie du mot «Ase» et origines des croyances.

Article détaillé : Croyances Vikings.

Le mot «áss» (vieux norrois) remonterait probablement au gotique «ans» qui renverrait à l'idée de «poutre» : les dieux étaient sculptés sur des poutres de bois. [2] Le mot «Ase», a été introduit par les auteurs chrétiens évheméristes, essentiellement par Snorri Sturluson, pour affirmer que les dieux païens immortels n'étaient en fait que de simples magiciens mortels venus d'Asie [3], dans l'objectif d'éradiquer les croyances païennes[4] (Trojumanna saga, saga des Troyens) [5].

Bien plus anciens que les Ases, les Vanes sont les puissances de la fertilité-fécondité autochtones des pays nordiques[6]. Ils ont une origine matriarcale, car ces peuples avaient le culte de la Grande Déesse Mère[7] avant la christianisation[8]. Toutes leurs mythologie et croyances furent reconstruites par les auteurs chrétiens[9].

L'Ásatrú depuis le XIXe siècle

Les peuples nordiques ne donnaient pas de nom à leur culte avant l'arrivée du christianisme. Régis Boyer mentionne que suite à l'arrivée des missionnaires chrétiens en Scandinavie tels qu'Anschaire de Brême vers 829 et du roi Harald Ier de Danemark qui réussit à imposer le christianisme dans son pays vers 960, les textes médiévaux de Scandinavie mentionnèrent le terme forn siðr pour désigner la religion originelle de ces peuples.

La forn siðr a été presque éradiquée à partir du XIIe siècle suite au prétendu incendie du temple de Gamla Uppsala en 1087 ainsi qu'à l'établissement de l'archevéché de Suède en 1164 au même lieu. Cette religion est en phase de réveil depuis le XIXe siècle suite à l'utilisation du mot Ásatrú dans un opéra inachevé du compositeur norvégien Edvard Grieg en 1870 et dans un article du périodique islandais Fjallkonan en 1885.

L'allsherjargoði d'Islande Sveinbjörn Beinteinsson pendant un blót en 1991.
Voyez les trois dirigeants de la Sveriges Asatrosamfund (à savoir la Société de l'Ásatrú de Suède) durant une cérémonie printanière exécutée à l'ancien monument Ales Stenar près de Kåseberga à Österlen en Scanie, dans le Sud de la Suède dans le cadre du thing annuel de la Société le 26 avril 2008.

Actuellement, l'Ásatrú est une religion reconstruite. Elle est imprégnée de textes falsifiés à souhait par les auteurs chrétiens, qu'on attribue à tort aux Vikings, comme le Ragnarök ou la Völuspá. Certains Ásatrúar parviennent néanmoins à déceler une certaine authenticité, en s'appuyant sur l'archéologie et sur des témoignages d'auteurs païens. Ils doivent passer à l'étamine l'ensemble des palimpsestes chrétiens. Il est énormément plus intéressant d'essayer de reconstituer ces croyances que de prendre à la lettre les textes chrétiens dont nous disposons.

Ce n'est pas une religion issu du néopaganisme au sens courant, et la majorité des fidèles rejettent cette étiquette. La pratique est basée sur les enregistrements historiques disponibles, leurs interprétations et leur extension. Les rites fluctuent d'un groupe ou d'une communauté à l'autre, mais uniquement dans leurs détails.

Après avoir eu peu, ou alors pas, de pratiquants durant des siècles, l'Ásatrú réapparut au cours du XIXe siècle sous l'impulsion du romantisme. Des groupes organisés apparurent en Allemagne au début du XXe siècle.

La seconde renaissance de l'Ásatrú débuta à la fin des années soixante et au début des années soixante-dix. En 1973 le gouvernement islandais reconnaît l'Ásatrú comme une religion d'état officielle, essentiellement grâce aux efforts de Sveinbjörn Beinteinsson. Dans le même temps, Else Christiansen débuta l'édition du journal «The Odinist» au Canada. Aux États-Unis, Steve McNallen, un officier de l'armée de terre américaine, lança l'édition d'un journal intitulé «The Runestone» et créa The Ásatrú Free Assembly renommée ensuite Ásatrú Folk Assembly.

Actuellement, on peut trouver des pratiquants à travers le monde entier mais essentiellement en Scandinavie, en Europe de l'Ouest , en Amérique du Nord, en Australie et en Nouvelle-Zélande. Il n'existe par contre pas d'estimation fiable du nombre exact de fidèles.

Les groupes Ásatrúar sont généralement en faveur d'organisation démocratique, inspirée des Things parlementaires datant de l'époque des Vikings. Elles sont aussi en faveur de la liberté d'expression, restant ainsi fidèles aux sagas. Il n'existe aucune autorité centrale, aucun dogme et les groupes religieux sont généralement de petites tailles et fractionnés.

Aujourd'hui, les pratiquants se rencontrent fréquemment via Internet pour organiser des rencontres et des cérémonies (voir blót et Symbel).

Les croyances

La plus grande majorité des pratiquants ne voient pas la mythologie comme une vérité littérale, mais comme une vérité métaphorique. Il n'existe pas de théologie orthodoxe de la religion Ásatrúar, quoiqu'il existe des variantes. La nature est adorée, assez à sa représentation dans le panthéon nordique, mais également révérée dans la pratique. Cependant, l'Ásatrú n'est pas une religion repoussant les innovations techniques.

La comparaison entre l'Ásatrú et d'autres religions est assez délicate et consisterait plutôt à mettre en lumière leurs différences que leurs points communs. Dans la religion Ásatrúar, les Æsir ne sont pas les êtres infaillibles ni même immortels et on ne les adore avec soumission. Ils sont plus reconnus comme des amis dont la sagesse et la puissance peuvent venir en aide à point appelé. Qui plus est , les dieux du Nord ne sortent pas tout en armes de la tête de leur géniteur et ne restent pas immuables devant le passage du temps. Ils sont le produit de leur existence, comme on peut le voir en étudiant la vie de Loki, le géant du feu ou mieux, celle de Freyr, le dieu de la fertilitée. Les hommes, créés par Óðinn et ses frères, sont particulièrement proches des dieux, par leur comportement et les relations hommes/dieux sont en quelque sorte familiales.

Jadis, il n'était pas rare qu'un Scandinave punisse le dieu qui l'avait trahi en lui retirant (pour un temps) son adoration et ses offrandes. C'est d'ailleurs ce trait de caractère qui rendit l'implantation de la religion chrétienne si délicate dans ces contrées : au moindre revers, Jésus était mis au coin au profit des Æsir et des Vanir.

La religion Ásatrúar, depuis son origine, ne comporte aucune liste de comportements à proscrire, à la différence de la majorité des autres religions. La recherche d'un compromis entre la liberté et la responsabilité est par contre un thème central dans la littérature légendaire, mystique et historique de cette religion, littérature que les membres des associations Ásatrúar sont tenus d'étudier sérieusement. Certains comportements condamnés dans d'autres religions (comme la fierté) sont reconnus comme des qualités, à condition qu'ils soient correctement exprimés. Il n'est jamais question de rédemption, de sauvegarde, ni même de perfection dans l'Ásatrú, et la théorie de la vie après la mort est probablement le reflet de la justice expéditive des temps anciens.

De même, cette religion voit d'un assez mauvais œil le prosélytisme. Pour elle , le croyant doit venir de lui-même.

Bien qu'elle descende d'une culture guerrière, l'Ásatrú n'est pas une religion misogyne : Óðinn fit l'homme et la femme de deux branches différentes : Askr et Embla. La déesse de l'amour est aussi une déesse guerrière et dans l'Antiquité nordique, hommes et femmes pouvaient être nommés à se battre (voir par exemple l'article sur les Berserkir). C'est pourquoi hommes et femmes sont reconnus à de nombreux égards comme égaux, quoique différents et les femmes ont un rôle important à jouer dans les rites Ásatrúar.

Le culte des dieux nordiques et germaniques est sujet à des variations régionales, dues à l'interprétation subjective des pratiquants les plus influents (goðis). A titre d'exemple, en Islande, énormément considèrent l'Ásatrú comme une religion orientée politiquement à gauche, tandis qu'une petite partie des pratiquants allemands ou américains sont quelquefois clairement d'extrême droite. Ces derniers cherchant à justifier leurs idées par une religion qui, à l'origine, n'a rien à voir avec la pensée politique développée par ces individus. Entre autres choses, ces personnes ne réservent l'adhésion à leurs associations qu'aux seules personnes d'origine germanique ou nordique. Dans l'ensemble des cas, le pratiquant devra se rapprocher avec prudence des associations religieuses qu'il ne connait pas.

En France, l'Ásatrú ne tient pas compte de l'origine des individus : chacun peut se réclamer de l'Ásatrú, quelle que soit son origine ethnique, tant qu'il a la foi. D'autres estiment que l'Ásatrú est la religion naturelle des Scandinaves, des Germains et des Anglo-Saxons : il n'y aurait par conséquent aucune raison que d'autres peuples puissent se réclamer de l'Ásatrú.

Le blót

Quoique le mot blót renvoie à l'idée de sacrifice, il faut le prendre au sens de «vénération» [10]. Il forme un rite jadis pratiqué dans l'objectif de renforcer le pouvoir d'une divinité par l'entremise d'un liquide sacrificiel : bière, hydromel, vin et sang surtout[11]. Ce rituel peut être particulièrement formel, mais l'idée sous-jacente ressemble davantage à une invitation d'un membre de la famille à sa table que d'une messe. Nourriture et boissons sont fréquemment offertes à cette occasion. La majorité seront consommées par les participants et la partie conçue pour la divinité sera versée dans un puits sacrificiel appelé blótkelda ou dans une source sacrificielle appelée blótgröf. La boisson respectant les traditions à cette occasion est l'hydromel ou la bière.

Gamla Uppsala : selon Adam de Brême, le vieil Upsal était le centre du paganisme des Suédois ainsi qu'à cet lieu se serait trouvé un temple païen où les rois sacrifiaient aux divinités nordiques.

Le symbel ou sumbl

Le symbel (en vieil anglais) ou sumbl (en vieux norrois) est un rite d'inspiration respectant les traditions jadis appelé drekka mini («boire à la mémoire de») dans lequel une boisson est passée d'une personne à l'autre d'une assemblée réunie en cercle.

Les libations rituelles faisaient partie de l'ensemble des festivités du monde scandinave[12] Selon un rituel précis, on consomme cette bière particulièrement brassée. Dans la saga d'Egill, fils de Grímr le Chauve, on spécifie que la boisson la plus prisée reste le mungát, une bière forte à laquelle on a ajouté du miel. Cette même saga mentionne qu'on doit faire circuler dans la salle une corne à boire en prenant chacun une gorgée. Cette opération s'appelle sveitardrykkja, c'est-à-dire une «libation à tour de rôle». On s'assoit fréquemment deux par deux selon un tirage au sort, puisqu'on faisait confiance par-dessus tout aux arrêts du destin. Il est convenu qu'on s'assoit en couple, fréquemment homme et femme. Chacun doit vider la moitié de sa corne et si quelqu'un manque à boire sa ration, il peut en résulter de chaudes disputes. Si quelqu'un veut davantage prouver sa valeur, il peut s'il le désire boire la corne au grand complet.

La saga de Snorri le Godi[13], on mentionne que la bière est la boisson obligée de l'ensemble des festivités et que son pouvoir et sa valeur sacrée ne font pas de doute. Qui plus est , on mentionne qu'on doit porter un toast avant de boire et que lors de ces soirées, il n'était pas question de ne pas s'enivrer. D'autre part, cette même saga mentionne qu'à chaque fête, il convient de boire une nouvelle bière brassée selon une opération magique avec des rites précis. Le moment parfait pour brasser la bière reste Jól, selon les anciens textes.

La saga de Glúmr le Meurtrier[14], détaille les différentes façons de boire la bière. Dans un premier temps, il faut se servir d'une corne le plus souvent ornée. On passait cette dite corne de l'un à l'autre ou bien en zigzagant entre les bancs se faisant face. Le maître de la maison prononce des paroles sacrées sur la corne avant de la faire circuler. Selon cette saga, il existe trois façons de boire : sveitardrykkja (boire une seule gorgée à tour de rôle), tvímenningr (boire en couple chacun une moitié de corne) et einmenningr (boire seul la corne en entier).

Le seydr

Le seydr (ou sejðr selon la graphie savante) est un rite chamanique, réservé aux initiés servant à prédire l'avenir ou de modifier le hamr, c'est-à-dire la nature de la forme physique, suite à une transe.

Symboles religieux

Le valknut se retrouve en particulier sur les pierres commémoratives dites «bautasteinar» en vieux norrois.

Les variantes de l'Ásatrú

Le terme «Ásatrú» est davantage utilisé aux États-Unis, au Canada et en Scandinavie alors que le terme «odinisme» est davantage répandu au Royaume-Uni, en Australie, en France, en Espagne, en Italie[15]

D'autres termes sont utilisés par certains pratiquants pour désigner la religion primitive des Scandinaves telles que la Vanatrú, l'Óðalisme, le Wotanisme, l'Armanisme de Guido von List et l'Irminisme sans que tous ces mouvements soient directement apparentés.

Notes et références

  1. Snorri Sturluson, L'Edda, récits de mythologie nordique, éditions Gallimard, traduit par François-Xavier Dillmann, p. 51, (ISBN 2-07-072114-0) .
  2. Les Vikings, histoire, mythes et dictionnaire. Régis Boyer Robert Laffont p. 433, (ISBN 978-2-221-10631-0)
  3. Régis Boyer, Le Christ des Barbares, éditions Cerf (ISBN 2-204-02766-9) p. 33-34
  4. Régis Boyer, Yggdrasill, la religion des anciens Scandinaves, édition Payot, P 8 (ISBN 978-2-228-90165-9)
  5. Régis Boyer, L'Islande médiévale, Guide des belles lettres, (ISBN 2-251-41014-7) pages 179, 202, 211
  6. «Les Vikings» histoire, mythes et dictionnaire. Régis Boyer Robert Laffont p431, ISBN 978-2-221-10631-0
  7. Régis Boyer, Le Christ des Barbares, éditions Cerf ISBN 2-204-02766-9 p. 23;35
  8. Régis Boyer La Grande Déesse du Nord, Paris, Berg, 1995 et Les Vikings : histoire, mythes, dictionnaire, éditions Robert Laffont, collection bouquins ISBN 978-2-221-10631-0 p. &nbs;424, 431
  9. Régis Boyer, Yggdrasill, la religion des anciens Scandinaves, édition Payot, P 8 ISBN 978-2-228-90165-9
  10. François Xavier Dillmann «Histoire des rois de Norvège par Snorri Sturluson» Ed. Gallimard, Page 371, ISBN 2-07-073211-8
  11. Régis Boyer Les Vikings, histoire et civilisation Éditions Plon, p. 338-341 (ISBN 2-266-06288-3)
  12. Régis Boyer, Les Vikings, histoire et civilisation, Plon, p. 340 (ISBN 2-266-06288-3)
  13. Régis Boyer, Sagas islandaises, Gallimard, Coll. «La Pléiade» n° 338, 1987, (ré-éd. 1994), 1993 p. 205 (ISBN 2-07-011117-2)
  14. Régis Boyer, Sagas islandaises, Gallimard, Coll. «La Pléiade» n° 338, 1987, (ré-éd. 1994), 1993 p. 205 (ISBN 2-07-011117-2)
  15. Consultez le site Web de l'Irminsul Ættir au http ://www. irminsul. org/).

Voir aussi

Bibliographie explicative de langue française

Bibliographie de langue étrangère

Recherche sur Amazone (livres) :




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